Dans sa progression,
Didier Moret fonctionne comme devant les fameux escaliers de La Rosablanche:
marche après marche. «Didier est un travailleur. Il sentraîne
beaucoup, mais de manière sensée. Sa progression suit
une courbe régulière et logique.» Signés
Jean-François Cuennet, lentraîneur du Swiss Team,
les propos collent au Sâlois comme de bonnes peaux de phoque.
«Dans sa tête, il est solide, ajoute le Bullois. Il a confiance
en lui, maîtrise les situations de stress et sait se préparer
pour les échéances importantes.» En atteste la médaille
de bronze récoltée lors de lépreuve par équipes
des championnats dEurope dAndorre, en mars dernier.
Fort des probants résultats obtenus, Didier Moret (30 ans) intègre
cette année le cadre A du Swiss Team, après deux saisons
et demie au sein du groupe B. Le sommet de la pyramide atteint, sa marge
de progression est-elle encore importante? «Je lespère,
car cest ce qui me motive à minvestir chaque saison
un peu plus pour le ski-alpinisme. Par rapport à dautres
coureurs, je sais que je peux encore augmenter ma charge de travail.»
«Pour rigoler»
Pour un fondeur du SC Grattavache/Le Crêt Didier Moret
a intégré le club villageois à lâge
de 13 ans une fois la saison nordique terminée, monter
des «becquets» pour préparer la Patrouille des Glaciers
apparaît quasi incontournable. Il y a dix ans, le Veveysan suivait
logiquement le mouvement. «La première fois que jai
mis des peaux, cétait sur des skis de fond», se souvient-il.
Epique, à limage de sa première course, le Trophée
du Muveran de 1996, ou de sa première «Patrouille»,
la même année. «Là, javais couru avec
le matériel de mon père. Il devait peser plus du double
de mon équipement actuel! Avec mes deux copains du village, on
avait participé pour rigoler. Lun deux ne sétait
dailleurs entraîné quune seule fois!»
Année après année, la rigolade cédera du
terrain au sérieux de la préparation. Surtout depuis 2002,
quand le Veveysan achevait ses études à lEPFL et
quittait son studio de Renens pour revenir au pays. «Là,
jai commencé à mentraîner chaque année
un peu plus, en essayant toujours de ne pas brûler les étapes,
relève le résident de Sâles. Je ne voulais pas réfléchir
à court terme et passer dun coup de deux à six entraînements
par semaine.»
Saison divisée
en deux
Six séances hebdomadaires en moyenne, cest désormais
le régime que simpose le lauréat des Coupes de Suisse
2003 et 2004. «Je nai pas de plan strict, de programme quotidien
clairement défini. Jessaie simplement de suivre une ligne
directrice. Si, une semaine, je me sens fatigué, je lève
le pied. Ma philosophie, cest découter mon corps.»
Ce quil fait une fois la saison terminée, en saccordant
deux semaines de repos complet. «Après, je recommence gentiment,
à lenvie.» Avant daugmenter la charge de travail,
dès le mois de juillet, avec des séances de marche, de
VTT, de ski sur roulettes, de vélo dappartement, puis de
ski de fond.
«Ma saison se divise en deux, poursuit Didier Moret. Jusquà
la première course, je travaille dabord lendurance,
puis lintensité, la vitesse et la rapidité dès
le mois de novembre. Des entraînements toujours basés sur
le dénivelé. Ensuite, à partir de janvier, jalterne
les épreuves et les périodes de récupération.»
Son emploi à 80% dans une entreprise de ferblanterie et de charpente
lui autorisant quelques après-midi de congé, le skieur-alpiniste
effectue des parcours autour du Moléson, quand lenneigement
est suffisant. «Le soir après le travail, il mest
arrivé de monter six fois de suite La Chia.»
Bien peu de choses finalement, à côté de ce qui
lattend en avril prochain à la Patrouille des Glaciers,
le gros objectif de la saison de Didier Moret, avec les championnats
du monde.
La
Patrouille en questions
Didier Moret,
quel sera votre objectif pour votre sixième participation à
la Patrouille des Glaciers?
Je naime pas trop me fixer dobjectif précis,
si ce nest de faire de mon mieux. Une certitude: pour moi, ce
rendez-vous est aussi important que les championnats du monde. Au sein
du Swiss Team, une règle veut que les équipes soient formées
en fonction des résultats obtenus durant la saison et de la courbe
de forme des coureurs. Mon but est de faire partie du premier trio.
Je précise toutefois que trois membres de léquipe
de Suisse courront au nom des Gardes-frontières et nentrent
ainsi pas en ligne de compte pour la formation des patrouilles.
Que représente
pour vous cette épreuve?
Cest une course à part, à plusieurs titres.
Durée, nombre de spectateurs et de participants: tout est plus
grand. Médiatiquement, cette épreuve est également
la plus suivie. Lopportunité est belle de se faire connaître.
Pour cette raison, la Patrouille des Glaciers représente un des
objectifs de la majorité des membres du Swiss Team. Le parcours
est aussi spécial. Laltitude, avec notamment le passage
par Tête Blanche (3724 m), et le profil, avec bon nombre de secteurs
de plat où il faut marcher, sont des choses que lon ne
voit pas sur les autres courses. Enfin, la Patrouille des Glaciers est
lune des dernières épreuves qui se disputent à
trois.
Le grand
parcours entre Zermatt et Verbier, cest 53 km et quelque six heures
et demie deffort pour les meilleurs. Ce terrain vous convient-il?
Je dirais oui. Est-ce dû au fait que je possède les
aptitudes physiques adéquates ou que ma préparation est
sensiblement axée sur cette épreuve? Je nen sais
rien. Reste que les courses de longue durée mont toujours
assez bien convenu.
Les trios
du Swiss Team ne seront formés que début mars, après
les championnats du monde de Cuneo. Parvient-on à créer
un esprit déquipe jusquà la Patrouille des
Glaciers, fin avril?
Si les patrouilles réunissaient des personnes qui ne se connaissent
pas, cela me paraîtrait difficile. Mais vu que nous participons
tous plus ou moins aux mêmes épreuves et que nous nous
voyons assez souvent durant la saison, lesprit déquipe
est déjà présent avant la formation des trios.
Après, les dernières semaines servent à régler
les derniers petits détails, comme lentraînement
à skier encordés et lorganisation des ravitaillements
et du matériel. Sur le plan physique, il nest pas primordial
de se préparer en équipe, car, après les championnats
du monde, la forme sera acquise.
Comment
vous préparez-vous pour cette échéance?
La Patrouille des Glaciers présente deux caractéristiques:
laltitude et la durée. Dès lors, les deux derniers
mois, je mimpose quelques sorties plus longues, ce que je fais
déjà parfois durant la saison. Avec le Swiss Team, on
fait aussi un ou deux stages de quatre jours en altitude. En 2004, à
Pâques, on sétait rendus à la cabane de Tortin.
Si les conditions étaient mauvaises, on pouvait sentraîner
sur les pistes de Verbier. Sinon, on montait jusquà La
Rosablanche.
4
Sudistes dans le Swiss Team
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Swiss
Team, saison 2005-2006
Elite messieurs
Cadre A: Alexander Hug (30 ans, Sargans), Florent Troillet
(24, Lourtier), Jean-Yves Rey (35, Chermignon), Christian Pittex
(33, La Forclaz), Didier Moret (30, Sâles), Rico Elmer
(36, Elm).
Cadre B: Sébastien Epiney (38, Haute-Nendaz),
Emmanuel Vaudan (34, Monthey), Jean-Daniel Masserey (33, Haute-Nendaz),
Yannick Ecur (24, Morgins), Alain Rey (23, Gryon), Pierre-Marie
Taramarcaz (37, Médières).
Elite dames
Cadre A: Gabriella Magnenat (25, Vaulion), Catherine Mabillard
(41, Troistorrents).
Cadre B: Andréa Zimmermann (29, Monthey), Séverine
Pont (26, Bernex), Jeanine Bapst (37, Châtel-sur-Montsalvens).
Relève messieurs
Cadre A: Marcel Marti (22, Grindelwald), Pierre Bruchez
(20, Fully).
Cadre B: Alain Richard (20, Evionnaz), Mathieu Charvoz
(20, Ovronnaz), Marc Pichard (18, Les Diablerets), Cyrille Fellay
(18, Versegères), José Charrière (19, Cerniat),
Lukas Huser (19, Goldau).
Relève dames
Cadre A: Marie Troillet (22, Lourtier). Cadre B: Laetitia
Currat (22, Le Crêt), Emilie Gex-Fabry (19, Val-dIlliez),
Mireille Richard (16, Evionnaz).
Entraîneur, responsable des sélections: Jean-François
Cuennet (Bulle).
Responsable de la relève: Guy Richard (Evionnaz)..
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