HOCKEY SUR GLACE Alain Birbaum

Pour entretenir la flamme

Sous les couleurs du HC Fribourg-Gottéron depuis l’âge de 5 ans, Alain Birbaum est aujourd’hui un élément essentiel du dispositif fribourgeois. Malgré les difficultés de son club, le jeune défenseur se sent à l’aise dans les vestiaires de Saint-Léonard et voit l’avenir avec sérénité.


Alain Birbaum: «A l’école, mes professeurs me reprochaient parfois mon manque d’application. Je leur répondais qu’il n’y avait pas besoin d’être fort en math pour jouer au hockey»

 

Dans les gradins de la patinoire de Saint-Léonard, Alain Birbaum applaudissait les exploits de son équipe favorite. Au sommet de l’élite nationale, Fribourg-Gottéron affolait les statistiques et le junior du club de la capitale n’avait qu’une idée en tête: se retrouver un jour sur cette glace, face à ce public dont il faisait encore partie.
Maintenant qu’il patine sous les ordres de Serge Pelletier, le citoyen de Villars-sur-Glâne vit dans un univers plutôt différent. Les victoires se font plus rares et Bykov et Khomutov ne sont plus là. Mais le jeune défenseur de 21 ans ne se plaint pas. Il a réalisé son rêve, celui de devenir hockeyeur professionnel.

Un pur produit fribourgeois
Sur les patins dès l’âge de 5 ans, Alain Birbaum a suivi toute la filière junior de Fribourg-Gottéron. En compagnie de son copain Julien Sprunger, il a gravi tous les échelons, pour disputer, à 15 ans, son premier match amical avec la première équipe. «J’ai toujours voulu faire ce métier. A l’école, mes professeurs me reprochaient parfois mon manque d’application. Je leur répondais qu’il n’y avait pas besoin d’être fort en math pour jouer au hockey.»
Une année après sa première apparition avec les Dragons, en février 2002, il a reçu son premier contrat pro. «Je savais que le chemin serait encore long pour devenir titulaire. Je ne me suis ainsi jamais trop enflammé.» Petit à petit, Alain Birbaum s’est fait une place au sein du collectif fribourgeois. «Tout le monde n’a cessé de dire que Gottéron était un club familial et j’ai pu le vérifier dès mon arrivée. Les anciens ont été très sympas avec moi et je n’ai connu aucun problème d’intégration. L’ambiance à Fribourg n’est pas une légende (rires).»
Après trois saisons passées à la patinoire de Saint-Léonard, Alain Birbaum a décidé de changer d’air. «Je jouais périodiquement. Avec Popichin, je n’ai connu aucun problème alors qu’avec McParland, je me retrouvais parfois sur le banc. Je suis donc parti la saison dernière à Lausanne où j’ai vécu une superbe expérience.» Sous les couleurs du LHC, le défenseur a franchi une étape importante. «Au départ, j’étais encore considéré comme un jeune défenseur fribourgeois et, finalement, je me suis imposé comme le patron de la défense. C’était très important pour moi de réussir en LNB. Je voulais prouver que j’avais les moyens de m’imposer. Cette saison a été un déclic.»

Un élément essentiel
En confiance, Alain Birbaum a ensuite retrouvé ses anciens partenaires fribourgeois, l’été dernier. «Serge Pelletier m’avait fait confiance à 15 ans et je savais qu’il croyait en moi. Je ne me suis pas trompé, car, jusqu’à présent, j’ai joué tous les matches.» En compagnie de son compère en défense Ngoy, Alain Birbaum a disputé 31 matches, ce qui fait de lui l’un des joueurs les plus utilisés par le coach québécois. «Cette saison se passe bien pour moi. En octobre, j’ai même inscrit mon premier but en LNA. Un sentiment extraordinaire. Je pense que l’on se souvient plus facilement de sa première réussite que de sa première rencontre.»
A voir ses statistiques – 63 minutes de pénalités jusque-là – Alain Birbaum est un défenseur qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Teigneux, il n’hésite pas à se frotter aux costauds de la ligue, malgré sa petite taille (172 cm): «Je suis plutôt calme en dehors de la patinoire, mais lorsque je me retrouve sur la glace, je n’hésite pas.» Le bouillonnant Todd Elik s’en souvient peut-être: «Dans le jeu, on oublie quels joueurs ont une réputation de “méchants”. Je me souviens que Todd Elik n’avait pas apprécié de se faire bousculer par un gamin, qui avait encore la grille devant le visage.»

«Je suis un privilégié»
Titulaire en LNA à 21 ans, le défenseur fribourgeois semble décontracté et heureux de son sort. «Je n’ai pas le droit de me plaindre. Celui qui dit qu’il n’arrive pas à bien vivre de ce métier est un menteur. Je suis conscient d’être un privilégié, mais en même temps, ce rythme de vie ne va pas durer éternellement. J’en profite au maximum actuellement, car on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve.» Plus ou moins préservé par les blessures, Alain Birbaum espère évoluer le plus longtemps possible au plus haut niveau. «Si ce n’est pas le cas, je reprendrai mes études. Mais pour le moment, je suis bien à Fribourg, même si je sais que tout peut aller très vite en hockey.»
Ancien membre des équipes nationales M16, M17, M18 et M20, le Fribourgeois assume parfaitement, malgré son jeune âge, son nouveau rôle au sein de la défense des Dragons. «Sur la glace, je me donne toujours à fond, pour le bien de l’équipe. Mais je reste un gars de 21 ans. Parfois, les supporters ne comprennent pas que nous avons aussi le droit de prendre du bon temps, de sortir en boîte par exemple. Les mauvais résultats ne nous aident pas de ce côté-là. Tout serait plus facile si l’équipe était classée parmi les meilleures du pays.»
Hockeyeur professionnel dans une formation à la traîne, Alain Birbaum ne se cache pas derrière les excuses. Il assume et essaie toujours de prendre la vie du bon côté. Après tout, un sportif se doit de toujours regarder vers l’avant.

Se préparer aux play-out

Au sein du club fribourgeois depuis cinq ans, Alain Birbaum a eu tout loisir de voir évoluer son club. Luttant durant plusieurs saisons pour les play-off, les ambitions ont été revues à la baisse cette saison. «Il ne reste plus que treize matches avant la fin du championnat régulier. Je pense que nous devons gentiment nous préparer à affronter les play-out. Actuellement, ce n’est pas tous les jours facile. Gagner est devenu très difficile pour nous, ce qui est assez grave. Pourtant, nous n’avons pas pris beaucoup de claques cette saison. Cela s’est souvent joué sur des petits détails.»
Malgré des résultats très décevants, le défenseur affirme qu’il croit encore en son club: «Le nouveau comité en place a promis un avenir meilleur, accompagné de structures plus professionnelles. Les dirigeants ont d’ailleurs mis un point d’honneur à conserver la plupart des joueurs. Nous sommes une équipe très jeune et je suis certain qu’elle progressera. Bien entendu, les étrangers se devront d’être à la hauteur.» Réaliste, Alain Birbaum n’a qu’un objectif cette année: «Le club doit maintenant conserver sa place dans l’élite, pour poursuivre cette nouvelle politique. Et cela passe par une bonne fin de championnat.»
Face à cette situation, les joueurs de la capitale peuvent se reposer sur une très bonne ambiance d’équipe. «Je pense que nous avons besoin de nous sentir soudés pour continuer à y croire. Je ne sais pas comment cela se passe dans les grands clubs, mais cette complicité dans les vestiaires est quelque chose de très important. A Lausanne, chacun rentrait de son côté, tandis qu’à Fribourg, on passe parfois une heure autour de la machine à café après les entraînements. Nous sommes une famille. Chacun a sa place dans ce collectif, d’un “vieux” comme Montandon aux étrangers, en passant par les joueurs suisses.»


Valentin Castella
6 janvier 2007

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