COMMENTAIRE

Politique fribourgeoise

Vice-syndicature test

L’affaire semblait conclue, codicille officieux au contrat de mariage entre Bulle et La Tour. La syndicature de la nouvelle commune revenait au chef-lieu, la vice-syndicature à la cité touraine. Les deux sièges portaient déjà le nom de leur occupant, en l’occurrence le syndic radical Jean-Paul Glasson et le vice-syndic démocrate-chrétien Yves Menoud.
Or la politique n’est jamais réglée comme du papier à musique. Au contraire, elle se plaît à goûter aux improvisations. Et ce dimanche, les électeurs ont brassé les cartes en consolidant le PRD dans sa position dominatrice alors que le PS retrouvait sa troisième tête, celle perdue lors de la scission sociale-démocrate de 1991.
Résultat des courses: le PDC, contrairement à ses espérances, devait se contenter de deux sièges.
Peut-il prétendre à la vice-syndicature? Les socialistes n’ont pas tardé à revendiquer le poste. La candidate touraine est toute trouvée: Anne-Claude Demierre, actuelle présidente du Grand Conseil, bien élue dimanche. Il n’en fallait pas davantage pour que s’ouvre la bataille – très symbolique – pour la vice-syndicature. Il n’est pas sûr que les citoyens qui, dans leur grande majorité sont restés étrangers au dernier scrutin dominical, trouvent un intérêt dans ces arguties politiciennes. Mais l’élection – au bulletin secret – du vice-syndic de Bulle risque de susciter quelques remous dans le microcosme fribourgeois. Car ce choix pourrait servir de test à l’alliance que PDC et PRD vont reconduire pour les élections de 2006.
Les responsables cantonaux des deux partis ont beau s’en défendre: l’élection ou non d’Yves Menoud aura des conséquences sur les stratégies qu’ils mettent actuellement en place. Une négociation laborieuse où les mots sont chargés de toutes les scories d’un passé souvent conflictuel (lire en page 7). La création d’un «centre droit pluriel» à la fribourgeoise est un chemin semé d’embûches, dont la moindre ne sera pas l’élection à la vice-syndicature bulloise. C’est qu’Yves Menoud n’est pas un conseiller banal! Son titre de vice-président du PDC cantonal le charge d’une aura emblématique. Mais le candidat, qui revendique le poste avec fermeté, a raison d’affirmer qu’«il faut aussi penser en termes de personnalité».
La constitution du Conseil communal de Bulle aura-t-elle les mêmes conséquences que celle de l’Exécutif châtelois? L’élection d’un syndic UDC, par la grâce des radicaux, avait fait capoter l’alliance cantonale entre les anciens frères ennemis.

Partrice Borcard
25 octobre 2005

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