TENNIS Coupe Davis

Une présence indispensable

Le travail de ramasseur de balles ne paie pas de mine, mais il est essentiel lors d’un match de tennis. Experte en la matière, Kay Diethelm s’est occupée des jeunes qui seront sur le court ce week-end, à l’occasion de la Coupe Davis à Fribourg.


Kay Diethelm (à droite): «Une quantité de petites choses, auxquelles les téléspectateurs ne font pas attention, sont très importantes

 

Depuis 40 ans, Kay Diethelm fait partie du paysage tennistique genevois et helvétique. En effet, cette Anglaise forme depuis de très nombreuses années les ramasseurs de balles du tournoi Challenger de Genève. De plus, elle s’est occupée, pendant quinze ans, des interclubs juniors au sein de Swiss tennis.
C’est à son expérience que les organisateurs fribourgeois ont fait appel. Coupe Davis oblige, de nouveaux ramasseurs de balles doivent être formés dans le canton.

La sélection des ramasseurs de balles
Chaque tournoi forme ses propres ramasseurs de balles. Il n’y a aucune règle ni critère officiel, les ramasseurs varient en fonction des compétitions. Par exemple, des marines américains fournissent les balles aux joueurs de l’US Open. Autrefois, des orphelins avaient l’honneur de fouler le gazon de Wimbledon. Plus récemment, des mannequins jouant au ball boys avaient provoqué de nombreuses réactions à Madrid. Parfois, les sélections sont très poussées. Roland-Garros impose, par exemple, des critères très stricts. Les enfants ne doivent pas mesurer plus de 171 cm ni porter de lunettes ou de verres de contact. Pour avoir la chance de côtoyer les stars de la terre battue, les enfants doivent carrément réussir des tests. Ils sont jugés sur leur vitesse, leur résistance ou encore leur adresse au lancer.
Concernant la Coupe Davis de ce week-end à Fribourg, les critères sont beaucoup moins exigeants. Les organisateurs font simplement confiance aux cadres nationaux et cantonaux. Pour Kay Diethelm, le fait que les ramasseurs de balles pratiquent eux-mêmes du tennis est important. «Ils comprennent mieux les réactions des joueurs. Ils sont plus attentifs et respectueux.»

La formation
Durant ce week-end, 20 jeunes auront l’occasion de suivre cette rencontre de Coupe Davis sur le court. En compagnie de Kay Diethelm, ils se sont entraînés à deux reprises, la semaine dernière, au centre de tennis d’Agy. Ces derniers jours, les ball boys ont pu prendre leurs repères sur le terrain de Forum Fribourg.
Durant ces séances, Kay Diethelm a surtout insisté sur la vitesse et la discrétion. «Il faut toujours rester tranquille et très attentif», avertit la spécialiste.
En début de séance, le roulement de la balle a été au centre des préoccupations. «Cela a l’air facile comme ça, mais ce n’est vraiment pas évident, commente la Genevoise d’adoption. Il ne faut pas que la balle rebondisse ou qu’elle soit imprécise. Pour un lancer parfait, il faut plier les genoux et casser le poignet.»
Ensuite, les jeunes se sont entraînés à transmettre la balle dans la raquette des joueurs. «Il faut faire très attention. Une balle mal lancée ou mal dosée peut atterrir dans la figure du joueur.» Ensuite, les ramasseurs de balles ont été formés à entrer sur le court, durant les pauses des joueurs. Chacun doit savoir où est sa place, car une pause ne dure que 1’30.

Les petits détails qui font la différence
Tout semble donc organisé et bien rodé. «Il faut toujours se méfier, prévient Kay Diethelm. Une quantité de petites choses, auxquelles les téléspectateurs ne font pas attention, sont très importantes.»
Par exemple, les ramasseurs de balles ne doivent rien avoir dans leurs poches, comme de la monnaie. Ils ne doivent pas non plus porter de montre. Les reflets des lumières pourraient gêner les caméras.
Lors des tournois importants, les enfants doivent aussi faire attention à ne pas se retrouver devant le visage du joueur. Cela pourrait empêcher le téléspectateur de voir l’expression du sportif.
De plus, les ramasseurs de balles sont obligés de porter une tenue sombre, pour ne pas gêner les joueurs. «Tous ces détails sont minimes, mais très importants pour le bon déroulement d’un match», conclut Kay Diethelm.

Ramasseur de balles peut aussi créer des vocations. Roger Federer n’a-t-il pas été ball boys au tournoi de Bâle?

Federer indispensable?

Cette année, le numéro un mondial Roger Federer ne sera pas présent avec l’équipe de Suisse. Certaines mauvaises langues ont «descendu» le Bâlois, l’accusant d’avoir laissé tomber son pays. «Sans lui, la Suisse n’a aucune chance de franchir le premier tour», a-t-on pu lire. D’autres, comme les joueurs, ne voient pas le retrait de Federer sous cet angle.
Pour le capitaine Rosset, cette absence laisse une place de libre en simple et en double. «Ce sera peut-être l’occasion pour certains de découvrir la Coupe Davis, d’acquérir de l’expérience.» Le grand blond ne voit pas le désistement de Roger comme un handicap. «Roger est une bombe à oxygène. C’est clair que s’il est parmi nous, nous pouvons compter sur lui. Aujourd’hui, les joueurs doivent prendre leurs responsabilités et prouver qu’ils méritent d’être présents à Fribourg.» Le capitaine ajoute encore que lui-même rêverait d’avoir 20 ans pour se retrouver face à cette situation. «Ils peuvent avoir leur heure de gloire. Ils n’ont rien à perdre, et je suis certain qu’ils sont capables de faire gagner l’équipe.»
Nouveau leader de l’équipe nationale, Stanislas Wawrinka tient le même discours que son capitaine: «C’est à nous de bien jouer, pour que Federer ait envie de revenir avec nous.»
Traditionnel partenaire de double du Bâlois, Yves Allegro ne se sent pas complètement perdu par rapport à l’absence du champion. «Je suis presque certain de jouer en double contre la Hollande. Maintenant, je n’ai pas de préférence quant à mon partenaire. J’ai déjà évolué avec chacun d’entre eux et en plus, l’ambiance est excellente.»

Venez nombreux!
En bon leader, Stanislas Wawrinka conclut en sonnant la charge envers le public: «Nous avons besoin de nos supporters. Je n’ai qu’une chose à dire: venez nombreux!»

 

Tour du monde raté

Le destin de Kay Diethelm est assez particulier. «Je voulais réaliser le tour du monde, se souvient la future Genevoise. Mais mon aventure a tourné court. Lors de ma première halte en Suisse, j’ai rencontré mon mari et depuis, je suis toujours là.»
La jeune femme s’est alors lancée dans le tennis, disputant les interclubs avec le club formateur de Marc Rosset. Impliquée, elle a aussi entraîné les débutants. «Je connais d’ailleurs Marc depuis qu’il a cinq ans. Malheureusement pour moi, il était déjà trop fort pour mes cours.» Aujourd’hui, Kay Diethelm entraîne toujours.

 

Valentin Castella
3 mars 2005

Une I Editorial I Gruyere I Veveyse/Glâne I Fribourg

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