FRIBOURG Routes fribourgeoises

Deux fois moins de morts

Amplifié par 60 contrôles journaliers en moyenne dans le canton, l’effet 0,5‰ a porté ses fruits durant l’année écoulée. La route fribourgeoise a tué à 14 reprises et ainsi épargné 11 vies par rapport à 2004. Nette baisse aussi des blessés graves.

 

Passage au 0,5‰, multiplication des contrôles, durcissement des sanctions, battage médiatique, peur du gendarme… Autant de facteurs qui ont conjugué leurs effets pour faire de l’année 2005 la meilleure, à certains égards, depuis bien longtemps dans le canton de Fribourg. Où l’on dénombre près de deux fois moins de tués sur la route: 14 en 2005, contre 25 en 2004 (–44%). Les accidents liés à l’alcool chutent de 33% (à 173 cas), les blessés graves de 27% (à 142) et le total des blessés de 12% (à 939). Subsiste une tendance qui ne s’inverse pas: le nombre global d’accidents annoncés à la police, surtout avec dégâts matériels, continue à progresser – de 1504 à 1562 (+4%) – plus vite que l’augmentation du parc automobile (+1,6%).
Le bilan de l’exercice écoulé, tiré hier, un an après l’abaissement à 0,5‰ de la limite autorisée au volant, est de ce fait jugé «positif» par Pierre Schuwey, chef de la Gendarmerie, et Gilbert Baeriswyl, chef de la Police de circulation. Plus significative, la comparaison sur dix ans confirme à peu de chose près la tendance constatée à mi-chemin (La Gruyère du 14 juillet 2005): accidents (+8%), blessés (+7%), blessés graves (–20%), décès (–46%) et accidents avec alcool (–26%).

«Bravo à 94% des gens»
Pour revenir à l’année dernière, les cadres de la Police cantonale félicitent 94% des personnes contrôlées: «Bravo, elles étaient en règle», applaudit Pierre Schuwey. Lequel constate que désormais les gens roulent en majorité moins vite et ont adapté leur comportement vis-à-vis de la boisson. Par contre, 6% des Fribourgeois interceptés présentaient un taux d’alcoolémie trop élevé ces douze derniers mois.
Quelque 3,6%, soit 807 d’entre eux, circulaient avec un taux d’alcool égal ou supérieur à 0,8‰. Et 480 personnes (2,2%) affichaient une alcoolémie comprise entre 0,5 et 0,79‰. Le record toute catégorie: 3,5‰ pour un seul individu! Les écarts de ce genre, c’est surtout de nuit qu’ils sont décelés. Raison pour laquelle un effort particulier sera fait sur les contrôles nocturnes.
Pierre Schuwey: «Nous devons marquer notre présence, y compris en luttant contre les gros excès de vitesse sur les tronçons rectilignes, auprès de ceux qui n’ont pas encore compris le message.» L’action sera menée au moyen des trois radars mobiles dont dispose la police, qui se dotera cette année d’un radar fixe sur l’A1 en attendant un autre prévu à l’avenir sur l’A12, comme déjà annoncé dans nos colonnes (La Gruyère du 24 décembre).
Et l’officier de rappeler que le comportement des conducteurs est devenu la priorité, faute de points noirs sur le réseau routier et grâce aux progrès des véhicules en matière de sécurité. Cette évolution explique pourquoi on mourait cinq fois plus dans des accidents de la route durant les années septante malgré un parc automobile deux fois et demie plus petit qu’aujourd’hui. La pire, 1977, a été fatale à 73 personnes dans le seul canton de Fribourg…
En 2006, les pandores n’entendent pas relâcher la pression, sans pour autant ériger en but à atteindre les 22145 alcotests de l’an dernier. Autrement dit, chaque jour, soixante conducteurs ont dû souffler dans le ballon. Une moyenne qui occulte le fait que l’intensité policière a varié au fil des mois: départ coup de canon en début d’année, puis retour à des valeurs moindres jusqu’à la seconde salve des mois d’août à octobre, suivie d’une nouvelle accalmie relative (voir infographie). «Nous cherchons l’efficacité tout en restant raisonnables. Concrètement, nous avons voulu redonner une impulsion pour l’automne et avons ainsi pu épargner les fêtes de fin d’année», confirme Pierre Schuwey.
Cette attitude a permis d’éviter le retour des débuts de polémique. «N’oublions pas que la police est une autorité d’exécution, souligne le lieutenant-colonel Schuwey. La politique décidée par la Confédé-ration porte ses fruits, les résultats sont là et les chiffres parlent d’eux-mêmes, quoiqu’il soit encore trop tôt pour tirer des conclusions péremptoires.»

Des «bleus» à la pelle
Reste à parvenir à abaisser le nombre de retraits de permis dus à l’alcool. Car cette courbe demeure résolument ascendante avec 844 retraits en 2004 et 980 en 2005 (+136). L’inverser signifierait un changement en profondeur du comportement des moins réceptifs à la nouvelle réglementation. C’est le prochain défi de la Police cantonale.

Sébastien Julan
7 janvier 2005

Une I Editorial I Gruyère I Fribourg I Sports

Droits de reproduction et de diffusion réservés © La Gruyère 2003 – Usage strictement personnel