GRUYÈRE Entraide

Récup’ pour la bonne cause

Les bouchons des bouteilles en PET peuvent avoir une deuxième vie. Et en même temps rapporter des deniers à l’association Les P’tits Bouchons, qui vient en aide aux handicapés. Rencontre avec Armand Descuves qui occupe ses après-midi à récupérer les pièces de plastique dans les déchetteries de Bulle et La Tour.


A la déchetterie, Armand Descuves récupère entre six et huit cents bouchons à l’heure

 

Assis sur une chaise de bureau brinquebalante, Armand Descuves règne sur la cahute qui abrite les containers de récupération du PET. Que ce soit aux déchetteries de Bulle ou de La Tour, le retraité passe des heures à dévisser les bouchons des bouteilles. Il les récupère pour la bonne cause: celle de l’association Les P’tits Bouchons, qui vient en aide aux handicapés grâce à l’argent récolté en revendant les bouchons de plastique. Sa manière à lui d’aider ceux qui sont dans le besoin.
«Je ne viens pas tous les jours, mais quand j’ai un moment, je viens deux heures», explique le Tourain. Autour de lui, deux sacs plastique, l’un contenant les bouteilles bouchonnées et l’autre celles dont il vient de prélever le précieux sésame. «Je fais entre six et huit cents bouchons à l’heure, soit presque quatre kilos en deux heures.» Et à chaque habitant qui vient déposer ses déchets, il distribue un papillon expliquant ce qu’il fait.

De l’aide bienvenue
Certains le connaissent déjà et séparent eux-mêmes les bouchons des bouteilles à la maison. «Quand je ne suis pas là, il y a le bidon», précise-t-il en pointant du doigt un récipient vert placé devant les containers. A d’autres, il demande un peu d’aide pour dévisser leurs propres bouchons. «Des fois, à Bulle, j’en ai trois ou quatre autour de moi.» Armand Descuves espère bien que Les P’tits Bouchons deviennent une bonne habitude pour beaucoup. «Ça me faciliterait la tâche», ajoute-t-il en rigolant.
Pour sa part, il a découvert l’association et son action par le biais d’un de ses petits-fils, qui récoltait les bouchons dans le cadre de son école. «Une de mes filles habite près de Genève, je suis allé rencontrer les fondatrices à Meyrin. Depuis, une collaboration s’est mise en place.» Mais ce n’est pas la première fois que le retraité s’implique dans une association. Depuis quinze ans qu’il a quitté son poste de chef caissier – le dernier – de l’usine Nestlé, à Broc, il a œuvré pour la fondation ATD Quart-Monde, à Treyvaux.

Une idée à répandre
«J’ai toujours voulu occuper ma retraite. Et, tant qu’on a la santé, il faut en faire profiter ceux qui ont besoin de notre aide», ajoute-t-il tout en réajustant les sacs de plastique autour de ses cuisses. «Sinon j’en ai partout…» Pour preuve, ses mains qui deviennent de plus en plus collantes au fil de l’après-midi. Depuis deux ou trois ans qu’il vient régulièrement, il a noué des liens particuliers avec les employés des déchetteries, dont il loue la collaboration, tant à Bulle qu’à La Tour-de-Trême. De son côté, il leur prête main-forte pour trier les déchets qui ne sont pas du PET. «Et puis, c’est sympa. Parmi les clients, je revois des copains du ski, du vélo. Même de ceux du service militaire!»
Armand Descuves ne s’occupe pas en revanche de récupérer les bouchons dans les autres déchetteries. Mais il est ravi d’apprendre que certains villages se prêtent également au jeu. «Et c’est volontiers que je renseigne ceux qui ne connaîtraient pas encore Les P’tits Bouchons.» S’il passe volontiers quelques après-midi assis à trier le PET, il se garde également du temps pour d’autres activités, comme le jardinage ou le sport. Il est d’ailleurs venu à la déchetterie au guidon de son vélo, un sac sur le dos. Et de philosopher: «Ce que je fais est une goutte d’eau dans la mer, mais la mer est faite de gouttes d’eau.»

Plus d’infos sur www.lesptitsbouchons.com

Sur les traces de Bigard

L’association Les P’tits Bouchons existe depuis août 2003. Fondée par deux Genevoises, Valérie et Georgette Di Fabrizio, elle suit les traces de sa grande sœur française Les Bouchons d’amour, parrainée par Jean-Marie Bigard. L’objectif est de récolter les bouchons des bouteilles PET. Ces derniers sont ensuite revendus à des entreprises de récupération, notamment à Gross & Fils SA, à Ecuvillens.
Avec l’argent ainsi récolté, Les P’tits Bouchons acquièrent du matériel pour handicapés: déambulateurs, fauteuils roulants, fauteuils roulants pour le sport… L’association participe également aux frais engendrés par l’éducation des chiens pour aveugles en faisant des dons à la Fondation Ecole romande pour chiens-guides d’aveugles, à Brenles (VD).
Pour faciliter la vie des gens qui la soutiennent, l’association vend même des écrase-bouteilles via son site internet. Car, même si l’on désire rendre service en récupérant les bouchons soi-même, il faut continuer à réduire le volume des déchets. «Nous pouvons vous affirmer que les bouteilles écrasées sans le bouchon ne se regonflent pas», expliquent les responsables des P’tits Bouchons.

 

Sophie Roulin
25 juillet 2006

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