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Vonlanthen, au Gouvernement depuis le 1er juillet, nest pas homme
à tirer la couverture à lui. Pour marquer ses cent jours
au Conseil dEtat, «extraordinairement intéressants
et fascinants», le nouvel élu sest entouré
hier de ses principaux cadres. Et il a pris soin de les présenter
un à un. Claude Morzier, ingénieur cantonal, Charles-Henri
Lang, architecte cantonal, André Piller, du Service des autoroutes,
Marius Achermann, de la protection de la nature, et leurs collègues
ont ensuite pris la parole à tour de rôle pour égrener
les principaux dossiers de la Direction de laménagement,
de lenvironnement et des constructions (DAEC).
Cest que Beat Vonlanthen ne jure que par le dialogue et le travail
en équipe (lire interview). Le style a donc changé par
rapport à son prédécesseur: «Oui. M. Lässer
est une personne plus discrète, un homme de cabinet, tandis que
M. Vonlanthen est presque hyperactif», compare le secrétaire
général Bernard Pochon. Enthousiaste, dynamique, ambitieux:
le nouveau chef na pas tardé à communiquer ses convictions,
«son élan et son plaisir» à ses quelque 450
collaborateurs, quil a pour ainsi dire tous rencontrés
personnellement.
Objectif
Poya!
Le démocrate-chrétien de 47 ans avait convié la
presse à lauberge de Grandfey, voisine de la ligne CFF.
Il faut y voir un message subliminal, car lhomme a dû sauter
dans un train gouvernemental déjà en marche! «Jai
été très bien reçu. Le climat est bon au
Conseil dEtat où des discussions animées ont lieu
et des solutions praticables sont recherchées. Il ny a
pas de combats de tranchées sur fond idéologique.»
Choisir Grandfey, cest aussi et surtout un clin dil
symbolique à son principal défi: concrétiser le
pont de la Poya attendu depuis des décennies pour désengorger
le centre-ville de Fribourg (quartier du Bourg). «Je vouerai toutes
mes forces à la réalisation la plus rapide possible de
ce projet important.» Le magistrat singinois a la ferme intention
de soumettre cet objet au vote des Fribourgeois en juin 2006, soit avant
la fin de la législature.
Il exercera pour cela «une pression spéciale». Quant
au financement de 100 millions de francs environ, il sagira de
sopposer au déclassement, envisagé par Berne, de
cette route principale suisse. Sinon, adieu les millions promis par
lOffice fédéral des routes! Il faudra aussi tenter
de décrocher une contribution fédérale au titre
de projet dagglomération.
Autres dossiers empoignés, toujours avec les chefs de service
concernés: la réalisation «sans retard» de
la route de contournement de Bulle (voir La Gruyère du 30 septembre),
la recherche dune place de stationnement destinée aux gens
du voyage et la question des chalets de la rive sud du lac de Neuchâtel.
Parmi les projets, on mentionnera la révision totale de la Loi
sur laménagement du territoire et les constructions, la
rédaction dune nouvelle Loi sur la protection des eaux
ainsi que lévitement de Guin.
Au
four et au moulin
A lévidence, le team Vonlanthen a du pain sur la planche:
il devra défendre tant les infrastructures cantonales quune
politique de développement responsable, améliorer la politique
immobilière du canton (acquérir plutôt que louer),
freiner la disparition des terrains agricoles, revoir les normes «trop
contraignantes» des constructions hors des zones à bâtir
qui risquent de faire du canton un «grand Ballenberg». Sans
oublier que lentretien des routes pose problème: «Environ
sept millions par an ne suffisent pas à garantir un entretien
durable du réseau.»
Mais attention, le nouveau chef des travaux publics nentend pas
laisser une trace dans lhistoire fribourgeoise comme étant
un «ministre des annonces». Conscient de la difficulté
de la tâche, il pré-fère fixer des «objectifs
ambitieux» et sy attaquer «avec une volonté
farouche». Ultime exemple du style Vonlanthen: «Je veux
que ma Direction se signale par sa proximité avec le citoyen
et la grande qualité de son travail.»
Voilà tout le monde prévenu au sein dune Direction
qui pèse 5% des fonctionnaires du canton, près de 7% des
dépenses de lEtat et 43% des investissements fribourgeois.
La DAEC, ce sont aussi plus de 25 corps de métier, répartis
en 40% dadministratif et technique contre 60% de personnel ouvrier.
Un
nouvel urbaniste
Hier également, Beat Vonlanthen a présenté publiquement
le nouvel urbaniste cantonal Hans Flückiger, qui remplace en qualité
de chef du Service de laménagement et des constructions
le démissionnaire Christian Wiesmann parti travailler pour le
compte de la ville de Berne. Il sagit dune personnalité
déjà connue dans le canton, puisque Hans Flückiger
a dirigé larteplage de Morat durant expo.02. Agé
de 54 ans, marié et père de deux enfants, cet architecte
de formation, domicilié à Brügg (BE) près
de Bienne, entrera en fonction le 1er novembre. Il a été
choisi parmi 15 candidats.
«Non,
je ne regrette rien du tout»
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La Berne
fédérale vous manque-t-elle? Ne regrettez-vous
pas votre poste de haut fonctionnaire, les poignées de
mains avec le président chinois ou le prince Charles?
Beat Vonlanthen. Jaime beaucoup mon nouveau travail, je
le trouve passionnant, même si les contacts avec nos partenaires
extérieurs exigent beaucoup de temps. Vu que jai
commencé ce marathon comme un sprinter, je nai
presque plus de temps libre. Mais je ne regrette rien du tout,
du moins pour linstant. Cest un bonheur de discuter
avec un cantonnier ou avec quelquun qui veut construire
un studio hors dune zone à bâtir pour accueillir
un parent handicapé. Cest plus terre à terre,
mais cest aussi important et satisfaisant.
Doù vient votre goût pour le travail en équipe?
Cest une caractéristique personnelle. Je pars de
lidée quon peut faire du travail de qualité
uniquement en sappuyant sur les compétences de
ses collaborateurs. Je ne peux pas tout faire seul et je dois
avoir le soutien des collaborateurs. Cest aussi une question
de motivation pour eux. Jai par exemple remarqué
que les chefs de service, qui faisaient très bien leur
travail, nétaient pas du tout impliqués
dans la préparation des séances du Conseil dEtat.
Jai changé cela: ils doivent me faire des remarques,
même pour les dossiers des autres Directions qui les concernent.
Avez-vous senti des réticences au changement?
Je les ai perturbés un peu et jai donc constaté
un choc de culture. Mais cela a été bien reçu
et il en ressort du positif. Jai une relation amicale
avec mes chefs de service, on se tutoie. Je suis comme ça,
je ne peux simplement pas faire autrement. Si ce sont eux les
spécialistes, cest tout de même moi qui donne
la direction à suivre. Je pense aussi quils ont
un rôle important à jouer au niveau de linformation
envers le grand public, raison pour laquelle jai tenu
à ce quils maccompagnent en cette circonstance.
Et comment les choses se passent-elles avec Marius Achermann,
qui visait aussi votre poste?
Tout se passe pour le mieux. Cest une personnalité
très compétente et pragmatique qui collabore dune
manière impeccable avec moi. On a de très bons
contacts, ce qui ne me surprend pas, car jai appris à
le connaître durant la campagne électorale.
A voir lénergie que vous déployez et vos
objectifs ambitieux, on vous imagine mal quitter les travaux
publics déjà dans deux ans
La Direction
de léconomie, qui sera libérée en
2006 par Michel Pittet, vous intéresse-t-elle encore?
La Direction de laménagement, de lenvironnement
et des constructions est extrêmement intéressante
et importante pour le développement économique
du canton. Je pourrais fort bien mimaginer continuer après
les élections cantonales de 2006 et je trouverais même
dommage darrêter si vite après les efforts
consentis pour me familiariser avec ces sujets. Mais il ne faut
jamais dire jamais
Il faudra voir si je suis réélu
et tenir compte de la composition du prochain Gouvernement.
Pour linstant, je suis à laise comme un poisson
dans leau.
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