COMMENTAIRE

Caisse de pension

Le coup du fusil à pompe

Attendu, le rapport d’enquête sur la débâcle de la Caisse de pension de la ville de Fribourg (CPVF) a enfin livré ses secrets. Ceux qui espéraient des mises en accusation personnalisées seront déçus. C’est davantage à une aspersion générale de reproches que se livre la commission. Tous un peu coupables de la chute du taux de couverture de la caisse à 31,4%, l’un des plus bas de Suisse. Les «détectives» de la commission écartent d’un revers de manche toute infraction pénale et n’ont repéré aucun signe de mauvaise gestion. Ils pointent par contre une succession de dysfonctionnements aux «responsabilités partagées», un «manque flagrant d’information» de l’Exécutif communal de la part de ses représentants au comité et le port de «doubles casquettes» qui a débouché sur d’inévitables «conflits d’intérêt».
L’expert, l’administrateur, le comité – composé de deux ou trois conseillers communaux selon les périodes – et l’organe de contrôle assument tous une part de ce gâchis. Sans parler du Service de la surveillance des fondations – subordonné à la Direction de la santé publique et des affaires sociales jusqu’il y a peu – dont
l’incompétence crasse et le laxisme sont sévèrement montrés du doigt.
Au final, le dossier aurait pu se refermer comme il avait lamentablement commencé: dans l’indifférence et la confusion généralisée quant aux responsabilités personnelles. Mais c’était compter sans l’inévitable politisation du dossier en pleine période électorale. Compter aussi sans la défense singulière de l’ancien syndic Dominique de Buman et du conseiller communal Claude Masset, qui ont réclamé l’arrêt de la procédure, et mis en doute son impartialité.
L’affaire de la CPVF prend désormais un tour politique. Claude Masset a déjà tenté, hier, de défendre les «principes» qui appuient sa démarche. Mais aussi légitimes qu’ils puissent être, ces «principes» prendront rapidement aux yeux de l’opinion la forme d’arguties juridiques. Et une telle argumentation possède en politique l’efficacité d’un fusil à pompe devant un mur blindé. Demain, il appartient à l’ancien syndic et conseiller national de Buman de sortir du bois. On ignore encore l’arme de sa riposte.

Patrice Borcard
9 février 2005

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