«Moi, hallebardier
Bassenne, je jure dobserver loyalement et de bonne foi, tout ce
qui vient de mêtre lu, aussi vrai que Dieu et ses saints
massistent.» Ces paroles, prononcées le 6 mai 1996
dans la cour San Damaso du palais apostolique, Florian Bassenne ne les
oubliera jamais. Main droite levée en signe de serment, main
gauche refermée sur la bannière de la Garde suisse, morion
argenté orné dun panache rouge et cuirasse dépoque,
le hallebardier a fière allure dans son uniforme de gala.
«Jétais sur un nuage, se souvient Florian Bassenne
en ouvrant un épais album entièrement consacré
à cette journée du giuramento. Comme le jour de mon mariage,
mais sans les sentiments
» Agé de 25 ans à
lépoque, le Gruérien laissait derrière lui
sa compagne, sa famille et son emploi de dessinateur géomètre
pour veiller sur le Saint Père et assurer la sécurité
de la cité du Vatican. Il ne simaginait pas encore devenir
informaticien après une tentative dans le social et un
passage par une entreprise de sécurité ni rencontrer
Anita.
Raisons secrètes
Mais pourquoi choisit-on lexistence militaire, quasi monastique,
de la Garde pontificale? «Cest mon jardin secret, sourit
lintéressé. Ni ma famille, ni mon épouse
ne connaissent les raisons exactes qui mont conduit au Vatican
peu après avoir payé mes galons dofficier à
larmée.» Sil est discret quant à ses
motivations, Florian Bassenne ne se fait pas prier pour ouvrir son carton
à souvenirs.
Près dun millier de clichés rangés dans des
enveloppes aux libellés évocateurs «assermentation»,
«visite officielle de Jacques Chirac» ou encore «fiesta
avant le départ de collègues» côtoient
quatre chapelets offerts de la main même du pape. «Jai
eu le privilège daccompagner Jean Paul II durant cinq semaines
à lAngélus du dimanche lors de mon dernier service
à Castelgandolfo. Comme il adorait parler français, il
madressait facilement un petit mot. Il se souvenait par exemple
de mon père qui avait réalisé la bannière
lors de sa visite à Fribourg en 1984.»
Pour 750000 lires
Farfouillant dans la boite, Florian en extirpe un autocollant de la
radio vaticane, un autre de la légion dhonneur «une
rencontre qui sest transformée en amitié»
une collection de timbres à leffigie de la Garde
suisse dénichés chez un antiquaire et une fiche de paie.
«On touchait 750000 lires au début, puis un million, ce
qui correspond à un salaire mensuel de 700 francs, puis de 1200
francs environ.»
Autant dire que ce nest pas lappât du gain qui a poussé
ce passionné darmes et de tir à «sinfliger
une certaine discipline», comme il dit. Ce quil retire de
ces deux ans? La fierté dêtre la carte de visite
du Vatican et des Suisses à létranger, la possibilité
de se plonger dans une culture nouvelle et surtout lamitié
qui se tisse entre collègues.
En témoigne une série de photos moins nettes et moins
bien cadrées que celles dArturo Mari, le photographe personnel
du pape: une chambre spartiate, un caquelon vide et une équipe
de Romands bien allumés. Parmi eux, Cédric Tornay, tout
sourire. «On sentendait comme larrons en foire, commente
Florian Bassenne. Jétais à larmée lorsque
le drame a éclaté et je nen est rien su. Je suis
tombé des nues lorsquun journaliste dIl Messagero
ma contacté le 5 mai au matin pour me demander ce que je
pensais de lassassinat du commandant de la Garde suisse Alois
Estermann et de son épouse par le vice-caporal Tornay.»
Pudique, Florian Bassenne préfère ne pas sappesantir
sur une tragédie quil ne sexplique toujours pas.
«Cest vrai que cette vie de garde pontifical nétait
pas facile avec ses heures de sentinelles et ses horaires irréguliers.
Mais elle ma permis de marrêter, de prendre le temps
de réfléchir à ma vie. Ma foi en est sortie grandie.»
Fribourg, cathédrale
Saint-Nicolas, ce dimanche 22 janvier, 10 h, célébration
eucharistique présidée par le cardinal suisse Georges-Marie
Cottier à loccasion du 500e anniversaire de la Garde suisse
pontificale. La cérémonie débutera dès 9
h 20 par un cortège au départ de lUniversité
de Fribourg.
Valeur
et fidélité
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Louvrage publié pour le 500e anniversaire de la
Garde suisse pontificale, richement illustré, retrace
son histoire sur 250 pages. Le 21 juin 1505, le pape Jules II
sadresse à la Confédération suisse
afin dobtenir une garde pour la protection de sa personne
et du palais apostolique. A la fin de la même année,
les 150 premiers gardes prennent le chemin de Rome et entrent
en service le 22 janvier 1506. Lors du sac de Rome le 6 mai
1527, 147 périssent en défendant le pape Clément
VII. En mémoire de cet événement, la fête
annuelle au cours de laquelle les nouveaux gardes prêtent
serment a toujours lieu le 6 mai.
Louvrage est composé se divise en trois parties.
«La Garde et son histoire» évoque les événements
clés depuis sa création. «La Garde et son
environnement» présente les uniformes et les drapeaux,
les églises et les quartiers de la Garde et décrit
le soutien dont elle bénéfice en Suisse. La «Garde
au quotidien» aborde la vie quotidienne, la formation
et les devoirs, les motifs dentrée ou le jour de
lassermentation. Un appendice fourni, avec le nom des
commandants et les listes des effectifs depuis 1900, complète
louvrage, qui prend notamment position sur laffaire
du meurtre survenu en 1998.
Robert
Walpen, La Garde suisse pontificale, Editions Slatkine
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