FRIBOURG Dans les communes

L’inconnue du vote étranger

Parmi les inconnues des Communales du 5 mars, la combativité de l’UDC, la capacité de résistance du PDC, le vote des étrangers. Zoom sur cet enjeu-là.

 

Innovation de la nouvelle Constitution cantonale, les étrangers détenteurs d’un permis C et résidant dans le canton depuis au moins cinq ans peuvent exercer pour la première fois leurs droits politiques au plan communal. Exception à cette règle, quelques communes ayant fusionné au 1er janvier 2006, dont Bulle, ont pu anticiper ce vote en automne 2005. Le scrutin bullois a servi de galop d’essai: la faiblesse du taux de participation des étrangers, entre 12% et 15%, a alors frappé. Aucun étranger n’a été élu.
Les ressortissants étrangers ne se sont pas bousculés au portillon des listes qui seront déposées lundi. «L’intérêt est là, mais c’est peut-être encore un peu prématuré pour certains. Ils ont besoin de se familiariser avec ces nouveaux droits», tempère Thomas Zwald, président du PRD de Fribourg-Ville.
«Le manque d’engagement n’est pas l’apanage des étrangers; il n’y a pas plus de difficulté à les recruter que les Suisses», dit de son côté le président du PDC de Fribourg, Jean-Pierre Siggen. Certains y voient un signe de la bonne intégration des étrangers, dont le comportement électoral est proche des Helvètes pour le meilleur et pour le pire. Il est aussi vrai que les partis ne sont pas partis à la chasse du vote étranger. Ce dernier n’est ni un enjeu ni un problème, s’accordent à penser plusieurs responsables politiques. Les formations se sont présentées lors de soirées d’information mises sur pied par les préfectures. Le bouche à oreille a fait le reste.
Dans la capitale, le PDC annonce trois étrangers pour le Conseil général (Législatif), le PRD et l’UDC un chacun. Le PS fait plus fort, mais ne donne pas le nombre exact des étrangers sur sa liste. Sans doute 13 sur plus de 65 candidats. C’est que les socialistes se refusent à faire la différence entre étrangers, naturalisés de fraîche date et Suisses. «Ça n’a vraiment pas d’importance», dit la secrétaire du PS communal Yolande Stauffacher.

Basculement à Fribourg?
Le canton de Fribourg n’ayant pas de registre électoral centralisé pour ses près de 169300 citoyens, le nombre des électeurs étrangers n’est pas aisé à connaître pour l’ensemble du canton. Les 168 communes sont en revanche au clair: Fribourg annonce 4100 étrangers (17,8%) et 19000 Suisses; Morat 620 étrangers (14,7%) et 3600 Suisses; Châtel-St-Denis 450 étrangers (12,8%) et un peu plus de 3000 Suisses.
Indépendamment de cette question du vote étranger, la majorité va-t-elle basculer au Conseil communal de la ville de Fribourg? La députée chrétienne-sociale Madeleine Genoud-Page pourrait peut-être décrocher la timbale grâce à la vive concurrence à droite. Le raisonnement est le suivant: l’UDC pourrait brouiller les cartes pour l’élection au Conseil communal en présentant Stéphane Peiry, alors que les cinq sortants se représentent (2 PDC, 2 PS, 1 PRD).
De l’avis de certains, le trop-plein à droite pourrait faire le jeu de la gauche. Et surtout du centre-gauche dont une des représentantes, Madeleine Genoud-Page, n’est pas une néophyte en politique. Agée de 49 ans, députée au Grand Conseil, juge au Tribunal de la Sarine, elle est bien décidée à changer un état d’esprit. Selon elle, depuis dix ans l’atmosphère est au pessimisme. La ville n’a pas de «grandes ambitions». Mais pas d’optimisme béat: il faudra entrer dans le vif du sujet financier, dit-elle.
Candidat UDC et secrétaire général du parti cantonal, Stéphane Peiry ne sous-estime pas le risque de voir la gauche obtenir la majorité. Mais du moment qu’il n’y pas d’alliance de droite, ce qu’il regrette, «l’UDC n’a pas vocation à ne pas se présenter parce que la gauche risque de gagner». Son parti tient absolument à être présent à Fribourg, dont il critique une gestion «désastreuse». Le changement de majorité serait une double défaite pour la droite, car dans la foulée la syndicature changerait aussi de bord.


ats - gru
21 janvier 2005

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