GLÂNE Séverin-Marie Friberg

L’homme qui se dilate la rate

Séverin-Marie Friberg pratique l’art du rire avec la passion communicative de ces amateurs qui s’adonnent à la course à pied ou au vélo tout terrrain. A telle enseigne que cet habitant de Billens anime des soirées et séminaires… pour rire en chœur.


Severin-Marie Friberg: «Le rire est une technique pour lâcher prise, c’est un chemin du libération»

 

Dans sa veste en grosse laine et avec ses cheveux bouclés, il fait un peu penser au «pâtre grec» de la chanson. De partout et de nulle part, il a un accent indéfinissable, mélodieux métissage entre le romanche et l’alémanique de ses Grisons originels et les langues glanées au fil de ses pérégrinations en francophonie et aux Amériques. Mais, surtout, Séverin-Marie Friberg, 52 ans, ancien voyageur de commerce reconverti dans la profession de chauffeur de taxi, père de trois enfants, est un homme qui rit, fort, beaucoup, et sans raison particulière. Il aime tellement s’éclater qu’il a même inventé de très contagieuses soirées du rire. Plus on est de fous, plus on rit? Rien à voir avec des concours de blagues entre copains. Vous n’y êtes pas: rire, au contraire, c’est très sérieux!
Habitant d’une ancienne ferme de Billens, Séverin-Marie Friberg a lancé un concept original avec ses soirées «Rire sans raison et mantra-méditation» et ses séminaires. Les rencontres, à Fribourg (au Phénix et à la librairie Bien-Etre), ainsi qu’à Sorens (Espace Aurore), attirent toutes sortes de gens entre 18 et 70 ans. Séverin-Marie Friberg souhaite organiser de telles soirées à Billens, un lundi par mois.

«Je ne suis pas un gourou!»
«Le rire est une technique pour lâcher prise, c’est un chemin de libération. Mais pleurer aussi!» affirme Séverin-Marie Friberg en se tapant sur les cuisses. Mais se libérer de quoi? «Ce chemin de bien-être est nouveau pour le monde occidental, mais il est ancien pour les pays d’Extrême-Orient. Depuis des millénaires, les yogis, au pied de l’Himalaya, pratiquent et enseignent cette technique. Ils rient sans raison, juste pour le plaisir de rire et d’exister, pour se libérer. C’est une manière de préparer le terrain pour la prière. Le rire est une gymnastique qui mobilise la plupart des muscles de l’organisme. C’est un stimulant physique et psychique sans pareil, un antistress. C’est bon pour le sommeil et la digestion, ça renforce le système immunitaire.» L’expression «se dilater la rate» trouverait-elle donc ici son juste sens, quand on sait le rôle de cet organe dans l’immunité?
Séverin-Marie Friberg ne se pose pas en «gourou» d’une quelconque thérapie. «Ces soirées du rire n’ont d’autre but que de nous libérer de tout ce qui nous a tracassés dans une journée ou dans la vie. Le corps ne fait pas la distinction entre le rire provoqué par une blague ou le rire qui explose sans raison ou sur commande!»
Il y a quand même un petit écho «philosophique» derrière tout cela. «Le problème de notre société, c’est qu’on vit trop dans le mental ou trop dans l’émotionnel. Aujourd’hui, on ne sait plus qui on est. Le rire permet de rééquilibrer les choses, de se libérer des angoisses, des peurs, de se recentrer sur le présent, sur l’essentiel. En se retrouvant soi-même, dans sa “maison” intérieure, on (re)trouve l’indépendance vraie, celle qui ne s’embarrasse pas du poids des clichés et de la pensée unique».
Ces soirées du rire comportent aussi un volet «mantra-méditation» qui n’a rien de magique ni d’ésotérique. Séverin-Marie Friberg propose deux voies: chanter en chœur des mantras ou en réciter. Mantra? Un mot sanscrit signifiant «instrument de pensée». Ce sont des syllabes ou des phrases sacrées auxquelles les traditions hindouiste et bouddhiste attribuent un pouvoir spirituel. Mais «le mantra est neutre, sans appartenance à aucun courant religieux ou sectaire. C’est une formidable voie d’exploration utilisée depuis des millénaires dans toutes les écoles initiatiques de cultures et civilisations du monde entier.»
Dans le même ordre d’idées, «l’explorateur» de Billens propose d’autres chemins ou découvertes, comme la voix du silence et même la marche sur le feu… Tendances, toutes ces activités axées sur le bien-être et la santé? Séverin-Marie Friberg se défend de battre pavillon dans le vent d’une mode. «Je ne fais que partager mes découvertes. Je ne suis pas un maître à penser et je ne recherche pas d’adeptes!» dit-il, tout à coup très sérieux.

Prrochaines soirées: Fribourg, au Phénix, mercredi 7 février (19 à 22 h). Sorens, Espace Aurore, jeudi 22 février (19 h 30 à 22 h). Programme détaillé sur le site www.semaf.ch


Marie-Paule Angel
3 février 2007

Une I Editorial I Gruyere I Veveyse/Glâne I Fribourg

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