La prochaine première
citoyenne du pays est Bulloise de cur. Née le 17 mai 1948,
celle qui a fait toute sa scolarité primaire et fréquenté
linstitut Ste-Croix, à Bulle, devrait accéder au
perchoir du Conseil national la semaine prochaine. Thérèse
Meyer-Kaelin est proposée par le groupe parlementaire du Parti
démocrate-chrétien pour succéder à Jean-Philippe
Maitre, atteint dans sa santé.
Est-ce que ses parents ont des craintes pour elle? «On est blindé»,
lâche son papa, le notaire Henri Kaelin, installé à
Bulle depuis 1946. Son épouse Augusta, plus connue sous le surnom
de Tuti, lâche: «Elle nest pas slalomeuse et ne va
pas changer. Car, moi, je naime pas les politiciens qui slaloment
avec les idées. Elle a accepté dêtre candidate,
elle va assumer cette charge. On va prier pour elle.»
«A moitié
Tessinoise»
Même si elle na pas été vice-présidente
du Conseil national, avant daccéder au perchoir, Thérèse
Meyer fait de la politique depuis vingt-cinq ans. Elle marche en quelque
sorte sur les pas de Joseph Kaelin, son grand-père, président
du Grand Conseil fribourgeois à trois reprises dans sa carrière.
La politique est presque une seconde nature pour Thérèse
Kaelin qui a épousé en 1970 Claude Meyer. Par cette union,
elle est devenue bourgeoise de Cerniat. La conseillère nationale
préside dailleurs lAssociation des Cerniatins du
dehors. Pour son papa Henri, âgé de 85 ans, Thérèse
est «optimiste, tout en étant réaliste». «Elle
a aussi un grand pouvoir de persuasion», renchérit Tuti.
Sans oublier le don des langues quavait sa grand-mère Sophie
Kaelin: la future présidente du Conseil national sexprime
bien en italien, en castillan, en anglais et en allemand. «Un
peu moins en suisse allemand», roucoule Tuti avec le joli accent
tessinois que la bourgeoise de Lugano na pas perdu depuis quelle
est arrivée à Fribourg. Ce canton est sa terre dadoption,
dès les années 1940, période durant laquelle elle
a étudié les lettres à lUniversité
de Fribourg.
Le charisme de Thérèse est un héritage évident
de Tuti, sa généreuse et souriante maman. «Je dis
toujours quelle est à moitié Tessinoise! Et jen
suis fière», lance Tuti Kaelin, qui trouve très
bien que ce ne soit pas seulement des avocats ou des notaires qui fassent
de la politique et président les parlements. «Cest
aussi bien davoir des gens qui parlent avec le cur et restent
fidèles à leurs engagements», souligne-t-elle.
Grand-maman dynamique
Laborantine médicale de formation, mariée et mère
de trois enfants, Thérèse Meyer a quatre petits-enfants,
la dernière de ses trois petites-filles, Léa, étant
née le 2 février. Elle ne rechigne pas à se mettre
aux casseroles pour préparer un repas de famille ou aider sa
maman à apprêter son fameux pâté froid très
apprécié à la fête de Noël. Thérèse
Meyer prend encore du temps pour chanter «ça, cest
la famille Kaelin, évidemment» dit Tuti ainsi que
faire du ski, du tennis et du jogging. Avoir du souffle, important pour
diriger les débats du Parlement fédéral.
Réception
à Bulle?
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Atteint
à Berne, lors de la session parlementaire, le syndic
de Bulle se réjouit de la future élection de Thérèse
Meyer à la présidence du Conseil national: «Cet
honneur échoit rarement à une personnalité
fribourgeoise. La dernière fois que cest arrivé,
cétait en 1968, avec Max Aebischer. Le démocrate-chrétien,
que lon croise régulièrement à Fribourg,
a plus de 90 ans, est originaire de Bellegarde.»
LExécutif bullois na pas encore réfléchi
à une éventuelle réception de la présidente
Thérèse Meyer dans le chef-lieu gruérien.
«A titre personnel, je peux très bien mimaginer
une réception qui ne serait pas nécessairement
publique. Cela pour respecter le vu de Thérèse
Meyer qui souhaite un accueil sur le mode mineur dans sa ville
dEstavayer-le-Lac, compte tenu de la maladie de Jean-Philippe
Maitre», conclut le conseiller national bullois.
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Un
audacieux pari
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Portée
à deux contre un par le groupe démocrate-chrétien
du Parlement fédéral, la conseillère nationale
Thérèse Meyer-Kaelin accédera sans doute
au perchoir de la Chambre du peuple mardi prochain 8 mars. Succédant
au Genevois Jean-Philippe Maître, démissionnaire
pour raison de santé, elle deviendra, pour huit mois
et 24 ans après Laurent Butty, dernier Fribourgeois auquel
a échu cet honneur, la personnalité la plus élevée
du pays.
La Fribourgeoise relève un pari difficile. Prendre le
train en marche derrière le flamboyant Jean-Philippe
Maître, issu de la Genève internationale, na
déjà rien dévident. Mais il ne faut
décidément pas avoir froid aux yeux pour présider
le Conseil national, voire lAssemblée fédérale,
sans lexpérience préalable dune deuxième,
puis dune première vice-présidence et sans
même être membre du bureau.
Apparemment, Thérèse Meyer-Kaelin ne craint pas
ce manque de métier. Entrée au National en cours
de législature, en remplacement dun Joseph Deiss
élu au Gouvernement, elle sest très vite
adaptée à Berne et cela jusque dans les travées
alémaniques et tessinoises.
Son talent? Rassembler, au-delà des partis et des régions
linguistiques, selon le principe un petit pas qui fonctionne
vaut mieux quun grand qui échoue. Mis au point
avec un quatuor composé dun représentant
de chaque parti gouvernemental, le congé maternité
avalisé par le peuple constitue un modèle du genre.
Mais nombre de dossiers sociaux quelle a traités
sont marqués de cette même recherche du compromis.
Ainsi les primes pour enfants dans lassurance maladie,
la flexibilisation de lâge de la retraite ou labaissement
du seuil daccès au 2e pilier.
Est-ce à cause de ce savoir-faire? Son parti lui fait
confiance et personne, dans les autres formations, ne conteste
sa candidature. Au PDC, certains commencent certes à
trouver les Fribourgeois bien servis avec, déjà,
un Joseph Deiss au Conseil fédéral et un Dominique
de Buman à la vice-présidence. Mais on sincline,
se préparant surtout à contester la présidence
du groupe à un Fribourgeois, lors du départ programmé
du Valaisan Jean-Michel Cina. Dans les autres partis comme chez
les confrères, on a conscience que la présidence
du National perdra en talent oratoire, mais pas forcément
en rayonnement ni en efficacité.
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