Commentaire

Sans oser l’avouer, l’alliance avec laquelle le PDC et le PRD ont renoué est d’abord défensive. Les votes peuvent donner l’impression d’une fougue amoureuse: les deux cérémonies de fiançailles qui se sont déroulées parallèlement à Neyruz et à Ried ont pourtant laissé entendre de fortes réticences. Donnant raison à l’écrivain Alain-Fournier, pour lequel «le mariage est une chose impossible et pourtant la seule solution»…
La constellation du moment imposait ce rapprochement des deux forces politiques. Car, à l’automne, il s’agira de contrer une UDC que tous les sondages annoncent triomphante. Mais pour les deux partis bourgeois, l’enjeu principal n’est pas le Conseil national, où le siège UDC semble mathématiquement acquis, mais bien le Conseil des Etats. Sur la ligne de départ, la présence de Jean-Claude Cornu, d’Urs Schwaller et de Ruth Lüthi annonce une course mouvementée. Or, l’arrivée d’un Pascal Corminboeuf pourrait bien perturber les pronostics. La réconciliation des radicaux et des démocrates-chrétiens modifie les enjeux: elle devrait tempérer les envies du Diderain, sans permettre pour autant d’assurer le siège du sortant radical…
Au-delà des arrière-pensées personnelles et de la petite cuisine politicienne, l’alliance PDC-PRD s’inscrit dans une logique dont on mesure les traces au niveau fédéral. Démocrates-chrétiens et radicaux, passablement chahutés ces dernières années, tentent de recomposer le paysage politique suisse afin de contrer l’hégémonie de l’UDC. En opposant systématiquement les «extrêmes» (PS et UDC), ils se présentent comme la seule force constructive, le noyau central autour duquel se façonne la politique du pays. Pour avoir privilégié la tactique aux idées, l’UMP française, rassemblement des forces de droite, est retombée dans ses querelles de chapelle. Le couple PDC-PRD n’évitera la chambre à part que s’il privilégie le programme à l’arithmétique électorale.

Patrice Borcard
18 janvier 2003

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