COMMENTAIRE

Conseil fédéral
Au pied du mur

Vite fait, bien fait, et surtout logique! Ayant siégé un quart d’heure seulement dimanche, le Conseil fédéral conserve son visage actuel avec ceux qui rempilent. Le Département fédéral de justice et police est confié à Christoph Blocher et celui des finances à Hans-Rudolf Merz. Voici donc les maçons les plus déterminés en matière de finances et de politique des étrangers au pied du mur.
Christoph Blocher, l’homme qui a fait prospérer son parti en mettant les étrangers dans son collimateur devra donc s’atteler à concrétiser sa médication, y compris face aux enjeux internationaux. Les finances ont été confiées à Hans-Rudolf Merz, logiquement puisqu’il agit depuis belle lurette en Père la Rigueur.
Le défi n’est pas mince pour le nouveau grand argentier. Comme son prédécesseur, il se heurtera à la résistance des six autres départements, chacun démontrant que son budget est lié aux plus pertinentes obligations. Il disposera de surcroît de moins de marge de manœuvre côté recettes. Car radicaux et UDC ont fait des allégements fiscaux leur cheval de bataille.
Pour Christoph Blocher, la tâche sera encore plus insurmontable. On a vu à l’étranger que même les méthodes les plus drastiques ne préservent pas des abus de populations étrangères. On ne donne guère de chance au nouveau patron de justice et police de faire oublier les problèmes qu’il a passé tant de temps à dénoncer. La gauche craint déjà qu’il jette l’éponge prématurément afin de rejouer le rôle d’opposant, plus payant électoralement parlant. Christoph Blocher conserve en outre un fil à la patte avec son entreprise dont il reste actionnaire majoritaire. Or, on a vu avec Elisabeth Kopp les risques que de tels liens peuvent entraîner.
Par leurs discours résolus, Christoph Blocher et Hans-Rudolf Merz ont suscité d’énormes attentes. Ils ne sont cependant «que» membres d’un Exécutif sous la surveillance extrêmement filtrante du Parlement et du peuple. S’ils aident à tirer le char de l’Etat fédéral dans la bonne direction, c’est déjà beaucoup. Pour le reste, l’heure est aux bémols.

Raymond Gremaud
16 décembre 2003

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