Au
regard des bons résultats de la sécurité routière
fribourgeoise en 2005, sous leffet du passage au 0,5 et aux
contrôles systématiques, le capitaine Gilbert Baeriswyl appréhendait
lannée écoulée. Volontaire, le chef de la police
de circulation avait néanmoins fixé la ligne qui se résume
ainsi: «Plus de présence, moins de victimes.»
Objectif atteint, comme le prouvent les statistiques 2006 présentées
hier à la presse en présence du chef de la Gendarmerie,
le lieutenant-colonel Pierre Schuwey. Onze accidents mortels lan
dernier, cest respectivement trois et quatorze de moins quen
2005 et 2004. Un net recul qui satisfait les responsables de la prévention
routière, quand bien même cest encore onze morts de
trop.
Effets des contrôles, de la peur du gendarme plus présents,
conditions météo, loi des séries? Les deux cadres
de la Police cantonale restent prudents sur les causes. Et préviennent
quil sera désormais difficile de descendre en dessous de
ce qui ressemble à un seuil incompressible. En sortant le nez de
la statistique annuelle et en prenant du champ, on constate que le nombre
de morts sur la route a été deux fois moindre quen
moyenne sur dix ans (22).
Blessés
graves: hausse
Entre les deux derniers exercices, les accidents avec blessés sont
passés de 724 à 689 (35), les blessés de 955
à 884 (71), les accidents avec alcool de 212 à 205
(7) représentant 13% des 1549 accidents (30). Un bémol
à cette diminution générale des indicateurs 2006:
les personnes grièvement blessées sinscrivent en hausse
de 16 unités, de 157 à 173. «Nimaginez pas quil
sagit de près de 200 personnes qui garderont des séquelles
graves», nuance Gilbert Baeriswyl, qui précise quun
bras cassé figure dans les blessures graves. Reste que cest
là que la marge damélioration demeure la plus grande
dans le canton.
Sans surprise, les causes des accidents sont invariablement linattention,
due en particulier au manque de concentration et à la densité
du trafic, en hausse denviron 1% par an. Le manque de vigilance
désole les spécialistes de la prévention, impuissants
à agir sur ce genre de faute de comportement. La vitesse et létat
du conducteur entrent également dans les facteurs explicatifs.
Lalcool? Il est encore bien présent chez les automobilistes
contrôlés de nuit. «Nous avons constaté une
réelle prise de conscience de la population et des jeunes en particulier.
Mais certains Fribourgeois nont toujours pas compris que la donne
a changé en 2005 avec le 0,5», commente Pierre Schuwey.
Sur 21220 contrôles effectués lan passé (925
de moins quen 2005), 5,7% des conducteurs étaient pris de
boisson (dont 2% supérieurs à 0,5 et 3,7% supérieurs
à 0,8). Cela fait tout de même 94% de personnes en
règle.
Précisons quà une incertitude près, lalcool
nest pas en cause dans les accidents mortels de 2006 et que lalcoolémie
touche de plus en plus les femmes. Quant à la conduite sous linfluence
de stupéfiants, sous réserve de résultats danalyse
encore indisponibles, elle explose de 37%, les échantillons transmis
au laboratoire étant passés de 166 à 213 (+47). «Sur
100 cas, nonante sont en général positifs, dont 68 au cannabis,
trois à la cocaïne et le reste à des mélanges
contenant souvent des amphétamines», détaille Gilbert
Baeriswyl.
La vitesse, pour sa part, demeure trop élevée sur le réseau
fribourgeois. Avec de tristes records de dépassements des limites,
lan dernier: 69 km/h au lieu de 30 km/h, 112 km/h dans une localité,
121 km/h (limite à 60 km/h) et surtout 194 km/h sur un tronçon
limité à 80 km/h. Sur autoroute, des pointes ont été
mesurées à 190 km/h et 192 km/h au lieu de 100 km/h et de
120 km/h.
En tout, les agents ont rédigé mille rapports de dénonciation
pour infraction grave dans le domaine des dépassements de vitesse.
Rien que le retour de deux radars fixes dans le canton, installés
le 13 octobre dernier dans des tunnels de lA1, a déjà
provoqué 300 rapports environ qui ont généré
dans les 750000 francs à lEtat, glisse Gilbert Baeriswyl.
Trop
de procédure
Vu les résultats obtenus, la Police cantonale entend maintenir
ses efforts: présence accrue, notamment la nuit, action sur la
ceinture de sécurité et le mobile au volant, etc. Le tout
en étant obligé de «devenir de plus en plus procédurier»,
note le chef de la Gendarmerie en référence à lentrée
en vigueur du nouveau Code pénal suisse.
Les agents doivent en effet contrôler le patrimoine financier du
prévenu. Pierre Schuwey: «Mais nous ne nous faisons pas trop
dillusion sur la capacité dune personne alcoolisée,
par exemple, à donner son salaire, celui de son conjoint ou leurs
dettes.» Les juges dinstruction ne manqueront pas de vérifier
la fiabilité des déclarations sur la base des documents
fiscaux
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