«Quand le réveil
sonne le dimanche matin à 5 h, la première chose que je
me dis est que je suis folle. Pareil pour mon mari, qui se lève
déjà toute la semaine vers 5 h 30.» Le doute ne ronge
pas Fabienne et Jacques Pharisa bien longtemps. Cest que, trois
ans après avoir mis ses premières peaux, le couple dEstavannens
a le ski-alpinisme dans
la peau. Epreuves de la Coupe de Suisse
ou, comme cette année, Patrouille des Glaciers (voir ci-dessous):
tout est bon pour assouvir cette soif de becquets.
Un goût pour leffort venu sur le tard pour la secrétaire
communale de Châtel-sur-Montsalvens (37 ans) et lagriculteur
dEstavannens (39 ans). «Avant, on ne se posait même
pas la question», glisse Fabienne. «Avant» tient en
un mariage et quatre prénoms: Marie, Séverine et les jumeaux
Loïc et Jérémie, aujourdhui 15, 13 et 11 ans.
Une sortie à peaux de phoque avec Jeanine Bapst, en janvier 2003,
sonnera comme une révélation pour la mère de famille,
ancienne skieuse au SC Vudallaz-Epagny.
Des cloques au
Moléson
Avant de disputer sa première course de ski-alpinisme, trois mois
plus tard à Ovronnaz, Fabienne avait déjà transmis
le virus à son conjoint. Une sortie en famille à Moléson,
un dimanche presque comme les autres. «Les enfants skiaient et nous,
on a mis les peaux, se souvient la mère de famille. Javais
léquipement de mon beau-frère, mon mari mon matériel.»
Et Jacques a mordu, mais dans la douleur. «Jai chopé
des cloques dès la moitié de la montée, mais le ski-alpinisme
ma tout de suite plu.»
Lambiance régnant au sein de la FSG Neirivue finira le travail.
«Nous sommes une vingtaine à pratiquer la peau de phoque,
expose Jacques. Nous formons une bonne équipe de copains. Personne
ne se prend la tête et la concurrence est saine.» Avec, lors
des deux séances hebdomadaires en commun course à
pied et sortie à skis les conseils avisés de Pierre-Bernard
Lanthmann. «Il sent bien les choses et, avec des entraînements
ciblés, la progression est rapide.»
Le travail dagriculteur pour lui et la Coupe fribourgeoise de VTT
pour elle accentueront encore le processus, qui les a conduits lan
passé à saligner sur tous les rendez-vous de la Coupe
de Suisse. «Le milieu du ski-alpinisme est respectueux et le fait
de disputer des courses en équipe est stimulant, glisse Fabienne.
De plus, on aime lendurance et, il faut lavouer, on a un esprit
de compétition assez développé.» Pour preuve,
en plus des séances avec leur club et des courses, les Pharisa
mettent au moins encore une fois les peaux durant la semaine.
Le point entre
les Dents
Privilège et complicité sont les deux mots qui viennent
en premier quand le couple parle de sa passion commune pour la montagne
et le ski-alpinisme. «Pratiquer la même activité, cétait
important pour nous, relève Fabienne. Avec quatre enfants, cest
aussi loccasion de se retrouver. Tout serait plus compliqué
si mon mari navait que le foot en tête.» Depuis la ferme
familiale dEstavannens denbas, les Pharisa montent parfois
le soir jusquau chalet à bétail loué à
la commune, entre les Dents du Chamois et du Bourgo. Un joli entraînement
et, à la lumière des lampes frontales, la chance de pouvoir
se ressourcer, de discuter et de faire le point. «Là-haut,
personne ne nous entend.»
Autres balades tranquilles indispensables au couple, les sorties dominicales
en famille. A vélo à la belle saison les quatre enfants
Pharisa pratiquent le VTT et sont licenciés à la Pédale
bulloise! à peaux de phoque lhiver, le plus souvent
aux Sciernes-dAlbeuve. «Dimanche dernier, nous avons pris
le dîner avec et nous sommes montés jusquau chalet
du Creux, expose Fabienne. Vivre cela avec ses enfants représente
des moments privilégiés. Bien sûr, sils naimaient
pas le vélo et les sports dendurance, ce serait plus difficile
de les y amener.»
Vie de famille, travail, entraînements et compétition: le
couple Pharisa vit à un rythme soutenu. «Il ne faut pas que
quelque chose foire dans lorganisation», glisse Fabienne.
Et Jacques dajouter: «Comme nous venons à peine de
commencer le ski-alpinisme, nous sommes hyper motivés.» Tant
que le plaisir sera là, les deux entendent continuer à sinvestir
pour leur sport. Mais pas à nimporte quel prix. «Le
jour où ma femme doit se priver de chocolat et moi dun verre
de rouge ou dune bière, on arrête.»
Car Jacques et Fabienne Pharisa sont des épicuriens de la montagne,
et de la vie.
Retrouvailles
à léglise
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Il y a quatre ans, jamais Fabienne et Jacques Pharisa nauraient
imaginé être au départ du grand parcours de
la Patrouille des Glaciers 2006. «On part un peu dans linconnu,
mais on se prépare», relève Jacques, qui fera
équipe avec Jean-Claude Pache, de Lussy, et Laurent Thürler,
de La Tour-de-Trême. «Ce sera sans doute pénible,
mais quand on court en équipe, on ne peut pas arrêter.»
«Et on a tous les deux la tête», ajoute Fabienne,
qui aura pour coéquipières ses amies de lIntyamon
Colette Borcard et Valérie Jaquet.
Comme ses compères, Jacques Pharisa ne fait pas tout un
fromage de cette Patrouille. «Des équipes misent
tout sur cette épreuve, nous pas. On sest mis daccord
pour disputer les manches de Coupe de Suisse, et tant pis si lon
arrive à Zermatt un peu fatigués et que lon
met quinze minutes de plus jusquà Verbier.»
Lagriculteur dEstavannens assure ne pas redouter le
jour J. «Mes coéquipiers ont beaucoup dexpérience
et, grâce à nos nombreux entraînements en commun,
ils mont énormément appris, notamment pour
les conversions et les changements de peaux.» Comme son
homologue masculin, le trio féminin ne poursuit pas dobjectif
précis. «Colette ma un peu poussée à
faire le grand parcours, relève Fabienne Pharisa. Je me
suis dit «ok, je me lance», mais dans le but de prendre
du plaisir, darriver au bout le mieux possible et on verra
bien.»
Comme Jacques courra en catégorie internationale, il sera
à Zermatt un jour avant son épouse, réception
oblige. «Jespère quand même te voir là-bas
avant le départ», glisse Fabienne. «On se croisera
à léglise», lui rétorque Jacques
(rires).
Pour la traditionnelle prière davant Patrouille et,
pour les Pharisa, avant la plongée dans le grand bain.
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