«Vraie» saison qui commence et lutte de tous les instants pour les acteurs, moment d’intenses émotions et de spectacle pour le public: la période des play-off cultive cette saveur particulière que la saison régulière ne procure pas. Au moment où d’aucuns attendent le retour du printemps avec impatience, les hockeyeurs affûtent crosses et patins avant d’entamer la course au sacre national.
Dès demain, les séries finales entreront dans leur première phase avec les quarts de finale, disputés au meilleur des sept matches. Présentation des confrontations, avec les points de vue du capitaine de Fribourg-Gottéron Mario Rottaris et des anciens joueurs de Saint-Léonard Pascal Schaller, Flavien Conne et Martin Rauch.

Douce euphorie
L’affiche entre les Zurich Lions (1er) et Fribourg-Gottéron (8e) apparaît déséquilibrée. La formation du Finlandais Pekka Rautakallio n’a-t-elle pas remporté les quatre confrontations de la saison régulière? Emmenés par le trio Christian Matte, Derek Plante et Jan Alston (59 buts à eux trois), les Lions semblent bien trop mordants pour les Fribourgeois. Les Zurichois devront pourtant se méfier de Dragons en pleine euphorie depuis que le duo russe Evgueny Popichin-Slava Bykov a repris les rênes du club de Saint-Léonard. Habitués ces dernières semaines à livrer d’intenses batailles, les Fribourgeois ne se présenteront pas en victimes expiatoires. Mais auront-ils récupéré de tous les efforts consentis?
Mario Rottaris, Fribourg-Gottéron: «Face au favori Zurich, certains pensent que Gottéron a un petit avantage, car il n’a plus rien à perdre. Ils se trompent. On a encore beaucoup à perdre! Excepté l’an passé, Gottéron a atteint les play-off in extremis ces dernières saisons. A chaque fois, on se disait qu’on allait embêter les favoris. Et, finalement, rien ne se passait. Cette année, on va considérer que ces play-off se jouent sur une seule rencontre. Le match de demain est le seul qui compte. Les chances de le gagner sont réelles.»

Bianco… blues?
Dominé par Davos lors de la saison régulière – trois défaites, dont deux sur un score fleuve, pour un seul résultat nul – Ambri-Piotta ne dispose a priori pas des armes suffisantes pour ébranler le champion sortant et sa pléthore d’internationaux. Défense la plus hermétique du championnat – avec une moyenne de 2,25 buts concédés par match – la formation grisonne peut s’appuyer sur quatre blocs équilibrés, tous capables de faire la différence offensivement. A l’inverse, la force de frappe des Biancoblu repose essentiellement sur le rendement du champion du monde slovaque Robert Petrovicky.
Martin Rauch, Ambri-Piotta: «Les Grisons entendent conserver leur titre et auront par conséquent la pression sur leurs épaules. Davos est une équipe très homogène, qui ne nous a pas convenu cette saison. Mais les play-off demeurent une autre affaire. Après une qualification acquise lors de l’avant-dernier match du championnat, on n’aura rien à perdre. Pour avoir une chance de remporter cette série, chaque joueur devra évoluer à son meilleur niveau.»

Place au muscle
Les confrontations entre Berne et Genève Servette promettent d’être musclées. Les rencontres de la saison régulière – deux victoires de chaque côté – ont donné lieu à des débats placés avant tout sur le plan physique. Equipe en forme du moment, Berne possède en Sébastien Bordeleau et Christian Dubé deux joueurs d’exception. Le gardien David Boschy, doublure de Reto Pavoni blessé au genou, tiendra-t-il le choc? A moins qu’un portier providentiel ne débarque du côté des Vernets d’ici ce soir à minuit, date butoir pour transférer des joueurs?
Pascal Schaller, Genève Servette: «Les résultats de la saison régulière démontrent que les deux équipes sont proches l’une de l’autre. En tant que néopromus, on aura moins de pression. Nos chances sont réelles. La clé sera de parvenir à neutraliser leur bloc de parade animé par Dubé et Bordeleau, l’arme souvent décisive côté bernois. Contre les autres lignes, on soutient sans problème la comparaison. Il faut s’attendre à des rencontres placées sur le plan physique, comme ce fut le cas cette saison. Et, avec la lutte pour survivre que représentent les play-off, les débats risquent d’être encore plus musclés. Pour moi, le jeu physique représente une source de motivation supplémentaire. Il amène à dépasser ses limites.»

Un fin stratège
Après la période faste consécutive au remplacement de Jim Koleff par Larry Huras au poste d’entraîneur, Lugano est rentré dans le rang. Quatrièmes au terme du championnat, les Tessinois ont le redoutable privilège d’affronter les Kloten Flyers, formation qui n’a pas l’habitude de passer à côté d’un quart de finale de play-off. Considéré comme l’entraîneur le plus compétent de la ligue, Vladimir Yursinov n’a pas son pareil pour tirer le meilleur parti de ses jeunes pousses. Sera-ce suffisant face à Lugano et son armada de joueurs expérimentés? A noter que le défenseur Finlandais Petteri Nummelin, meilleur réalisateur de la saison régulière avec 57 points et «quarterback» des Bianconeri, est annoncé incertain pour la première confrontation.
Flavien Conne, Lugano: «Affronter Kloten en quart plutôt que Berne est un soulagement. Si les confrontations directes contre les Zurichois parlent en notre faveur [n.d.l.r.: trois victoires pour un nul], on devra tout de même s’en méfier. Kloten dispose d’excellents patineurs. Par contre, cette équipe se caractérise par la jeunesse de son effectif. L’expérience est de notre côté. On dispose d’un gros noyau d’individualités aguerries aux rencontres de play-off et capables de faire la différence à tout moment. A Lugano, l’objectif est toujours de remporter le titre national. On se doit de passer l’écueil constitué par Kloten. Tobias Stephan [n.d.l.r.: portier des Flyers âgé de 19 ans] est très jeune. A nous de le mettre sous pression!»

Pas de play-off pour Gottéron?

La nouvelle est tombée hier en fin d’après-midi: le juge unique de la Ligue suisse de hockey sur glace Heinz Taennler a ouvert une enquête contre Fribourg-Gottéron. Le club de Saint-Léonard aurait aligné un joueur non qualifié (le junior élite Sandro Abplanalp) lors des derniers matches du tour préliminaire contre Zoug (victoire 4-2) et Zurich (défaite 3-5). Si Fribourg devait perdre par forfait la rencontre gagnée contre les Zougois, il rétrograderait au 9e rang du classement et se verrait par conséquent privé de play-off. Les Dragons seraient remplacés par Rapperswil, au bénéfice d’une meilleure différence de buts. Concernant le barrage contre la relégation, Zoug remonterait à la 10e place, synonyme de sauvetage, et Langnau disputerait les playout contre Lausanne. Heinz Taennler rendra sa décision aujourd’hui.

Alain Sansonnens 20 février 2003

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