ALPINISME Groupement jeunesse du CAS la Gruyère

Expé vers un 6000 cet été

Une vingtaine de jeunes gruériens partiront cet été à la découverte du Ladakh, au nord de l’Inde. Au programme: un trekking d’une quinzaine de jours et un sommet à 6400 mètres d’altitude. Depuis plus d’une année, ils se préparent à cette échéance par des entraînements physiques et des soirées thématiques. Rencontre à six mois de l’objectif.


La trentaine de membres de l’expédition au Ladakh s’entraînent ensemble au moins une fois par mois. Randonnées à ski (ici, dans la montée de la Mischflue, dans le Simmental, l’hiver dernier…), marche à pied, grimpe et bivouac en altitude, histoire d’être en forme le jour J
(P. Folly)

 

STrois semaines de voyage, quinze jours de trekking et un sommet à plus de 6000 mètres. Une aventure à laquelle se préparent une vingtaine de jeunes du Club alpin suisse (CAS) section de la Gruyère. Agés de 15 à 22 ans, ils s’entraînent ensemble depuis deux ans, dans les Alpes et les Préalpes, s’activent à récolter des sous et à apprendre à mieux connaître leur destination. Le 28 juillet, ils s’envoleront pour le Ladakh, ancien royaume bouddhiste situé à l’extrême nord de l’Inde.
L’idée est née au sein du comité du groupement jeunesse: «Nous avions envie d’organiser quelque chose d’extraordinaire pour les jeunes qui participaient à de nombreuses de courses», indique la présidente Christiane Pugin, de Riaz. Un comité d’organisation est mis sur pied. Trois destinations sont proposées aux jeunes: la Turquie, le Tadjikistan et le Ladakh. Trop proche et trop accessible, la première est tout de suite écartée. La deuxième ne convainc pas non plus. C’est donc à l’unanimité que l’ancien royaume himalayen est choisi.
«En plus, quand on a parlé de la possibilité de gravir un sommet à plus de 6000 mètres, des étincelles sont apparues dans les yeux de certains», glisse Christiane Pugin. Au programme des trois semaines de périple figurent donc quelques jours d'acclimatation à Leh, la capitale (3500 m), et sa région, dix jours de trekking dans la vallée de la Markah et l’ascension du Kang Yatse (6400 m, voir cartes ci-dessous). «Mais on ne va pas que manger de la montagne, on part surtout à la découverte d’un pays», prévient Pascal Folly, d’Ependes, membre du comité d’organisation.
Au départ, une trentaine de membres du groupement– qui en compte 180 au total – sont intéressés. Durant l’automne 2005, les inscriptions définitives sont prises: l’équipe compte 19 jeunes. Pourquoi se lancer de tel défi? «Monter à 6000 mètres est une expérience sportive intéressante», note Julien Chollet, de Riaz. Le fait d’«être une bonne équipe» revient aussi souvent parmi les motivations des jeunes.
Pour les encadrer: un guide de montagne, un médecin, deux infirmières, trois moniteurs et cinq accompagnants. «C’est la première fois que je pars dans un but sportif et médical, relève le Dr Nicolas Della Ricca. Je me suis très vite laissé prendre par l’effet de groupe, sa cohésion et la motivation de ses membres.» Un autre moniteur, Jean-Paul Ecoffey d'acquiescer et d’ajouter: «Ils vont pas si mal que ça, ces jeunes!»

Effet boule de neige
Depuis l’automne 2005, un programme particulier occupe tout ce petit monde, avec pour objectif de développer la condition physique et les aptitudes à supporter l’altitude. Randonnées à ski, cascades de glace, marche dans les Préalpes, escalade… Le groupe se voit au moins une fois par mois. «Nous voulions leur laisser un peu de temps pour participer aux autres courses organisées dans le cadre du groupement, explique Jean-Bruno Pugin, moniteur. Le but de l’expédition n’est pas de créer un clan au sein de l’organisation jeunesse, mais bien de donner une motivation supplémentaire à tous ses membres, notamment aux plus jeunes.»
La dynamique semble prendre aussi au niveau des moniteurs. «Une émulation s’est créée dans le groupe», se réjouit Alexandre Castella, guide de montagne et coach J+S du groupement jeunesse. «Plusieurs participants à l’expé ont eu envie de devenir moniteur. Et tout s’enchaîne: comme il y a plus de moniteurs, il y a plus de courses, donc plus de participants, et ainsi de suite.»
Trois tonnes de choc vendues
Mais il n’y a pas que les entraînements. Toutes les six semaines, les jeunes se réunissent pour découvrir d’autres facettes du pays qu’ils vont visiter. A tour de rôle, ils présentent un petit exposé sur un thème donné: art, histoire, géologie, nourriture, faune et flore… Au fil de ces deux ans de préparation, ils se sont aussi activés pour trouver le financement d’une partie de leur voyage, estimé à environ 4000 francs par personne. «Trois tonnes de chocolat ont été vendues, des lotos organisés, la cabane des Clés nettoyée, etc.» indique la présidente Christiane Pugin. Un souper de soutien est encore agendé au 9 mars.
Les jeunes s’investissent aussi pour partager leur aventure avec les autres membres du Club, dont le soutien a été important. Ainsi, Fanny Beaud relate les courses du groupe Expé 07 dans le bulletin mensuel, alors que Jonas Clerc alimente le site du groupement (jeunesse.websanslimit.net).
D’ici à leur départ, les trente membres de l’expédition graviront encore quelques sommets, dont certains à plus de 4000 mètres. Un bivouac à cette altitude est également prévu à la mi-juillet. Il permettra de compléter l’expérience que les jeunes ont acquise en novembre, lors d’un premier test dans le Gros-Mont par –15°C. «Le seul jour où il a fait froid cet hiver!» rigole Pascal Folly.

Sophie Roulin
3 février 2007

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