MAGAZINE Interview mystère

«Je veux être un bon père»

Parler d’eux sous un autre jour: «La Gruyère» propose cet été l’interview mystère d’une dizaine de personnalités du Sud. L’occasion d’aborder tous les sujets, sauf ceux pour lesquels on les interroge habituellement. Quatrième épisode avec un homme pour qui tout tourne autour de la famille.


«Comme dans beaucoup de familles de l’Est, notre éducation a été très rigoureuse, mais aussi très famille»

 

– Quel est votre plus ancien souvenir d’enfance?
Les premières images qui me reviennent sont celles de la ferme à Cerniat. On y montait tous les week-ends. Et pour les vacances, mes grands-parents se joignaient à nous. Je garde des souvenirs très nets de mon grand-père, pourtant décédé alors que je n’avais pas six ans. On était dans le jardin, les ailes delta passaient au-dessus de nos têtes.
– Dans les cours d’école, vous étiez plutôt le timide ou le king de la récré?
A la récré, j’étais le king. J’étais de tous les jeux, de tous les coups. En classe par contre, ce n’était pas pareil, même si j’aimais bien l’école. J’étais moins doué que ma sœur par exemple. Je n’étais pas dans le peloton de tête. Disons que je prenais plutôt l’aspiration.

– Quel est le travail le plus étrange que vous ayez jamais fait?
Je n’ai jamais eu de job vraiment bizarre. Pendant mes études, j’ai été quatre ans gardien à la piscine de la Motta, mais ça n’entre pas tellement dans cette catégorie…

– Y a-t-il un voyage qui a influencé votre vie?
J’ai été très marqué par notre première visite en Tchécoslovaquie, le pays que mes parents avaient fui en 1970. Pour nous, les enfants, c’était une découverte. Pendant un mois, nous avons passé notre temps à rendre visite aux amis et aux gens que mes parents n’avaient pas revus depuis près de vingt ans. C’était fort.

– Vos parents ont choisi de quitter leur pays avant votre naissance. Est-ce que vous pensez que cela a eu une influence sur votre éducation?
Je ne crois pas. Comme dans beaucoup de familles de l’Est, notre éducation a été très rigoureuse, mais aussi très famille. En revanche, nous devons notre niveau de vie à leur choix de quitter leur pays. Cette décision n’avait pas été facile à prendre. On en a retenu que, dans la vie, tout n’arrive pas sur un plateau doré. Et que, parfois, pour avancer, il faut faire des choix difficiles.

– Dans quelle langue rêvez-vous?
Plutôt en français, même si parfois ça se mélangeait par le passé. Mais j’apprends ma langue maternelle à mes deux filles.

– Le fait d’être devenu père a-t-il changé votre manière de vivre?
Bien sûr, ça change beaucoup de choses. Je suis très famille: je me suis marié à 25 ans et la première de nos filles est née quand j’en avais 27. C’est avant tout pour ne plus être séparé d’elles et de ma femme que j’ai décidé de revenir à Fribourg.

– Et cet esprit de compétition qui vous habite, c’est aussi une histoire de famille?
Le sport en général a toujours été présent dans la famille. Natation, judo, foot… J’ai tout essayé. On ne nous a jamais poussés plus dans un sport que dans un autre. Mais, depuis toujours, notre vie a été rythmée par les entraînements: ceux de nos parents, comme joueurs ou comme entraîneurs, et les nôtres.

– L’image qu’on a de vous à travers les médias correspond-elle à ce que vous pensez être?
Je me suis prêté à pas mal d’interviews. Et je pense qu’à travers mes réponses les gens peuvent se faire une bonne idée de qui je suis. Pour l’instant, je n’ai pas eu à me plaindre des médias.

– Les dernières larmes que vous avez versées?
Quand j’ai quitté mon dernier club. Laisser cette équipe après cinq ans, c’était beaucoup d’émotions.

– Avez-vous le temps de ne rien faire?
Pas vraiment. Mais en fait je crois surtout que ce n’est pas mon truc. Chaque fois que je me dis «cet après-midi, je me pose et je ne fais rien», je n’en suis pas capable. Il y a toujours plein de choses à faire, à bricoler, à arranger quand on a une maison à soi. D’ailleurs, on a dû s’obliger à aller deux après-midi à la piscine pour ne rien faire là-bas. Les vacances farniente, ce n’est pas trop pour moi.

– Un rêve de jeunesse que vous n’avez pas encore réalisé?
J’ai toujours eu envie de sauter en parachute. Je me suis inscrit plusieurs fois, mais ça n’a jamais joué. Et maintenant que je suis papa, ma femme s’y oppose formellement. La chute libre restera donc un rêve. En revanche, j’en ai un autre que je compte bien concrétiser. Pour l’instant, j’ai essentiellement voyagé dans le cadre de mon travail, mais j’aimerais beaucoup réaliser un grand voyage avec ma famille.

– Si vous rencontriez Dieu, qu’aimeriez-vous qu’il vous dise?
«Tu es un bon père.» Pour moi, la famille est vraiment la chose la plus importante.

– Quelle question aimeriez-vous qu’on vous pose enfin?
«Est-ce vrai que vous tenez tout de votre mère?» Très souvent, on me pose cette question par rapport à mon père, alors que ma mère évoluait en réalité à un plus haut niveau. Et mon jeu se rapproche plus du sien.

Vos mains sont-elles le reflet de votre personnalité? Il faut avoir fait psycho pour répondre à des questions pareilles… Mais je pense que oui. Elles sont douces. Ce ne sont pas les mains de quelqu’un qui travaille à l’extérieur. Par contre, on voit que les articulations souffrent quand même de mes activités. Je porte mon alliance à la main droite parce que je ne peux plus la passer à mon annulaire gauche.

Si vous pensez avoir mis un nom sur notre personnage mystère, envoyez-nous votre réponse à redaction@lagruyere.ch

 

Du tac au tac
Un livre. La trilogie du Seigneur des anneaux. J’ai dévoré ces livres après la sortie du premier épisode du film. Et, dans la foulée, j’ai lu tout ce que j’ai trouvé de J.R.R. Tolkien.
Un film. Il y en aurait plein. Mais à mon hit-parade, les deux épisodes de Kill Bill ont détrôné Usual Suspects.
Une star. Michael Moore.
Un groupe qu’il adore. U2.
S’il devait rédiger son épitaphe. Mais c’est les autres qui doivent écrire ça!
Un juron. Casse-couilles.
Ce qu’il perd le plus facilement. Mes cheveux (rires).
Son ennemi préféré. Ma mémoire vive, avec laquelle je dois me battre sans cesse. Je suis capable d’aller en ville pour acheter une telle chose et de revenir avec cinq autres, sans ramener ce pourquoi je suis sorti.
Un objet de la vie moderne qu’il ne possède pas. Un micro-ondes. Je lui ai préféré un four à vapeur, meilleur du point de vue culinaire comme du point de vue de la santé.
Un geste de la vie quotidienne qu’il ne sait pas faire. Il faudrait demander à ma femme… («Le hula hoop», lui glisse l’aînée de ses filles).
S’il pouvait changer quelque chose de son apparence. Rien. Merci.
Une manie. Une fâcheuse tendance à faire les choses qui n’ont pas besoin d’être faites et à négliger ce qui devrait l’être. Je suis par exemple capable de laisser traîner des affaires pendant des semaines, alors que les livres et les CD sont toujours soigneusement classés par ordre alphabétique.
Une personnalité face à laquelle il serait intimidé. Nelson Mandela.

Mystère élucidé
Marie-Claire Dewarrat

Trente-trois personnes nous ont adressé la bonne réponse pour notre invité mystère de jeudi dernier. Il s’agissait de Marie-Claire Dewarrat, auteure installée à Châtel-St-Denis.

Sophie Roulin
25 juillet 2006

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