FRIBOURG Anti-Galmiz

Les Verts fustigent l’Etat

En cas d’échec de l’implantation industrielle projetée à Galmiz, les Verts fribourgeois réfutent toute responsabilité. Le Gouvernement ne devrait s’en prendre qu’à lui-même, explique le parti qui manifestera sur place dimanche avec les autres opposants.


Combien seront-ils, dimanche, à se balader du côté de Galmiz en opposition au projet d’implantation industrielle?

 

Une synthèse des raisons qui poussent, ici et ailleurs, à s’opposer à l’implantation éventuelle du géant pharmaceutique américain Amgen à Galmiz, près de la prison de Bellechasse. Voilà en substance ce qu’il ressort de la conférence de presse donnée hier à Fribourg par les Verts fribourgeois. Un parti minoritaire – un député au Grand Conseil, moins de 5% de l’électorat fribourgeois – qui est le seul du canton à lutter contre le projet.
«Nous disons non à Galmiz, mais oui à Yverdon», insistent les coprésidents Christa Mutter et Hubert Zurkinden. A les entendre, leur opposition repose uniquement sur des critères d’aménagement du territoire. A savoir l’hérésie que constituerait la construction d’une usine en rase campagne, «un dangereux précédent qui ne manquerait pas de faire école ailleurs». L’utilisation parcimonieuse du sol, tout est là.
Quant à la qualité des terres agricoles, la beauté du paysage rural, les risques pesant sur l’environnement, la polémique sur l’exonération fiscale… «Tout cela n’est pas décisif, on en discutera une fois la décision d’Amgen connue», assure Christa Mutter. Reste qu’à l’heure des questions, les coprésidents mélangent allégrement tous ces domaines. Egalement député et secrétaire général des Verts suisses, Hubert Zurkinden fustige par exemple la politique de la Promotion économique fribourgeoise, la concurrence que se livrent les cantons, la politique du secret suivie par le Gouvernement, etc.

S’exprimer par les pieds
Sur la procédure de dézonage, les Verts se plaignent du «climat malsain» qui pousse les opposants à se taire. Ils déplorent aussi des pressions exercées sur les associations écologiques, d’où leur renoncement à s’opposer. Raison pour laquelle les uns et les autres appellent à manifester dimanche contre l’implantation de l’usine à Galmiz. La promenade prévue entre Chiètres et Montilier longera la zone litigieuse, avec halte dans une ferme biologique. Ou comment exprimer son opinion avec les pieds, plaisante Christa Mutter.
Christa Mutter et Hubert Zurkinden en profitent pour réfuter toute responsabilité en cas d’échec. «La faute en reviendrait au Conseil d’Etat!» Motif: s’il avait proposé un terrain déjà en zone constructible, rien de tout cela ne serait arrivé. Qui plus est, il devait se douter que le dézonage d’une parcelle de 55 hectares en marge du Grand-Marais ne passerait pas comme une lettre à la poste. Et les écologistes de juger «inadmissible» le maintien de la confidentialité sur l’identité de l’entreprise dans le cadre de la procédure publique de mise en zone.
Mais le Gouvernement trouve grâce sur un point à leurs yeux. En quelques semaines, il a réussi à propulser l’aménagement du territoire, sujet rébarbatif et abstrait s’il en est, dans le peloton de tête des préoccupations helvétiques… «Et maintenant, conclut Christa Mutter, Fribourg ferait mieux de retirer son offre et de soutenir le site d’Yverdon.»

Sur la manif de dimanche

Beat Vonlanthen, conseiller d’Etat: «Je pense qu’il y aura des milliers de personnes dimanche à Galmiz, mais peu de Fribourgeois. Notre démocratie autorise une telle manifestation et je n’ai donc rien contre, sur le principe. Mais je suis irrité par les opposants à ce projet primordial pour la Suisse qui prétendent que nous n’avons pas respecté les règles d’aménagement du territoire. Cet argument est faux et, même s’il est répété, il reste faux. Ce mouvement dirigé depuis l’extérieur du canton doit réaliser qu’il joue avec le feu, car c’est grâce à Galmiz que la Suisse est encore en course. La concurrence de l’Irlande est si vive qu’il y a un grand risque que la Suisse perde la partie. Je reste confiant, et j’espère que la manif n’aura pas un écho trop négatif. Sinon, il faudra rappeler que les autorités, la population et les élus fédéraux du canton sont derrière le projet.»
Hans Weiss, directeur du Comité d’action Galmiz Oui à l’aménagement du territoire (300 membres). «Nous serons satisfaits s’il y a au moins 400 à 500 personnes, dont beaucoup de Fribourgeois. Sur conseil de la police et du préfet, nous avons émis des recommandations à l’intention des participants. Nous y disons que ce n’est pas une manif. On ne veut ni provocation ni bagarre. C’est une action pacifique et politique en vue
de l’utilisation parcimonieuse du sol. Le texte indique aussi que nous ne nous opposons pas à la commune de Galmiz ni à la création de places de travail dans des endroits adéquats définis conformément à la loi. Les participants sont en outre invités à ne pas quitter le chemin, par respect pour les cultures. Des guides vêtus de T-shirts distinctifs y veilleront.»


Sébastien Julan
31 mars 2005

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