BASKETBALL La Bulloise Audrey Gattoni à Elfic Fribourg

Faire peu à peu son nid

Cet après-midi à Genève, Elfic Fribourg affronte Pully en finale de la Coupe de la Ligue. Une grande première pour le jeune club de basket féminin et l’un de ses plus sûrs espoirs, Audrey Gattoni. A 17 ans, la Bulloise tente de faire son trou en LNA, avec comme atouts sa vitesse et ses qualités de battante.


Audrey Gattoni: «J’ai conscience que cette saison est celle de l’apprentissage»

 

Audrey Gattoni aime avoir la maîtrise des choses. Alors, quand la basketteuse de 17 ans décidait, l’été dernier, de quitter Bulle et la 1re ligue pour Elfic Fribourg, le changement était forcément brutal. «Jusque-là, dans toutes les équipes où j’avais joué, j’avais toujours fait partie des meilleures. J’avais l’habitude d’assumer un rôle de leader. En rejoignant la ligue A, tout recommençait. J’étais la petite jeune de Bulle, qui non seulement laissait ses copines derrière elle et effectuait le grand saut de l’élite, mais en plus rejoignait un club ambitieux et bien structuré. Mais comme je voulais poursuivre ma progression, Elfic représentait logiquement l’étape suivante.»
Les elfes, «un autre monde» que la distributrice de 1,75 m s’efforce de dompter, avec sa vitesse et ses qualités de battante, son fond de commerce. «Elle est athlétique, “fit” et rapide, relève son entraîneur Billy Karageorgakis. Grâce à sa volonté et à son talent, elle est parvenue à réduire l’immense écart qui sépare une basketteuse de 1re ligue de celle d’un club de LNA. Maintenant, elle est jeune et elle doit encore apprendre à gérer la pression inhérente à l’élite. Ce qui me plaît, c’est qu’elle se bat tout le temps. Elle gagne chaque minute de jeu à l’entraînement.» Une dizaine par match en moyenne depuis le début de la saison. «Parfois, je ne me sens pas très utile à l’équipe, glisse la Bulloise. Mais j’ai conscience que cette saison est celle de l’apprentissage. Je dois essayer de gagner en confiance et en expérience.»
Pour devenir une joueuse-clé de LNA, Audrey Gattoni devra s’armer de patience, une vertu nouvelle pour elle. Cyclisme, VTT, course à pied, volleyball, hockey sur glace, football et enfin basketball, autant de disciplines pratiquées sans grands obstacles à surmonter. «A chaque fois, j’avais tout de suite de la facilité.» Il y a cinq ans, la découverte de la sphère orange mettra fin à son côté touche-à-tout.

Un peu touche-à-tout
Et si, au départ, elle s’est lancée dans le basket à l’insistance de sa meilleure amie, la collégienne y trouve aujourd’hui son bonheur. «En défense, c’est une question de volonté. L’attaque fait davantage appel à la tactique et à la faculté d’analyser le jeu. Ce mélange me plaît.» Reste qu’entre sport collectif et individuel, il arrive que sa raison balance. «Parfois, quand je rate quelque chose, je préférerais que cela n’implique que moi. Cette responsabilité vis-à-vis d’un collectif est quelquefois lourde à porter. Mais paradoxalement, j’aime la vie de groupe et partager des choses avec mes coéquipières.»

Fille à deux facettes
Ambivalente, Audrey Gattoni l’est également de caractère. Un côté dur avec elle-même et sérieux que sa voix douce et sa timidité ne laissent pas soupçonner. «Je suis assez perfectionniste et je me fixe des objectifs élevés. D’un côté, c’est positif, car cela me pousse à me battre. De l’autre, l’envie de trop bien faire a parfois tendance à me stresser et à me bloquer.»
Son autre facette, celle d’une jeune fille drôle et insouciante, la Gruérienne aime la faire ressortir via le cinéma, son autre passion. «Plus tard, j’aimerais bien entrer dans l’école de cinéma de Lausanne», explique celle qui a joué dans des films amateurs pour enfants. «J’ai toujours adoré regarder des films. Et avec les copines, il nous arrivait d’imaginer des histoires et de nous filmer. J’aime changer de peau, de préférence pour des rôles comiques.» S’il lui arrive de joueur les imitatrices chez elle, Audrey Gattoni n’est pas encore le boute-en-train du vestiaire des elfes. «J’en suis encore au stade où je suis impressionnée.»
Sentiment identique lorsqu’elle songe à la finale de la Coupe de la Ligue, cet après-midi contre Pully. «Plus l’événement approche, plus je suis à la fois tendue et motivée. Elfic était le club où je rêvais de jouer. Alors pouvoir en plus disputer une finale lors de ma première saison, j’ai de la chance!»
Et si le match d’aujourd’hui n’était qu’un commencement pour la Bulloise, elle qui rêve de soulever un jour la Coupe de Suisse en tant que capitaine…

Grande première pour les elfes

Trois ans après sa création, née de la fusion entre City Fribourg et l’ASB Villars, Elfic Fribourg a l’occasion d’inaugurer une rubrique palmarès, cet après-midi à Genève. La salle du Bout du monde de Champel accueille en effet les finales féminine et masculine de la Coupe de la Ligue. Victorieuses des Schwytzoises de Brunnen en demi-finale, les elfes défieront Pully pour ce qui constitue la première finale de leur jeune histoire.
Sur les programmes, affiches et autres papillons produits pour cette fête du basket, point trace des protagonistes du duel féminin. Et pour cause, puisque Pully n’a obtenu son ticket pour la finale que mercredi, en disposant 96-93 de Martigny après prolongation, en match à rejouer de la demi-finale. Pour la petite histoire, les Pulliéranes s’étaient inclinées 64-63 contre Martigny, avant de déposer protêt, un panier n’ayant pas été validé.
Résultat des courses, la formation vaudoise disputera cet après-midi ni plus ni moins que son quatrième match en une semaine, contre deux à son adversaire. Entraîneur des elfes, Billy Karageorgakis se garde de tout excès de confiance. «D’un côté, en théorie, nous devrions affronter une équipe un peu fatiguée. D’un autre côté, les Vaudoises baignent dans l’euphorie. Contre Martigny, elles ont passé l’épaule dans la prolongation sans leurs deux étrangères, sorties pour cinq fautes. On verra bien où se situe la vérité.»

Gare aux rebonds!
Pour le Grec, observateur attentif de la rencontre de mercredi, la principale clé pour soulever le trophée tient en un mot: rebonds! «Dans la raquette, Pully est redoutable, offensivement comme défensivement. A nous d’être à la hauteur!» Autre point capital, les elfes devront contrôler le rythme du match, car les Pulliéranes ne sont jamais aussi redoutables que lorsqu’elles parviennent à enflammer les débats. «Pully ne présente pas un jeu très structuré, ajoute l’entraîneur fribourgeois. Chaque joueuse est libre de pénétrer et de shooter. Contre une telle équipe, il est plus difficile d’organiser sa défensive. Chaque joueuse devra dès lors faire preuve d’une grande concentration dans les un contre un.»
L’affiche Pully - Elfic, c’est aussi la meilleure attaque opposée à la meilleure défense du championnat. «Nous n’avons pas l’image d’une équipe qui démolit le jeu adverse, glisse Billy Karageorgakis. Simplement, notre équipe est structurée, chaque joueuse sait ce qu’elle peut et doit faire, défensivement comme offensivement.»
Dernière rescapée de l’épopée City Fribourg, lauréat de la Coupe de Suisse 2002, la capitaine Pauline Seydoux brandira-t-elle le premier trophée de l’ère Elfic?

HORAIRE
Coupe de la Ligue
Finales, samedi à Genève - Champel (salle du Bout du monde)
Messieurs

Lugano - Boncourt 19 h 30
Dames
Elfic Fribourg - Pully 16 h 30

Alain Sansonnens
11 février 2006

Une I Editorial I Veveyse/Glâne I Fribourg I Sports

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