AUTOMOBILISME
Frédéric yerly
Il
ne roulera plus en solitaire
Frédéric
Yerly aborde son troisième championnat de Suisse de Renault speed
trophy. Au pied du podium lan passé, le Gruérien espère
faire encore mieux cette saison. Pour y parvenir, le pilote dEcharlens
a intégré le Team Duprey compétition. Dont lautre
pilote, le Français Arnaud Duprey, a terminé 4e du dernier
championnat dEurope.
Véritable
amateur, Frédéric Yerly consacre la majeure partie de son
temps et de son argent à sa Renault Clio coupe
|
La carrière
amateur de Frédéric Yerly dans le sport automobile aurait
pu sachever en mai 2001 sur le Salzburgring autrichien. Le deuxième
Grand Prix du Gruérien en Renault speed trophy (voir encadré)
virait au cauchemar. Peu aguerri aux circuits, le pilote issu des courses
de côte commettait la faute et envoyait son bolide dans les décors.
Si lhomme sen sortait indemne, la structure de la Clio RS
coupe était totalement détruite. «Je venais de débourser
péniblement 40000 francs pour acquérir cette voiture,
raconte ce peintre en carrosserie de métier. Si mon entourage
navait pas cru en moi, laventure aurait pris fin.»
Un souper de soutien organisé à la hâte, lachat
dune nouvelle coque (10000 francs), un mois de travail pour remonter
la structure avec laide de quelques amis, et Frédéric
Yerly pouvait quitter les stands après avoir manqué trois
manches au programme. Tout en découvrant les différents
circuits et lart du pilotage en peloton, le sociétaire
du Gruyère Racing Team décrochait le 9e rang final du
championnat de Suisse sur 27 participants. Une performance plus quhonorable
pour un novice. «Dans un championnat de marque, seuls les habitués
maîtrisant les petites astuces simposent. Les performances
des véhicules sont très proches. Il faut donc savoir saisir
sa chance à la moindre occasion. Outre le pilotage, la différence
se fait essentiellement sur le réglage de la géométrie
et de la pression des pneus, le moteur et la boîte de vitesses
étant plombés.»
Heureuse rencontre
Durant la deuxième partie de la saison 2002, le pilote dEcharlens
faisait preuve dune belle régularité, ponctuée
par une 4e place au classement général final. Avec notamment
une victoire à la course de côte des Rangiers et surtout
une 2e place sur le circuit de Magny-Cours lors de la finale du championnat.
«En cours de saison, jai fait la connaissance dArnaud
Duprey [n.d.l.r.: pilote français confirmé, 4e du championnat
dEurope lan passé], explique le Gruérien.
Grâce à lui, jai mieux compris le fonctionnement
de ma voiture. Il ma donné des conseils de pilotage et
de mise au point. Les résultats ne se sont pas fait attendre.»
La complicité entre les deux hommes pourra grandir durant la
saison à venir, Frédéric Yerly (27 ans) ayant décidé
dintégrer le Team Duprey compétition sur les conseils
du Français, qui salignera cette saison en championnat
de Suisse aux côtés du Gruérien. «Comme jai
débuté assez tardivement dans le sport automobile, ma
marge de progression est encore considérable, expose le pilote
dEcharlens. Mais, en restant seul, jaurais commencé
à stagner. Jai atteint un niveau où jai besoin
daide. Je pourrai profiter de lexpérience et du talent
dArnaud pour gravir des échelons.» Sans compter lapport
de Patrick Seydoux et Frédéric Grand, les deux fidèles
mécanos du Gruérien.
Sans prétention
Cette saison, le Gruérien visera une place sur le podium.
«Arnaud devrait booster mes performances. Il sagira de tenir
son rythme. Mais je ne me mets aucune pression. Lan passé,
jai pris lhabitude de courir sans prétention. Cette
manière dappréhender les épreuves me réussit.
Mais il ne faut pas oublier que la mécanique peut parfois nous
jouer des mauvais tours.» La figure de proue du Gruyère
Racing Team accorde également une grande importance à
la psychologie. «Pour être performant, il faut être
bien dans sa tête. Lentourage personnel joue un rôle
prépondérant.» Soutenu par sa famille, sa copine,
ses amis et son patron carrossier, le Gruérien a la chance dévoluer
lesprit libéré.
Pour Frédéric Yerly, les lacets des Grands Prix et des
courses de côte pourraient très bien se transformer en
ligne droite vers le succès.
PROGRAMME
Championnat de Suisse de Renault speed trophy (11 courses)
11 mai: Grand Prix de Varano (Italie). 1er juin: Grand Prix de Salzbourg
(Autriche), double manche. 22 juin: Grand Prix de Dijon (France), double
manche. 12 juillet: slalom dInterlaken. 27 juillet: course de
côte dAnzère. 7 septembre: course de côte du
Gurnigel. 28 septembre: A1 ring (Autriche), double manche. 12 octobre:
finale, à définir.
Une
vraie voiture de course
|
Sur la base
de la Renault Clio sport 2 litres, apparue en décembre
1999, la marque a donné naissance à une version
coupe, préparée pour la course. Cette petite bombe
des circuits est, entre autres améliorations, équipée
dune boîte de vitesses six rapports à commande
séquentielle et dun boîtier modifié,
ce qui fait passer la puissance à quelque 200 CV, pour
une vitesse de pointe de 220 km/h. Lintérieur est
complètement dépouillé ne reste
que le siège, remplacé par un siège baquet,
alors que le tableau de bord est réduit à sa plus
simple expression. Il est équipé de tous les systèmes
de sécurité actuels, tels quarceau cage,
harnais, extincteur et coupe-circuit. La coque est en outre
renforcée.
La Coupe Clio rencontre un succès grandissant sur tous
les circuits dEurope, tant auprès des pilotes que
des spectateurs. Près de 500 voitures sont engagées
dans les neuf championnats nationaux ainsi que dans le championnat
international. En Grande-Bretagne, par exemple, les Grands Prix
attirent de 20000 à 30000 spectateurs et sont retransmis
à la télévision.
Le championnat de Suisse, ouvert à toutes les nationalités
de pilotes, est apparu en 2001 sous lappellation Renault
speed trophy. La majorité des 11 courses se déroule
sur des circuits français, italiens ou autrichiens, où
quelque 40 pilotes se disputent la victoire. Seuls trois rendez-vous
ont lieu sur sol helvétique courses de côte
ou slaloms ce qui permet à la coupe dêtre
homologuée dans notre pays.
|
Les
copains dabord
|
Passionné
de voiture depuis sa plus tendre enfance, Frédéric
Yerly a fait ses débuts de pilote amateur en 1996, à
lâge de 20 ans. «Lorsque je voyais Frédéric
Grand et mes copains du Gruyère Racing Team disputer
des slaloms dans la région, jai voulu tenter lexpérience.»
Le Gruérien se lance alors dans le sport automobile et
saligne sur des slaloms en Suisse romande dans la catégorie
non-licenciés, au volant dune Renault 5 GT turbo,
puis dune VW Polo G40.
«Avec les slaloms, jai beaucoup appris, explique
le pilote dEcharlens. Mais, au bout dune quinzaine
dépreuves, cela devenait monotone. Et jadmirais
les copains qui disputaient les courses de côte.»
En 1999, lhomme se décide à prendre sa première
licence, et prend part à quasiment toutes les courses
de côte du championnat de Suisse au volant dune
Peugeot 106, dans la plus petite catégorie (moins de
1400 cm3).
En 2001, le pilote du Gruyère Racing Team se laisse tenter
par le Renault speed trophy. Mais sa troisième saison
dans ce championnat de Suisse de marque pourrait bien être
la dernière, car Renault ne sest pour linstant
engagé que jusquà la fin de lannée.
Frédéric pourrait alors se tourner vers le championnat
de France. «Pour autant que mon budget me le permette»,
nuance-t-il.
Car la passion que le Gruérien voue à son sport
a un prix. «Mon budget est de 70000 francs. Je le réunis
grâce à quelques sponsors et des actions diverses.
Et, la saison dernière, les primes récoltées
ont constitué une petite base pour cette année.
Mais je finance personnellement la plus grande partie.»
Sans compter les heures passées à bichonner son
bolide. «Après une course, je consacre trois soirs
par semaine et un samedi pour remettre en état et contrôler
ma voiture. Plus une centaine dheures durant la trêve
hivernale.» Et, sil y a de la tôle froissée,
le peintre en carrosserie peut compter sur son patron, toujours
prêt à lui donner un coup de main.
|
Une
I Editorial I Gruyere
I Veveyse/Glâne I Fribourg
Droits
de reproduction et de diffusion réservés © La Gruyère
2003 Usage strictement personnel
|