Etre contre le nucléaire
est un point de vue. Qui peut se justifier par certains de ses effets
néfastes sur lenvironnement. Ou encore par la problématique
de ses déchets et par le peu defforts faits en faveur du
développement dénergies renouvelables. Lorganisation
Sortir du nucléaire, à lorigine des initiatives
populaires du même nom et «Moratoire plus», a donc
de bonnes raisons de faire connaître sa position en vue du vote
du 18 mai. Reste la manière de le faire
Jeudi, lorganisation mettait sur pied des conférences de
presse simultanées dans les cantons de Vaud, Neuchâtel,
Fribourg et Jura (vendredi). Avec, comme appât pour les journalistes,
une liste de 86 communes romandes (190 en Suisse) «susceptibles»
daccueillir la poubelle nucléaire suisse. Les localités
fribourgeoises de Grandvillard, Gruyères, Neirivue et Semsales
y figurent. De quoi faire trembler la popu-lation.
Seul hic dans cette affaire qui aurait dû être médiatiquement
retentissante: cette liste date de 1981. Elle a été publiée
par la Nagra, un organisme créé par les exploitants des
centrales nucléaires et la Confédération, et dont
la mission est didentifier des sites potentiels pour lentreposage
de déchets radioactifs. Sil est vrai quaucune solution
na été trouvée à ce jour, on se doute
que la Nagra na pas davantage lintention dutiliser
aujourdhui cette liste. Ce que confirme dailleurs lun
de ses responsables: de nouvelles études et de nouveaux projets
lont rendue caduque après vingt-deux ans.
«Notre but nest pas duti-liser légoïsme
des gens, mais de leur dire que chaque village est concerné par
les conséquences du nucléaire», a défendu
le coordinateur romand de Sortir du nucléaire devant le scepticisme
des journalistes présents à Bulle. Mais alors pourquoi
Sortir du nucléaire peint-elle un faux diable sur la muraille?
La méthode risque de se retourner contre elle, alors quelle
aurait dautres arguments à avancer pour susciter une prise
de conscience de la population?
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