Y
a-t-il une clinique privée de trop dans le canton, qui en compte
trois? Ou comment répartir au mieux les 110 lits privés
envisagés à terme par la planification cantonale? Pour
y voir clair, une étude spécifique à la prise en
charge des soins dans les établissements privés va être
réalisée ces prochains mois. «Les résultats
de lexpertise et la décision du Conseil dEtat tomberont
cette année encore», déclare Ruth Lüthi, directrice
de la Santé.
Maintenant que la planification des hôpitaux publics est terminée
et bientôt concrétisée partout (restent Billens
et Meyriez), le canton sattaque au secteur privé, non subventionné:
à savoir lhôpital Daler ainsi que les cliniques Sainte-Anne
et Garcia, tous trois à Fribourg. Comme le précise Patrick
Andenmatten, économiste au Service cantonal de la Santé
publique, «la LAMal oblige les cantons à planifier le secteur
hospitalier en prenant en compte de manière adéquate les
organismes privés».
Surcapacités, doublons, personnel sous-employé, difficultés
financières: les assureurs maladie regroupés au sein de
Santésuisse ne sont pas les seuls à mettre les bâtons
dans la fourmilière privée, eux qui ont déposé
un recours au Conseil fédéral contre la liste des hôpitaux
et des cliniques (La Gruyère du 3 février). Lune
des raisons de lactuelle remise à plat réside dans
le fait quorthopédie et maternité figuraient en
bonne place sur les trois sites, avant que Garcia renonce spontanément
à sa maternité. De plus, ces trois cliniques atteignent,
selon les sources, un taux doccupation moyen de seulement 65%.
Et près de 70% des cas soignés sont pris en charge par
lassurance obligatoire des soins (chambres communes).
Voilure
déjà réduite
Faute de comptes dexploitation publiés, difficile
dévaluer les chances de survie des uns et des autres. Daler
paraît néanmoins mieux armé que Sainte-Anne et surtout
Garcia. Ces établissements ont déjà été
contraints par le canton à réduire leur voilure: de 169
lits autorisés jusquà lan passé, ils
sont passés à 137, pendant que les hôpitaux publics
supprimaient 79 lits pour les soins aigus (de 661 à 582). «Fribourg
na pas besoin de tous ces lits pour couvrir les besoins de la
population au sens de la LAMal», insiste Sébastien Ruffieux,
secrétaire général de Santésuisse-Fribourg.
Quen pensent les responsables des cliniques? Echaudé par
des articles de presse à la suite de trois licenciements récents,
le directeur de Sainte-Anne, Jean-Marc Zumwald, garde un silence poli.
A Garcia, la clinique se remet sur les rails, après avoir frisé
le code: nouvelle équipe au conseil et arrivée du directeur
français François de Palmaert. On nest pas loin
de penser que des doublons pourraient être évités
en répartissant mieux les rôles entre les acteurs. Cest
du moins lavis dAndré Vienny, un des administrateurs
de la clinique qui a perdu jusquà 100000 francs par mois.
Une ardoise épongée avec de moins en moins dentrain
par la congrégation religieuse propriétaire de la maison.
Rudolf Knoblauch, directeur de Daler, va plus loin encore: «Il
y a clairement surcapacité», déclare-t-il en pointant
du doigt les journées dhospitalisation perdues à
hauteur de 30% par les privés fribourgeois ces dix dernières
années, selon lui. Réduire progressivement le nombre de
lits? «Cela ne diminue pas les frais dinfrastructure tout
en posant le problème de la taille critique.» Et dajouter:
«Il y a clairement une clinique de trop.» Le patron de Daler,
dont les reins financiers sont les plus solides du trio, ne craint visiblement
pas une concurrence accrue.
Sauf quil ne croit pas au centralisme étatique: les spécialités
dun hôpital dépendent en effet fortement des médecins
qui y travaillent. Ruth Lüthi, elle, nexclut pas de centraliser
les prestations pour des questions déconomies déchelle,
à limage de ce qui sest fait dans les hôpitaux.
Quoi quil en soit, les changements nentreront pas en force
avant une période de transition de quelques années.
Qui
paie commande
Reste que les cliniques «couvrent des besoins que les hôpitaux
publics ne pourraient assumer en létat si on fermait une
des trois cliniques», rappelle le spécialiste de la question,
Patrick Andenmatten. Et comme pour compliquer les choses, tout devrait
changer dès 2008 puisquon sachemine vers une prise
en charge partielle des coûts des cliniques par les cantons. Et
comme dit ladage: qui paie commande
En
résumé
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SAINTE-ANNE
(Pérolles)
Fondation: 1932. Lits/occupation: 53,70%. Personnel: 150
(100 EPT). Spécialités: médecine interne,
chirurgie, gynécologie, obstétrique, radiologie,
anesthésio-logie et réanimation. Statut: société
anonyme aux mains du Genevois Marcel Morard (60% du capital-actions)
et de médecins avec le directeur (40%).
GARCIA
(Pérolles)
Fondation: 1905. Lits/occupation: 32 lits, non communiqué.
Personnel: 120. Spécialités: médecine interne,
chirurgie (surtout orthopédique), radiologie, anesthésio-logie
et réanimation. Statut: société anonyme
propriété des Surs de Saint-Thomas de Villeneuve
(France).
HÔPITAL
DALER (Bertigny)
Fondation: 1917. Lits/occupation: 52 lits, 90%. Personnel: 180
(130 EPT). Spécialités: médecine interne,
chirurgie, gynécologie, obstétrique, ophtalmologie,
etc. Statut: fondation de droit privé reconnue dutilité
publique, créée par le legs de la fortune de Jules
Daler (commerçant et banquier, 1824-1889) à la
paroisse réformée en vue de créer un hôpital.
Sources fournies par les cliniques et la liste des hôpitaux
du cantonz
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