«A l’époque, nous n’étions pas beaucoup de tireurs, une petite trentaine peut-être.» Aîné de la Société de tir de Bas-Intyamon, Freddy Currat a été de toutes les campagnes depuis 1940. Au fil des années, le roi du tir gruérien de 1962 a eu l’occasion de voir évoluer et grandir sa société.
S’ils n’étaient qu’une trentaine à Grandvillard dans les années quarante, ils sont maintenant une centaine à manier la gâchette dans la jeune société de Bas-Intyamon. Fondée en février 2000, elle est le fruit de la fusion entre les sociétés de Grandvillard, Estavannens, Enney et Villars-sous-Mont. «Nous ne pouvions plus tirer à Enney, explique Yvon Pasquier. Nous avons alors demandé aux sociétés d’Estavannens et de Grandvillard, qui occupaient le même stand, si nous pouvions également occuper les locaux situés entre les deux villages.» Trois sociétés différentes dans un même stand: la fusion devenait alors une solution logique. «Nous n’avons connu aucun problème, lance Marcel Blanc, membre du comité. Tout a été réglé en une année.»

Meilleur groupe romand
Depuis six ans maintenant, les quatre villages sont donc unis, pour le meilleur et pour le tir. «Cette fusion a fait beaucoup de bien aux trois sociétés, explique Georges Pharisa, président du nouveau-né durant trois ans. Grâce à cette union, nous avons pu compter sur davantage de participants et sur des groupes davantage performants.»
Si Bas-Intyamon compte beaucoup de membres, elle se distingue également, en Gruyère, par la qualité de ses tireurs. L’année dernière, la société a été représentée par ses plus fines gâchettes à la finale suisse du championnat de groupe à 300 mètres. Une expérience inoubliable pour l’entraîneur Marcel Pharisa. «Nous nous étions beaucoup entraînés pour cette compétition. Nous sentions la pression monter au fil des tours, mais nous avons réussi à rester solidaires.»
En se classant 7e, sur un millier de groupes en compétition au départ, la société s’est transformée en porte-drapeau de la Romandie, ce qui n’était pas une première pour les tireurs de l’Intyamon: «Estavannens avait déjà participé à la finale suisse en 1984», se souvient Marcel Pharisa, qui était déjà du voyage. «Alphonse Jaquet, qui avait fait partie de l’équipe nationale, nous avait tout appris.»
L’élève s’est ensuite transformé en maître, pour le plus grand bonheur des jeunes tireurs. «Il est vrai que nous faisons beaucoup d’efforts pour la nouvelle génération, reprend Marcel Blanc. Nous organisons plusieurs activités pour les motiver et pour le moment, ils répondent présents.» Selon Georges Pharisa, les nouveaux arrivants sont très bien intégrés. «L’alchimie fonctionne bien avec les plus anciens. L’ambiance est vraiment bonne entre tous les membres. Nous essayons de nous motiver, sans qu’aucune jalousie ne puisse trahir cet esprit d’unité. Si un tireur réussit une belle performance, il sera félicité et non envié.»

Fidèles et passionnés
Cet esprit d’équipe résume bien la solidarité régnant au sein de cette société. Passionnés, ces tireurs sont également fidèles à leur sport favori, comme Freddy Currat qui, depuis plus de soixante ans, ne manque jamais une manifestation liée à cette activité. «Je me souviens qu’en 1942, je m’étais blessé à la main en tirant. J’avais même reçu quelques bouts de ferrailles sur le front. Je sens d’ailleurs encore la bosse (rires).» Mais cette blessure n’avait pas empêché le vétéran de participer au tir en campagne, dont il sera l’hôte ce week-end avec ses camarades de Bas-Intyamon.

Valentin Castella 18 mai 2006

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