L¥La commune
de Charmey a trouvé preneur pour le «château»
de la Corbettaz, la maison de maître trônant à lentrée
du village. «Cela fait un certain temps que nous avons décidé
de nous séparer de ce bâtiment. Nous sommes aujourdhui
très heureux, car ce patrimoine va pouvoir être remis en
valeur», explique le syndic Jean-Pierre Thürler. Pour autant
que les citoyennes et les citoyens donnent leur feu vert à la
transaction, dont le montant pas plus que lacheteur
ne sera pas révélé avant la prochaine assemblée
extraordinaire, convoquée le lundi 27 janvier.
Grande valeur
Cette demeure qui na subi aucune transformation majeure
depuis sa construction, vers 1780 revêt une grande valeur
culturelle pour le canton de Fribourg, qui la classée A
à son inventaire du patrimoine. Car la bâtisse est rare:
elle est lun des trois «châteaux», avec ceux
de la Gauglera et de Montévraz-Dessus, situés à
plus de 800 mètres daltitude. Rareté encore dans
les détails: les fenêtres, par exemple, sont dépoque.
Cette maison revêt également une grande importance historique
pour Charmey. La Corbettaz a longtemps été, en effet,
la demeure de grandes familles du village, les Remy et les Pettolaz.
Construite par le notaire Jean-Jacques Remy, elle intègre le
patrimoine des Pettolaz quand Joseph, «baron du fromage»
et usurier, épouse la petite-fille du bâtisseur. Le «château»
restera propriété de la famille jusquen 1899, année
où une faillite force sa vente. Il passe alors dans le giron
des familles de Reynold et Zurich, alliées aux Pettolaz.
En 1923, un ingénieur français, le vicomte Henri de Peufeilhoux,
rachète le bâtiment, quil enrichit de tentures génoises,
de tapisse-ries et de papiers peints. La commune de Charmey, en 1989,
rachète la propriété, qui a été dévalorisée
par le tracé de la route cantonale et la construction dun
immeuble locatif. Deux handicaps maintes fois relevés par déventuels
acheteurs.
Depuis, deux projets de réaffectation ont été étudiés.
On a tout dabord songé à en faire un hôtel-restaurant.
Mais lidée est rapidement abandonnée, la population
ne soutenant pas cette solution: «Il y a assez de restaurants
à Charmey», explique Jean-Pierre Thürler. Cette proposition
ne passant pas la rampe, on a ensuite imaginé transférer
au «château» ladministration communale. Les
locaux ne sy prêtant guère, on oublie également
cette option.
Chère
rénovation
Il faut pourtant trouver une solution, car la vénérable
demeure, inoccupée depuis maintenant deux ans, se dégrade,
lentement mais sûrement. «La maison ne présente par
contre aucun vice de construction, ni déformation, ni altération
grave», signale dans son rapport la commission chargée
détudier les lieux.
Un rapport qui propose quelques pistes pour la rénovation à
venir. Selon la commission, 250000 francs, au minimum, sont nécessaires
pour refaire un logement «simple» (pas de travaux sur les
façades et confort minimum). Pour une restauration plus soignée,
il faudra compter au minimum 450000 fr. La commission estime que, pour
une remise en état sans extension, quelque 350000 fr. sont nécessaires.
Verdict le 27
janvier
Sil ne recèle pas de trésors, le «château»
de la Corbettaz compte deux toiles de Gênes, des tentures imprimées
datant des années 1840, apportées par Henri de Peufeilhoux.
Ces objets restaurés depuis restent propriété
de la commune et ont rejoint le Musée du pays et val de Charmey.
Les Charmeysans diront donc, le 27 janvier, sils souhaitent se
séparer de cette demeure emblématique. Pour le syndic,
lenjeu est clair: «Il faut mettre cette maison en valeur!»
Et ce nest pas la commune qui pourra le faire.
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