Cinq millions de
francs: cest le montant maximal quaura à payer le
repreneur de la Scierie George SA, établie depuis novembre 2003
à Granges-Veveyse et en sursis concordataire depuis le 11 août
dernier. Cinq millions pour le bâtiment, les machines et une parcelle
de 24500 mètres carrés à Granges en bloc
ainsi que trois parcelles et une remise à Servion, avec
une installation de chauffage. Selon le commissaire au sursis Michel
Favre, de la Fiduciaire Favre SA à Lausanne, le potentiel de
production de cet équipement avoisinerait les 20 millions de
chiffre daffaires, en cas de très bonne conjoncture.
Lancé à la mi-novembre, via la Feuille officielle du canton
de Fribourg notamment, cet appel doffres na pas laissé
indifférent. «Deux entreprises se sont déclarées,
dont lune étrangère, affirme le commissaire au sursis.
Des pourparlers avancés avec un troisième repreneur nont
pu se concrétiser, faute dun partenaire quil recherche
encore. Les créanciers, qui se réuniront à la mi-janvier,
se prononceront sur cette vente de gré à gré. On
sachemine vers un concordat permettant de couvrir tout ou partie
des créances et dachever la construction.»
Le coup est rude pour Michel George et son fils Frédéric,
patrons de lentreprise veveysanne. Tous deux ont investi 17 millions
dont plus de 70% de fonds propres pour délocaliser
leur scierie de Servion à Granges, après un incendie survenu
en avril 2001 et des complications administratives (La Gruyère
du 30 mars 2002). Démé-nagement, terrains, terrassement,
démontage et remontage du parc à grumes ont coûté
4 millions, non couvert par les 13 millions dindemnités
versés par lassurance incendie. Les deux entrepreneurs
empruntent 3 millions auprès de la Banque Cantonale de Fribourg
en décembre 2001. «Une rallonge demandée en décembre
2002, dabord acceptée en avril, a été refusée
en juin sur lavis dun expert, affirme Michel George. On
nous reproche dêtre incompétents, alors que la scierie
na cessé de grandir pendant ces quarante dernières
années.»
Scierie au ralenti
Résultat: lentreprise, qui a perdu une partie de sa clientèle
après lincendie, se retrouve sans perspective de crédit.
Et surtout dans lincapacité de financer le solde de la
construction et des fournisseurs. «La scierie fonctionne à
50%, poursuit Michel George, âgé de 70 ans. Les secteurs
lamellé-collé et rabotage attendent, faute de fonds. Du
coup la scierie, qui pourrait absorber 40000 m3 de bois par an, nen
débite que 7000. Et le chiffre daffaire atteint 40% des
3,5 millions que nous réalisions à Servion. Mais retrouver
une clientèle ne se fait pas en un jour.» Si la scierie
na pas eu à recourir au chômage technique ce mois-ci,
une demande a été déposée pour janvier.
Les douze employés sont concernés.
Rumeurs nuisibles
Dépités, Michel et Frédéric George nont
pas perdu tout espoir de conserver leur entreprise, fondée voilà
deux siècles. «Il manque 10% de linvestissement pour
sauver lensemble, explique Michel George. Mais les rumeurs qui
circulent ne facilitent pas la recherche de clients, même si notre
équipe est reconnue pour son savoir-faire. Pour les communes
vaudoises et fribourgeoises, la scierie reste un acheteur appréciable.»
Une
I Editorial I Gruyère
I Fribourg I Sports
Droits
de reproduction et de diffusion réservés © La Gruyère
2003 Usage strictement personnel