L’Auberge des XIII Cantons (ici en 2002) veut changer son image

Ras-le-bol des trafics et des menaces. Pierre Szijarto, le tenancier de l’Auberge des XIII Cantons, à Bulle, a décidé de donner un grand coup de balai. Une fois pour toute. Il a fermé hier son établissement, pour deux à trois semaines. Le temps de transformer les lieux, «pour essayer de changer un mythe», le mythe de ce bistrot où l’on fume ouvertement et impunément du cannabis.
Car Pierre Szijarto en a marre de rencontrer problème sur problème avec «ces jeunes qui traînent dans la rue, qui ne consomment pas mais fument des joints». Et qui n’oublient pas d’être agressifs: le patron, qui s’est récemment vu mettre une arme à feu sous le nez, a reçu plusieurs menaces de mort. Rien de rassurant pour ce père d’un enfant de quelques mois, qui reconnaît volontiers avoir délaissé quelque peu son établissement au profit de sa famille.
Les nombreuses interdictions d’auberge déjà prononcées à l’encontre de fauteurs de trouble n’ont pas suffi au «nettoyage» souhaité par le tenancier. A chaque fois, c’est l’éternel recommencement. La fermeture durant vingt jours ordonnée par le préfet en novembre 2002 ambitionnait déjà de ramener l’ordre aux «XIII». Deux ans et demi plus tard, il faut remettre l’ouvrage sur le métier.

Casser les habitudes
Mais cette fois, Pierre Szijarto, qui a repris l’établissement en février 2003, entend tout mettre en œuvre pour que les choses changent. Il va profiter des semaines à venir pour rafraîchir le café et modifier la décoration. A la réouverture, les horaires changeront eux aussi, provisoirement du moins. L’établissement ouvrira ainsi de 11 h à 14 h 30, puis de 17 h à la fermeture. Le but: «Casser les habitudes des gens qui viennent à 10 h pour essayer de fumer leurs joints», explique le patron.
La sécurité sera par ailleurs renforcée. Un agent sera présent «quasiment en permanence». Pierre Szijarto prévoit également l’installation d’une caméra de surveillance. Chaque client surpris en train de fumer un joint – ou d’essayer – sera interdit d’auberge.
L’établissement misera en outre sur le développement de la cuisine, en proposant quelques spécialités régionales. Les «XIII» entendent enfin ouvrir une auberge de jeunesse dans les étages de la vénérable bâtisse, histoire de proposer aux visiteurs peu fortunés un lit à prix modique.
L’espoir de Pierre Szijarto? Que d’ici deux à trois semaines, l’Auberge des XIII Cantons ne soit plus ce mythique «temple des fumeurs de joints».