FRIBOURG Caisse maladie unique

Deux comités pour dire oui

Les partisans fribourgeois de la caisse unique se regroupent dans deux, et non un seul, comités de soutien. L’un «politique», qui a lancé la campagne hier, et l’autre «médical».


Au premier plan, Dana Raemy (FRC), puis les députés Zurkinden et Steiert

 

Un soutien à la caisse maladie unique passe-t-il par un comité unifié? Pas à Fribourg, où l’organe faîtier des médecins a refusé de prendre parti. Le canton dispose donc de deux équipes qui appellent à voter oui le 11 mars lors de la votation fédérale sur l’initiative intitulée «pour une caisse maladie unique et sociale».
Dans l’attente de la conférence de presse des acteurs de la santé, le 16 février, c’était au tour hier du comité dit «politique» de présenter ses arguments. Emmené par son président Jean-François Steiert, député socialiste, il comprend le PCS et les Verts ainsi que des syndicats (Unia, Syna) et la Fédération romande des consommateurs (FRC). Il dispose de 9000 francs pour sa campagne d’annonces et privilégiera de ce fait la présence sur le terrain.
Un constat posé par cette coalition: la concurrence entre les 87 compagnies d’assurances ne profitent pas à la majorité des assurés. Selon les membres du comité fribourgeois, le système ne serait qu’une «chasse aux bons risques». Pire: on cherche à réduire toujours plus les prestations du catalogue de base (psychothérapies naturelles, médecine alternative). Jean-François Steiert avance que de nouvelles mesures, comme la fin du libre choix du médecin, sont à l’agenda.
Pour le président du comité, «la Suisse est le dernier pays d’Europe occidentale où un milliardaire ne paie pas un sou de plus qu’une vendeuse ou un ouvrier de chantier pour son assurance de base». Par l’effet cumulé des hausses de primes et de la franchise minimale, par la suppression de certaines prises en charge aussi, un rhumatisant, par exemple, paie le double de ce qu’il versait en 1996 pour se soigner. Du moins est-ce le calcul de la députée PCS Nicole Aeby-Egger.

Catalogue d’arguments
Pour Dana Raemy, représentante de la FRC, le mélange des genres entre assurance de base et complémentaire n’est plus tenable. «Cette confusion nuit à la transparence des comptes des caisses», assène la Gruérienne. La publicité engloutie se chiffre à 11 francs par assuré. Les syndicalistes Véronique Rebetez, de Syna, et Armand Jaquier, d’Unia, ont les mots les plus durs contre la LAMal, devenue «un enjeu commercial», et contre le Conseil fédéral «à la botte» des assureurs…
Et les avantages d’une caisse unifiée? Elle permettra de rendre l’assurance aux assurés et de promouvoir la prévention, avancent ses partisans. La gestion paritaire et décentralisée par les pouvoirs publics, les prestataires de soins et les représentants des assurés est vue comme un atout. Qui plus est, des primes fixées en fonction de la capacité financière, comme le stipule aussi l’initiative, redonneront le sourire à 75% des assurés.
Surtout, le texte soumis au vote laisse une large marge de manœuvre aux Chambres chargées de concrétiser le principe. Le comité juge fantaisiste le chiffre de 12000 suppressions de postes parmi le personnel des caisses, qui ne seraient plus actives que dans le secteur privé. Conscient de la difficulté de la tâche et convaincu de la nécessité d’une réforme, le comité veut croire à une victoire possible. Attention, prévient-il: un petit oui permettra aux assureurs d’accentuer le démantèlement en cours.
Pour mémoire, l’initiative a été déposée à fin 2004 par le Mouvement populaire des familles, rejoint par le PS, les Verts ainsi que des associations de consommateurs, patients, retraités et prestataires de soins comme des médecins, physios, infirmiers et sages-femmes.

Sébastien Julan
3 février 2007

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