FRIBOURG Fête nationale

Manger des produits du pays

Le 1er août, c’est bien de mettre le drapeau suisse aux fenêtres. Consommer fruits et légumes du pays, c’est mieux. Tel est le message que veut faire passer le mouvement Ecologie libérale auprès des consommateurs. Manger suisse est bon pour l’écologie et l’économie. Objectif: maintenir une agriculture de qualité dans le pays.


Consommer des fraises indigènes en été et pas des étrangères à Noël! Le bilan écologique et le palais du gourmet ont tout à y gagner, estime Ecologie libérale

 

A la veille de la fête nationale, Ecologie libérale veut secouer les habitudes du consommateur pour lui dire que manger des fruits et des légumes du pays vaut mieux que consommer des asperges blanches du Pérou ou des oignons d’Australie. A la tête de cette croisade, il y a le mouvement Ecologie libérale (EL) qui rassemble des élus du centre droit pour une politique de l’environnement responsable. Mardi, EL a organisé six conférences de presse décentralisées dans les cantons romands pour lancer l’action «Le 1er août, consommez suisse», a expliqué à Grangeneuve sa présidente vaudoise Isabelle Chevalley.
Sur la sellette, il y a surtout les aliments que la Suisse produit déjà. Cela va des asperges aux carottes, en passant par les pommes, les prunes et les courgettes. EL ne trouve rien à redire au sujet des produits exotiques qui ne poussent pas en Suisse, comme le cacao, le café et les bananes. C’est une façon de faire du commerce avec les pays du Sud. «Mais il est totalement absurde d’importer – d’Afrique du Sud ou d’ailleurs – des aliments hors saison qui poussent très bien chez nous. Nous ferions mieux de laisser ces surfaces aux pays du Sud pour leurs cultures vivrières et leur permettre ainsi d’augmenter leur autonomie en matière alimentaire», souligne Isabelle Chevalley.

Dépendance alimentaire
La Suisse importe plus de 40% de ses besoins alimentaires, une dépendance parmi les plus importantes de tous les pays industrialisés. Cela représente plus de 600 francs par habitant d’aliments importés, contre 65 francs pour l’Union européenne. Autre raison de consommer des produits indigènes, souligne Jacques Bourgeois, directeur de l’Union suisse des paysans (USP): la qualité de production, avec, par exemple, plus de 98% de la surface agricole utile désormais exploitée selon des normes écologiques strictes. Même chose pour la détention et l’abattage des animaux (lire ci-dessous).
Finalement, remarque le patron de l’USP, consommer indigène permet de préserver des emplois, à l’heure où le secteur agricole perd, chaque jour ouvrable, de six à huit exploitations agricoles. A ses yeux, il est nécessaire de maintenir une agriculture de proximité forte et compétitive.

Pas de fraises à Noël
Directeur de l’Union des paysans fribourgeois (UPF), Daniel Blanc a montré que le bilan énergétique de production est favorable aux produits indigènes. Il faut 0,2 litre d’équivalent pétrole pour récolter et transporter un kilo de fraises suisses, alors que 4,9 litres sont nécessaires pour le même kilo de fruits, récoltés en Israël et importés en Europe par avion. Soit 25 fois plus d’énergie!
Certains grands distributeurs disent qu’ils répondent à une demande des consommateurs pour des produits hors saison. «Mais ce sont eux qui créent ces besoins, s’insurge Isabelle Chevalley. Mes parents et mes grands-parents n’ont jamais demandé à avoir des fraises à Noël. Il faut un peu plus de bon sens de la part des consommateurs et des distributeurs. Et, si les gens n’achètent plus de fraises, ce sera terminé: les grands magasins ne mettront plus en vente ces fruits durant les fêtes de fin d’année.»

Etiquette CO2 et dindes

Ecologie libérale (EL) descend dans l’arène politique pour faire avancer les idées écologiques. Cet automne, le mouvement va proposer au Conseil national de réaliser une étiquette CO2 destinée aux produits alimentaires. Par ailleurs, avec d’autres associations paysannes, le mouvement soutient les producteurs de dindes.
L’Association suisse des engraisseurs de dindes invitera les gens fréquentant les brunchs à la ferme du 1er Août à envoyer une carte postale au directeur général de Migros, à Zurich. Le mot adressé à Claude Hauser, patron de la Fédération des coopératives Migros: «En tant que consommateur averti, je désire continuer à manger de la dinde suisse. Aussi, je vous demande de soutenir les 52 exploitations agricoles de dindes suisses ainsi que toute la chaîne de transformation.» La plupart des halles d’engraissement se trouvent dans les cantons de Fribourg et de Vaud, alors que les dindes sont abattues à l’usine Micarna, à Courtepin.
Cette réaction fait suite à la volonté du grand distributeur de cesser d’acheter des dindes suisses. Daniel Blanc, directeur de l’Union des paysans fribourgeois, relève que dans notre pays les conditions d’élevage des animaux, tout comme leur abattage, sont strictes. Ce sont des gages de qualité pour le consommateur, souligne le directeur de l’UPF.
Autre préoccupation: la création d’une «étiquette CO2» destinée aux produits alimentaires afin de mieux sensibiliser les consommateurs. A l’image de ce qui se fait pour les appareils électroménagers, cette étiquette permettrait, par un code de couleur simple, de se rendre compte de l’énergie indispensable pour produire, transformer et transporter les aliments jusqu’aux étalages des magasins. Elle aurait comme base de calcul les émissions de CO2, soit la quantité de gaz carbonique.
Deux conseillers nationaux – le Jurassien Pierre Kohler, vice-président d’EL, et le Genevois Luc Barthassat, tous deux issus des rangs du Parti démocrate-chrétien – défendent ce concept. A la rentrée parlementaire, ils cosigneront une intervention qu’ils développeront cet automne devant la Chambre du peuple.
Le principe de classer des objets en fonction de leur émission de gaz carbonique n’est pas nouveau. En France, cette étiquette sera bientôt obligatoire sur tous les véhicules. En Suisse, elle est présente déjà sur les nouveaux véhicules mis en circulation. Le document est établi selon un calcul complexe, prenant en compte différents paramètres, dont l’émission de CO2.


Christophe Schaller
29 juillet 2006

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