GRUYÈRE Conseil national

Thérèse Meyer au perchoir

Thérèse Meyer-Kaelin sera élue la semaine prochaine présidente du Conseil national. A 57 ans, elle deviendra la première citoyenne du pays. Ses parents Tuti et Henri Kaelin, qui habitent Bulle depuis cinquante-neuf ans, parlent de leur fille «à moitié Tessinoise».


Thérèse Meyer-Kaelin devrait remplacer Jean-Philippe Maitre au perchoir du Conseil national

 

La prochaine première citoyenne du pays est Bulloise de cœur. Née le 17 mai 1948, celle qui a fait toute sa scolarité primaire et fréquenté l’institut Ste-Croix, à Bulle, devrait accéder au perchoir du Conseil national la semaine prochaine. Thérèse Meyer-Kaelin est proposée par le groupe parlementaire du Parti démocrate-chrétien pour succéder à Jean-Philippe Maitre, atteint dans sa santé.
Est-ce que ses parents ont des craintes pour elle? «On est blindé», lâche son papa, le notaire Henri Kaelin, installé à Bulle depuis 1946. Son épouse Augusta, plus connue sous le surnom de Tuti, lâche: «Elle n’est pas slalomeuse et ne va pas changer. Car, moi, je n’aime pas les politiciens qui slaloment avec les idées. Elle a accepté d’être candidate, elle va assumer cette charge. On va prier pour elle.»

«A moitié Tessinoise»
Même si elle n’a pas été vice-présidente du Conseil national, avant d’accéder au perchoir, Thérèse Meyer fait de la politique depuis vingt-cinq ans. Elle marche en quelque sorte sur les pas de Joseph Kaelin, son grand-père, président du Grand Conseil fribourgeois à trois reprises dans sa carrière. La politique est presque une seconde nature pour Thérèse Kaelin qui a épousé en 1970 Claude Meyer. Par cette union, elle est devenue bourgeoise de Cerniat. La conseillère nationale préside d’ailleurs l’Association des Cerniatins du dehors. Pour son papa Henri, âgé de 85 ans, Thérèse est «optimiste, tout en étant réaliste». «Elle a aussi un grand pouvoir de persuasion», renchérit Tuti.
Sans oublier le don des langues qu’avait sa grand-mère Sophie Kaelin: la future présidente du Conseil national s’exprime bien en italien, en castillan, en anglais et en allemand. «Un peu moins en suisse allemand», roucoule Tuti avec le joli accent tessinois que la bourgeoise de Lugano n’a pas perdu depuis qu’elle est arrivée à Fribourg. Ce canton est sa terre d’adoption, dès les années 1940, période durant laquelle elle a étudié les lettres à l’Université de Fribourg.
Le charisme de Thérèse est un héritage évident de Tuti, sa généreuse et souriante maman. «Je dis toujours qu’elle est à moitié Tessinoise! Et j’en suis fière», lance Tuti Kaelin, qui trouve très bien que ce ne soit pas seulement des avocats ou des notaires qui fassent de la politique et président les parlements. «C’est aussi bien d’avoir des gens qui parlent avec le cœur et restent fidèles à leurs engagements», souligne-t-elle.

Grand-maman dynamique
Laborantine médicale de formation, mariée et mère de trois enfants, Thérèse Meyer a quatre petits-enfants, la dernière de ses trois petites-filles, Léa, étant née le 2 février. Elle ne rechigne pas à se mettre aux casseroles pour préparer un repas de famille ou aider sa maman à apprêter son fameux pâté froid très apprécié à la fête de Noël. Thérèse Meyer prend encore du temps pour chanter – «ça, c’est la famille Kaelin, évidemment» dit Tuti – ainsi que faire du ski, du tennis et du jogging. Avoir du souffle, important pour diriger les débats du Parlement fédéral.

Réception à Bulle?

Atteint à Berne, lors de la session parlementaire, le syndic de Bulle se réjouit de la future élection de Thérèse Meyer à la présidence du Conseil national: «Cet honneur échoit rarement à une personnalité fribourgeoise. La dernière fois que c’est arrivé, c’était en 1968, avec Max Aebischer. Le démocrate-chrétien, que l’on croise régulièrement à Fribourg, a plus de 90 ans, est originaire de Bellegarde.»
L’Exécutif bullois n’a pas encore réfléchi à une éventuelle réception de la présidente Thérèse Meyer dans le chef-lieu gruérien. «A titre personnel, je peux très bien m’imaginer une réception qui ne serait pas nécessairement publique. Cela pour respecter le vœu de Thérèse Meyer qui souhaite un accueil sur le mode mineur dans sa ville d’Estavayer-le-Lac, compte tenu de la maladie de Jean-Philippe Maitre», conclut le conseiller national bullois.

 

Un audacieux pari

Portée à deux contre un par le groupe démocrate-chrétien du Parlement fédéral, la conseillère nationale Thérèse Meyer-Kaelin accédera sans doute au perchoir de la Chambre du peuple mardi prochain 8 mars. Succédant au Genevois Jean-Philippe Maître, démissionnaire pour raison de santé, elle deviendra, pour huit mois et 24 ans après Laurent Butty, dernier Fribourgeois auquel a échu cet honneur, la personnalité la plus élevée du pays.
La Fribourgeoise relève un pari difficile. Prendre le train en marche derrière le flamboyant Jean-Philippe Maître, issu de la Genève internationale, n’a déjà rien d’évident. Mais il ne faut décidément pas avoir froid aux yeux pour présider le Conseil national, voire l’Assemblée fédérale, sans l’expérience préalable d’une deuxième, puis d’une première vice-présidence et sans même être membre du bureau.
Apparemment, Thérèse Meyer-Kaelin ne craint pas ce manque de métier. Entrée au National en cours de législature, en remplacement d’un Joseph Deiss élu au Gouvernement, elle s’est très vite adaptée à Berne et cela jusque dans les travées alémaniques et tessinoises.
Son talent? Rassembler, au-delà des partis et des régions linguistiques, selon le principe un petit pas qui fonctionne vaut mieux qu’un grand qui échoue. Mis au point avec un quatuor composé d’un représentant de chaque parti gouvernemental, le congé maternité avalisé par le peuple constitue un modèle du genre. Mais nombre de dossiers sociaux qu’elle a traités sont marqués de cette même recherche du compromis. Ainsi les primes pour enfants dans l’assurance maladie, la flexibilisation de l’âge de la retraite ou l’abaissement du seuil d’accès au 2e pilier.
Est-ce à cause de ce savoir-faire? Son parti lui fait confiance et personne, dans les autres formations, ne conteste sa candidature. Au PDC, certains commencent certes à trouver les Fribourgeois bien servis avec, déjà, un Joseph Deiss au Conseil fédéral et un Dominique de Buman à la vice-présidence. Mais on s’incline, se préparant surtout à contester la présidence du groupe à un Fribourgeois, lors du départ programmé du Valaisan Jean-Michel Cina. Dans les autres partis comme chez les confrères, on a conscience que la présidence du National perdra en talent oratoire, mais pas forcément en rayonnement ni en efficacité.

 

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