Philippe Menoud
était élu en 1991, à lâge de trente-trois
ans, au Conseil communal de la ville de Bulle. Il a dabord été
en charge des écoles et de la formation, avant de devenir le
responsable des finances dès 1994. A la fin de cette année,
il aura géré le ménage communal du chef-lieu durant
douze ans.
Quel est
le projet réalisé durant votre mandat dont vous êtes
le plus fier?
Sans aucun doute Espace Gruyère. Cétait un projet
très ambitieux à lépoque, avec des investissements
de 25 millions de francs. Jai eu la chance de tout suivre: de
la définition du nom jusquau développement daujourdhui,
qui est bien en main. Ça mintéresse, car le centre
de conférences et dexpositions nest pas un véritable
service public.
Le service
public, vous avez donné
Non, ce nest pas ça. Ce projet est intéressant parce
quon a affaire à un marché, à des clients
et, enfin, à la proximité de la logique du ser-vice public
et de la logique du marché. Cette zone grise ma toujours
captivé. Dun côté, la commune met 300000 francs
par an pour un mandat de prestation. De lautre, on a la concurrence
des centres dexpositions. Quand il ny a que le service public,
ce ne sont pas les mêmes règles. Dans cette zone grise
intermédiaire, vous devez être attentifs tous les jours
aux clients qui peuvent vous quitter du fait quils comparent les
prestations ou sont mécontents.
Votre
plus beau souvenir?
Le vote à lunanimité par le Conseil général
de la hausse dimpôt de 80 à 85 centimes pour les
années 2002 et suivantes. Cétait à la fin
2001. Ça ma tellement surpris davoir une décision
unanime pour augmenter le taux dimpôt
Jai trouvé
ça même un peu anormal! Nous sommes aujourdhui toujours
à 85 centimes, en espérant une baisse.
Vous y
croyez?
Jy crois pour plusieurs raisons. Je reste convaincu quil
faut partout enlever du gras. Et pour cela il faut une certaine «misère
fiscale». Avec des ressources toujours légèrement
inférieures aux besoins, il y a ainsi une remise en question,
une efficacité et une meilleure performance. Sinon, la réaction
logique de toutes les collectivités publiques est de dépenser.
En cas de disette fiscale, on sadapte. Ma philosophie est claire:
quand on a des moyens supplémentaires, il faut les affecter dans
un premier temps à la réduction de la dette. A lheure
où les revenus des gens sont en train de diminuer et vont continuer
de diminuer, rien de plus normal que de leur restituer une partie de
leurs moyens pour poursuivre une politique de consommation et dinvestissements.
On ne peut pas continuer à ponctionner les gens comme ça.
La baisse
de la fiscalité est importante pour vous
Certains diront que cest ma façon de mettre la pression
sur léquipe qui sortira des urnes le 23 octobre. Ça
doit se faire au niveau cantonal pour réadapter le taux
de limpôt à des normes moyennes par rapport aux cantons
suisses et au niveau de la commune. Car il faut être toujours
plus attractif. Nos finances cantonales et communales sont actuellement
bonnes, mais à quel prix! Cest le moment de récompenser
le contribuable. La fiscalité fribourgeoise est trop lourde,
de lordre de 15 à 20% supérieure à ce quelle
devrait être si on veut concevoir lavenir avec une certaine
confiance.
Comme
les finances de Bulle sont dans le noir, partez-vous avec le sentiment
du devoir accompli?
La situation financière de Bulle est actuellement bonne. Elle
est due à de nombreux facteurs et pas à moi, qui ai joué
le rôle du chef dorchestre. Ce sont les musiciens quil
faut remercier, pas moi. Avec laugmentation du taux dimpôt,
le contribuable a contribué à leffort, sans oublier
la réduction de lendettement. Il y a aussi la tenue de
la masse salariale, avec le maintien du nombre des employés communaux
à quelque cent personnes. Seule la police locale a fait quelques
engagements. Il y a donc eu maintien du personnel pendant dix ans, alors
que la population a augmenté de 20%. On peut constater quil
y a eu un effort de productivité de la part des collaborateurs.
Mes collègues au Conseil communal ont aussi fait des efforts
pour tenir les budgets.
La poursuite
de cette bonne santé est-elle possible à lavenir?
Les projections de lEtat de Fribourg pour 2006 le confirment:
le canton annonce une baisse dimpôt de dix millions, tout
en estimant une hausse des recettes fiscales de 3%. Le développement
de lassiette fiscale nous est favorable, avec la hausse de la
population.
Le développement
considérable de Bulle aura justement des conséquences
sur les finances communales (écoles, routes). Est-ce que cela
vous préoccupe?
Il nest pas très loin le temps où il faudra sans
doute concevoir un nouveau bâtiment scolaire. Mais il ne faut
jamais oublier que les investissements sont générateurs
demplois ou de maintien des emplois. Et ne pas perdre de vue que
lorsque vous amortissez des bâtiments scolaires sur trente-trois
ans, ce nest que 3% par année de linvestissement
à prendre en charge. Je ne dis pas que ce nest pas coûteux,
mais il faut relativiser par rapport à des frais de fonctionnement
quil faut assumer chaque année.
Pas
au Conseil dEtat
A la fin août,
Philippe Menoud a répondu à la direction du PDC gruérien:
il ne sera pas candidat au Gouvernement cantonal.
Vous avez
été député de 1986 à 2001 et conseiller
communal de Bulle pendant trois législatures. La chose publique
vous a toujours intéressé. Serez-vous candidat au Conseil
dEtat?
Les représentants de mon parti mont posé la question,
tout comme à mon frère du reste
Cest
donc votre concurrent?
Peut-on parler de concurrence entre frères? Je serais malhonnête
si je disais que la fonction ne mintéresse pas. Je ne serais
pas tout à fait en phase avec moi-même. Par contre, les
conditions pour envisager la candidature à la candidature ne
sont pas remplies.
Ça
veut dire quil y a encore trop dincertitudes?
Non, je ne vous en dirai pas plus
Mais vous
ne prenez tout de même pas votre retraite politique
Ce nest pas exclu quun jour je revienne en politique. Mais
il ny a pas didée fixe dans ce que je vous dis. Oui,
jaime ce milieu, qui est assez dur, où il y a quand même
un certain nombre de règles de fonctionnement qui mattirent.