A¥Le Crêt, une piste de ski de fond éclairée, du temps où les rigueurs de l’hiver sévissaient encore sur le bourg veveysan. C’est là que Julien Vial a chaussé des skis pour la première fois. Le fondeur de l’Etoile de Grattavache se souvient: «Tout s’est fait naturellement. La maison familiale se trouvait juste à côté de la piste, qui représentait un terrain d’amusement privilégié.» Ajoutez un père compétiteur – Michel Vial participe encore aujourd’hui à des épreuves de la Coupe fribourgeoise – et vous comprendrez que le destin de Julien était tout tracé.
Depuis, le Veveysan de 20 ans est resté fidèle à ses premières amours. «J’ai toujours apprécié l’hiver. Avec le ski nordique, on évolue dans des endroits magnifiques. Et j’aime l’effort physique, le côté endurant de cette discipline.» Peu attiré par les sports d’équipe, le jeune homme ne se considère pas pour autant comme un individualiste. «Lors des épreuves de relais, on se dépense pour le team. De plus, des séances en salle communes entre le ski-club et le CS vallée du Flon [n.d.l.r.: club de course à pied] sont organisées depuis quelques années. Je m’entraîne donc souvent en groupe.» En compagnie des fondeurs romontois Frédéric Grandjean et Benoît Dessibourg, Julien Vial a également cultivé l’esprit de solidarité. En avril 2002, les trois compères étaient passés tout près de battre le record du petit parcours entre Arolla et Verbier.
Adieu la République!
Aujourd’hui et jusqu’à mardi, Julien Vial sera engagé à Lötschental, en Valais, pour les championnats de Suisse seniors (voir ci-dessous). Un niveau que le membre de la jeunesse du Crêt n’aurait sans doute jamais atteint sans une bonne dose de sacrifices. A témoin les cinq à huit entraînements hebdomadaires – ski de fond, ski-alpinisme ou course à pied – auxquels il s’adonne. Les sorties sont rares et ses copains ne le voient pas souvent. Entre Noël et Nouvel An, le fondeur se préparait pour les championnats romands, pendant que d’autres se la coulaient douce en République dominicaine… «Pour poursuivre ma progression, je suis amené à faire des choix», lâche sans regrets celui qui fait partie des cadres de l’Association romande de ski (ARS) depuis sept ans. «L’ambiance est excellente, assure-t-il. Nous formons vraiment une bonne équipe de copains. Cette entente mutuelle favorise la progression individuelle.»
Pour sa première année chez les seniors, le monteur électricien de formation ne compte pas faire de la figuration sur le plan régional et vise le podium tant au classement général de la Coupe fribourgeoise – Julien Vial occupe actuellement le 3e rang derrière Olivier Deschenaux et Andreas Buchs – qu’aux championnats fribourgeois. «Ce ne sera pas évident. Lors des championnats romands [n.d.l.r.: le 3 janvier à Pra Cornet], on a pu constater que les meilleurs Fribourgeois sont proches les uns des autres.» Pour l’heure, les courses FIS auxquelles il a pris part lui ont donné satisfaction, avec notamment une honorable 32e place lors d’une Coupe de Suisse à Campra (sur 10 km).
Est-ce l’insouciance de la jeunesse? Peut-être. Toujours est-il que Julien Vial fait preuve d’une qualité étonnante pour un fondeur de son âge. «Avant une course, je suis très calme, quelle que soit son importance. Il n’y a pas grand-chose qui me perturbe. Désormais, j’arrive mieux à me surpasser.» En constante progression depuis trois saisons, le résident du Crêt devra améliorer certains éléments s’il entend entrer dans le cercle des cinq meilleurs Romands, son but à moyen terme. «Le style classique m’a toujours mieux convenu. Par contre, en skating, j’ai encore du travail à accomplir. Je dois aussi mettre l’accent sur la vitesse, utile non seulement pour les épreuves de sprint, mais aussi pour les courses plus longues. J’éprouve encore de la peine à accélérer le rythme.»
La passion de Julien Vial a un prix, le ski de fond ne jouissant pas d’une grande médiatisation et d’un gros attrait pour d’éventuels sponsors. «Je suis chanceux, tempère le Veveysan. Le ski-club finance tous mes camps ARS et mes inscriptions aux courses. Tous mes collègues au sein de la Romande ne peuvent pas en dire autant.»

Un tremplin pour les juniors

Nom: Vial Prénom: Julien Domicile: Le Crêt Date de naissance: 29 mai 1982 Profession: monteur électricien Etat civil: célibataire Taille: 178 cm Poids: 75 kg Club: SC Grattavache-Le Crêt Style préféré: classique Qualité: calme Défaut: pas ponctuel Palmarès chez les juniors en 2002: – champion romand des longues distances (30 km) – vice-champion fribourgeois – vice-champion de l’Association romande de ski – vainqueur d’une Coupe de Suisse en biathlon Un skieur de fond: Björn Daehlie Un sportif: André Bucher (athlétisme) Un film: Forrest Gump Musique préférée: rock Un lieu de vacances: la Norvège Hobby: sport en général Boisson préférée: Rivella Plat préféré: riz casimir

Une place dans les trente

Julien Vial disputera pour la première fois de sa carrière des championnats de Suisse dans la catégorie seniors. A Lötschental, en Valais, le Veveysan s’alignera dans trois disciplines: le duathlon aujourd’hui, le sprint dimanche et le 30 km en style classique mardi. Fidèle à lui-même, le Veveysan n’appréhende pas outre mesure ces échéances: «Je ne ressens aucune pression particulière. D’ailleurs, lors des courses FIS, j’ai toujours été confronté à des seniors.» Aujourd’hui, le sociétaire du SC Grattavache-Le Crêt tentera de maîtriser au mieux l’épreuve de duathlon. «Je pars encore un peu dans l’inconnu, car cette discipline est récente. A Campra, en Coupe de Suisse, j’occupais la 16e place à mi-course, après le style classique, avant de m’effondrer dans la deuxième partie, courue en skating.» Sur le 30 km en style classique de mardi, Julien Vial tentera de s’immiscer dans les trente premiers. «Ce serait un bon résultat. J’ai bon espoir, car c’est mon style de prédilection.» Pour le sprint, sa principale faiblesse, le Veveysan ne nourrit pas de grand objectif. A noter que les Sudistes Andreas Buchs, Olivier Deschenaux, Damian Cottier, Benoît Dessibourg et Nicole Donzallaz seront également présents à cette grand-messe du ski de fond helvétique.

Alain Sansonnens 18 janvier 2003

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