GRUYÈRE Parc régional du Vanil-Noir

Un projet à redimensionner

Le projet «Vanil-Noir et Préalpes de la Gruyère» ambitionnait de réunir dix communes au sein d’une même organisation, dans le but de promouvoir le tourisme doux. A un mois de l’échéance fixée par le Secrétariat d’Etat à l’économie, seules trois communes ont donné leur aval. Le projet sera sans doute redimensionné.


Le projet «Vanil-Noir et Préalpes de la Gruyère» doit revoir ses ambitions à la baisse

 

Le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) acceptait, en décembre 2002, de soutenir financièrement le projet «Vanil-Noir et Préalpes de la Gruyère», visant à promouvoir le tourisme doux et à valoriser le paysage dans le cadre d’un développement économique durable. Bailleur de fonds via le programme RegioPlus, il liait cependant l’octroi des 795000 francs prévus (sur un budget total de 1,6 million) à plusieurs conditions. «Dont aucune n’a été remplie à ce jour», relève à Berne Jean-Marc Borel. Sans nouvelles depuis plus de deux ans, le Seco veut aujourd’hui savoir ce que devient ce dossier fantôme. Et vite.
Le Secrétariat d’Etat a en effet fixé un ultimatum aux promoteurs du dossier, qui ont jusqu’à la fin avril pour faire connaître leurs intentions. «Nous arrivons au point où le projet se met en place ou bien passe de vie à trépas», résume Gonzague Charrière, conseiller communal charmeysan et président du groupe de travail. «Il est prévu depuis longtemps que nous rendions réponse à fin avril», relève quant à lui Patrick Rudaz, coordinateur régional d’un projet qui a déjà bénéficié d’une prolongation d’une année. Douze mois qui devaient servir à présenter – et à faire adopter – aux assemblées communales les statuts de la future association appelée à conduire le projet. L’une des conditions exigées par le Seco.
Mais à un mois de l’échéance, seuls les citoyens de Charmey, Crésuz et Haut-Intyamon ont donné leur accord. Ceux de Châtel-sur-Montsalvens se prononceront le 19 avril. Quant à ceux de Bas-Intyamon, Gruyères, Grandvillard et Broc – Bellegarde s’étant retiré en cours de route – il est probable qu’ils ne verront même pas passer l’objet…

Incompréhensions
Que s’est-il donc passé depuis deux ans? A l’époque, pourtant, chacun affichait un bel enthousiasme devant ce projet. «Il y a beaucoup d’incompréhension, résume Patrick Rudaz. Ce projet divise les uns et les autres, et plusieurs n’en voient pas l’utilité, prétextant qu’il existe déjà une réserve au Vanil-Noir. Mais cela n’a rien à voir: il s’agit d’une mise en réseau des différentes compétences existantes.»
La volonté d’assainissement des finances fédérales n’est par ailleurs pas sans impact sur la frilosité des communes. Le Conseil fédéral avait en effet décidé de ne pas réviser la Loi sur la protection de la nature et du paysage, qui introduisait entre autres la notion de parc naturel régional. Avant d’y être contraint, quelques mois plus tard, par le Parlement. Ce ping-pong en a sans doute refroidi plus d’un. Tout comme le refus de l’Etat de Fribourg de participer financièrement au projet à hauteur de 14000 francs par année. Comme il avait refusé de participer au projet comparable du Lac-Noir. «Cette conjonction d’événements a pu jeter le doute dans les esprits», analyse pour sa part Henri Choffet, syndic de Châtel-sur-Montsalvens et représentant de l’Association régionale la Gruyère (ARG) au sein du groupe de travail. «Le temps est passé, le projet a dormi, et il est d’autant plus difficile aujourd’hui de convaincre», regrette-t-il.

L’option Château-d’Œx
Que va-t-il advenir du projet «Vanil-Noir et Préalpes de la Gruyère»? «Le comité se prononcera le 14 avril», annonce Patrick Rudaz. Etant donné que toutes les communes n’entreront pas dans la danse, le projet sera vraisemblablement réduit aux quatre communes qui ont accepté les statuts de l’association (sous réserve que Châtel-sur-Montsalvens les avalise). «Même ainsi nous pouvons réaliser quelque chose de fantastique», pressent Henri Choffet. La contribution du Seco ne serait alors évidemment plus la même.
Une autre option reste encore ouverte: «Un resserrement très fort va être envisagé avec Château-d’Œx, commune avec laquelle nous avons de fréquents contacts», annonce Patrick Rudaz. Allié à Rossinière, le chef-lieu du Pays-d’Enhaut rêve lui aussi de créer un parc naturel régional (La Gruyère du 30 septembre 2004).
Celui du «Vanil-Noir et Préalpes de la Gruyère» verra-t-il le jour? Ses promoteurs continuent d’espérer. «Nous en saurons plus en mai, moment où nous réunirons toutes les communes qui ont accepté le projet. Soit celui-ci se réalisera selon le modèle proposé, soit il sera redimensionné, soit il disparaîtra simplement», explique Gonzague Charrière. Henri Choffet espère quant à lui que le comité de l’ARG «réaffirmera son soutien à ce projet. Ce pourrait être un déclic pour certaines communes.»
Mais l’ARG pourra-t-elle faire patienter le Seco au-delà de la fin avril? Patrick Rudaz n’en doute pas: «Nous demanderons une prolongation de deux mois, le temps de nous mettre d’accord.» A Berne, Jean-Marc Borel préfère nuancer. Car le Secrétariat d’Etat est à la veille de revoir son budget global. Et veut savoir s’il peut utiliser ces 795000 francs ailleurs qu’en Gruyère.

Patrick Pugin
31 mars 2005

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