Victoire des petites
stations, jeudi, à lissue de la Loi sur le tourisme qui
aura nécessité trois lectures. Lartisan de ce résultat,
Jean-Claude Schuwey (pdc, La Villette), syndic de Bellegarde, a obtenu
du Grand Conseil quil confirme par 55-44 son vote de 1re lecture
(47-33). Aussi les aides extraordinaires ne se limiteront-elles pas
aux seuls équipements des pôles touristiques cantonaux.
Si Charmey en fait partie, ce nest pas le cas de la petite station
de Jaun, ni de Rathvel ou encore de La Berra.
Contre lamendement Schuwey, Michel Pittet a plaidé la concentration
des moyens au profit des «pièces maîtresses».
Dans le sillage du ministre de tutelle du tourisme, on a même
pu observer deux députés de la capitale, Denis Boivin
(prd) et Hubert Zurkinden (verts), parler pour une fois à lunisson.
Cest la porte ouverte à toutes les exceptions, selon lécologiste:
«Il serait plus simple de dire: Soutenons tous ceux qui
ont besoin dargent.»
Laxe Jaun-Schwarzsee
Epaulé par Hans-Rudolf Beyeler (pcs, Planfayon), défenseur
du Lac-Noir, Jean-Claude Schuwey a dautre part arraché
le statu quo sur lencaissement de la taxe de séjour. La
centralisation avait pourtant la faveur du Conseil dEtat, de la
commission et, le mois passé, de la majorité du plénum
lors de la première lecture (47-42). Jeudi, le duo germanophone
a renversé la vapeur dans une proportion de deux contre un. Les
sociétés locales pourront de ce fait continuer à
percevoir elles-mêmes la taxe. Elles ne sont que sept à
le faire, contre 19 qui en ont confié le mandat à lUnion
fribourgeoise du tourisme.
Pour le reste, les élus ont largement confirmé deux changements
apportés en septembre à linitiative de la commission
présidée par Jean-Pierre Thürler (prd, Charmey).
A 82 contre 11 a été entérinée la création
dune taxe de tourisme annuelle auprès des personnes morales
et physiques dont les activités bénéficient des
retombées de ce secteur économique, même de manière
indirecte.
Battu sur toute
la ligne
Denis Boivin sest retrouvé isolé, comme un mois
auparavant, pour dénoncer «ce nouvel impôt qui grèvera
notamment les indépendants et posera, comme en Valais, des difficultés
pour définir le cercle des assujettis». Confirmation aussi
(97-3) du montant annuel que lEtat versera dans le Fonds déquipement
touristique: 500000 francs. Cest 100000 fr. de plus que proposé
par le Gouvernement. Son représentant, Michel Pittet, sest
vainement opposé sur tous ces points
Soutenir
les zones éloignées
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Député
et syndic de Bellegarde, Jean-Claude Schuwey a le triomphe modeste.
Il se dit ravi que sa proposition de modifier la Loi sur le
tourisme ait passé la rampe, notamment le Fonds déquipement
touristique qui pourra financer aussi les petites stations non
reconnues comme pôle par lEtat: «Aujourdhui,
il nest pas facile de développer des emplois dans
des régions périphériques. Si on peut soutenir
des vallées où il y a du tourisme, alors tant
mieux.»
Lélu gruérien se défend de se battre
uniquement pour la station de Jaun. Il imagine que cette aide
pourrait venir concrétiser des projets: par exemple un
hôtel dans lIntyamon ou le Vully. Mais il ne se
fait pas dillusions, la nouvelle loi nest pas une
baguette magique qui va changer tous les projets en or. Il faudra
encore se battre bec et ongles pour continuer à développer
le tourisme dans les vallées.
Quant à laide extraordinaire qui ira aux stations
hors des pôles cantonaux, elle sera octroyée sous
certaines conditions. La région, tout comme la commune
siège, doit soutenir financièrement les équipements
à renouveler et à remplacer. De plus, en Gruyère,
le Conseil régional des remontées mécaniques
a son mot à dire, souligne Jean-Pierre Thürler,
président de la Commission parlementaire. Le Conseil
des sages analyse la faisabilité de chaque projet, avant
de donner son aval. Au final, ce sera au Grand Conseil de se
prononcer sur chaque investissement, via un décret du
Conseil dEtat.
«Le
droit de vivre»
Président de Monte-Pente de Corbetta SA, aux Paccots,
qui fait partie dun pôle régional reconnu
par le canton, Alexandre Pilloud applaudit la nouvelle législation:
«Les petites stations ont aussi le droit de vivre.»
Directeur de La Gruyère Tourisme, Pierre-Alain Morard
est satisfait de voir que le Fonds cantonal de marketing va
pouvoir financer les projets régionaux. Il regrette par
contre le statu quo sur lencaissement des taxes de séjour,
car lUnion fribourgeoise du tourisme (UFT) a mis sur pied
un système qui «fonctionne à satisfaction»
de 19 sociétés locales.
Jean-Pierre Thürler, syndic de Charmey, prend acte de la
décision du Grand Conseil. «Il faut laisser un
peu dautonomie aux offices du tourisme», estime-t-il,
tout en se disant que le temps fera son uvre. Les années
passant, les acteurs du tourisme local confieront ce travail
à lUFT.
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La
nouvelle loi
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Il aura
fallu cinq ans au canton pour réviser de fond en comble
sa Loi de 1990 sur le tourisme. Cest fait depuis le vote
final de jeudi (84-1). Objectifs poursuivis par la réforme:
dynamiser le secteur, lui donner les moyens dêtre
plus efficace, linciter à rationaliser ses structures
et son action de promotion, dinformation et dadministration.
Le tout en vue de gagner en professionnalisme.
La principale innovation de la nouvelle loi, qui entrera en
vigueur en principe le 1er janvier prochain, est dordre
financier. Un Fonds cantonal de marketing va ainsi remplacer
les actuelles aides de lEtat versées chaque année
directement aux asso-ciations touristiques régionales.
Ce fonds servira à financer, à raison de 50%,
les projets régionaux jugés conformes à
la stratégie promotionnelle cantonale, et non plus le
fonctionnement des associations.
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