PATROUILLE DES GLACIERS (3) Fabienne et Jacques Pharisa

Deux complices dans l’effort

En cette saison de Patrouille des Glaciers, «La Gruyère» vous propose de découvrir quelques facettes ou visages de cette épreuve mythique. Ce troisième épisode est consacré à Fabienne et Jacques Pharisa, venus au ski-alpinisme il y a seulement trois ans. Fin avril, le couple d’Estavannens vivra sa première grande Patrouille.


Pour le couple Pharisa, pouvoir partager une passion commune pour le ski-alpinisme est un privilège

 

«Quand le réveil sonne le dimanche matin à 5 h, la première chose que je me dis est que je suis folle. Pareil pour mon mari, qui se lève déjà toute la semaine vers 5 h 30.» Le doute ne ronge pas Fabienne et Jacques Pharisa bien longtemps. C’est que, trois ans après avoir mis ses premières peaux, le couple d’Estavannens a le ski-alpinisme dans… la peau. Epreuves de la Coupe de Suisse ou, comme cette année, Patrouille des Glaciers (voir ci-dessous): tout est bon pour assouvir cette soif de becquets.
Un goût pour l’effort venu sur le tard pour la secrétaire communale de Châtel-sur-Montsalvens (37 ans) et l’agriculteur d’Estavannens (39 ans). «Avant, on ne se posait même pas la question», glisse Fabienne. «Avant» tient en un mariage et quatre prénoms: Marie, Séverine et les jumeaux Loïc et Jérémie, aujourd’hui 15, 13 et 11 ans. Une sortie à peaux de phoque avec Jeanine Bapst, en janvier 2003, sonnera comme une révélation pour la mère de famille, ancienne skieuse au SC Vudallaz-Epagny.

Des cloques au Moléson
Avant de disputer sa première course de ski-alpinisme, trois mois plus tard à Ovronnaz, Fabienne avait déjà transmis le virus à son conjoint. Une sortie en famille à Moléson, un dimanche presque comme les autres. «Les enfants skiaient et nous, on a mis les peaux, se souvient la mère de famille. J’avais l’équipement de mon beau-frère, mon mari mon matériel.» Et Jacques a mordu, mais dans la douleur. «J’ai chopé des cloques dès la moitié de la montée, mais le ski-alpinisme m’a tout de suite plu.»
L’ambiance régnant au sein de la FSG Neirivue finira le travail. «Nous sommes une vingtaine à pratiquer la peau de phoque, expose Jacques. Nous formons une bonne équipe de copains. Personne ne se prend la tête et la concurrence est saine.» Avec, lors des deux séances hebdomadaires en commun – course à pied et sortie à skis – les conseils avisés de Pierre-Bernard Lanthmann. «Il sent bien les choses et, avec des entraînements ciblés, la progression est rapide.»
Le travail d’agriculteur pour lui et la Coupe fribourgeoise de VTT pour elle accentueront encore le processus, qui les a conduits l’an passé à s’aligner sur tous les rendez-vous de la Coupe de Suisse. «Le milieu du ski-alpinisme est respectueux et le fait de disputer des courses en équipe est stimulant, glisse Fabienne. De plus, on aime l’endurance et, il faut l’avouer, on a un esprit de compétition assez développé.» Pour preuve, en plus des séances avec leur club et des courses, les Pharisa mettent au moins encore une fois les peaux durant la semaine.

Le point entre les Dents
Privilège et complicité sont les deux mots qui viennent en premier quand le couple parle de sa passion commune pour la montagne et le ski-alpinisme. «Pratiquer la même activité, c’était important pour nous, relève Fabienne. Avec quatre enfants, c’est aussi l’occasion de se retrouver. Tout serait plus compliqué si mon mari n’avait que le foot en tête.» Depuis la ferme familiale d’Estavannens d’enbas, les Pharisa montent parfois le soir jusqu’au chalet à bétail loué à la commune, entre les Dents du Chamois et du Bourgo. Un joli entraînement et, à la lumière des lampes frontales, la chance de pouvoir se ressourcer, de discuter et de faire le point. «Là-haut, personne ne nous entend.»
Autres balades tranquilles indispensables au couple, les sorties dominicales en famille. A vélo à la belle saison – les quatre enfants Pharisa pratiquent le VTT et sont licenciés à la Pédale bulloise! – à peaux de phoque l’hiver, le plus souvent aux Sciernes-d’Albeuve. «Dimanche dernier, nous avons pris le dîner avec et nous sommes montés jusqu’au chalet du Creux, expose Fabienne. Vivre cela avec ses enfants représente des moments privilégiés. Bien sûr, s’ils n’aimaient pas le vélo et les sports d’endurance, ce serait plus difficile de les y amener.»
Vie de famille, travail, entraînements et compétition: le couple Pharisa vit à un rythme soutenu. «Il ne faut pas que quelque chose foire dans l’organisation», glisse Fabienne. Et Jacques d’ajouter: «Comme nous venons à peine de commencer le ski-alpinisme, nous sommes hyper motivés.» Tant que le plaisir sera là, les deux entendent continuer à s’investir pour leur sport. Mais pas à n’importe quel prix. «Le jour où ma femme doit se priver de chocolat et moi d’un verre de rouge ou d’une bière, on arrête.»
Car Jacques et Fabienne Pharisa sont des épicuriens de la montagne, et de la vie.

Retrouvailles à l’église

Il y a quatre ans, jamais Fabienne et Jacques Pharisa n’auraient imaginé être au départ du grand parcours de la Patrouille des Glaciers 2006. «On part un peu dans l’inconnu, mais on se prépare», relève Jacques, qui fera équipe avec Jean-Claude Pache, de Lussy, et Laurent Thürler, de La Tour-de-Trême. «Ce sera sans doute pénible, mais quand on court en équipe, on ne peut pas arrêter.» «Et on a tous les deux la tête», ajoute Fabienne, qui aura pour coéquipières ses amies de l’Intyamon Colette Borcard et Valérie Jaquet.
Comme ses compères, Jacques Pharisa ne fait pas tout un fromage de cette Patrouille. «Des équipes misent tout sur cette épreuve, nous pas. On s’est mis d’accord pour disputer les manches de Coupe de Suisse, et tant pis si l’on arrive à Zermatt un peu fatigués et que l’on met quinze minutes de plus jusqu’à Verbier.» L’agriculteur d’Estavannens assure ne pas redouter le jour J. «Mes coéquipiers ont beaucoup d’expérience et, grâce à nos nombreux entraînements en commun, ils m’ont énormément appris, notamment pour les conversions et les changements de peaux.» Comme son homologue masculin, le trio féminin ne poursuit pas d’objectif précis. «Colette m’a un peu poussée à faire le grand parcours, relève Fabienne Pharisa. Je me suis dit «ok, je me lance», mais dans le but de prendre du plaisir, d’arriver au bout le mieux possible et on verra bien.»
Comme Jacques courra en catégorie internationale, il sera à Zermatt un jour avant son épouse, réception oblige. «J’espère quand même te voir là-bas avant le départ», glisse Fabienne. «On se croisera à l’église», lui rétorque Jacques (rires).
Pour la traditionnelle prière d’avant Patrouille et, pour les Pharisa, avant la plongée dans le grand bain.


Alain Sansonnens
21 janvier 2006

Une I Editorial I Gruyere I Veveyse/Glâne I Fribourg

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