FRIBOURG Armée suisse en Asie du sud

Aux ordres d’un Fribourgeois

C’est le Fribourgeois Yvon Langel, un élu du village broyard d’Autavaux, qui commande les 50 militaires suisses envoyés en Indonésie. A bord de trois hélicoptères, déjà sur place, ils porteront secours aux sinistrés. Le gros du contingent s’envole demain vendredi.


A bord de trois Super-Puma, acheminés par avion, Yvon Langel (médaillon) et ses hommes vont secourir les victimes du tsunami

 

«Tu vas aider les vivants de la grande vague.» Avec les mots simples de son âge, 5 ans et demi, la fille d’Yvon Langel résume finalement assez bien la mission qui attend son père. Ce Fribourgeois de 46 ans – un officier de carrière établi depuis cinq ans à Autavaux, commune voisine d’Estavayer-le-Lac où il officie comme conseiller communal depuis mai 2003 – n’est autre que le commandant du groupe SUMA 05. Du nom du contingent de 50 militaires que l’armée suisse va dépêcher sur l’île indonésienne de Sumatra, durement touchée par le séisme et par le raz de marée du 26 décembre dernier.
Parmi les hommes du colonel EMG Yvon Langel, tous professionnels, on trouve deux autres personnes domiciliées dans le canton de Fribourg. Il s’agit du sergent-major Jean-Paul Barras, à Broc, et du sergent Christophe Kölliker, à Grandsivaz, tous deux fournis par la police militaire. Avec leurs camarades, la prise de contact a eu lieu hier à Stans (NW), où ils ont eu droit à un point de la situation sur place et à une information sur la manière de se comporter avec les victimes et les autochtones.
Ainsi briefé jusqu’à midi, aujourd’hui, le contingent s’envole demain vendredi, à 12 h 51, pour l’Asie du Sud. Ces soldats y rejoindront le détachement de neuf personnes sur place depuis dimanche pour préparer l’arrivée des hélicop-tères de l’armée suisse. Ces trois Super-Puma, partis lundi de l’aéroport de Kloten, démontés et chargés dans un avion de transport Antonov 124, sont arrivés mardi à Sumatra.

Avec trois Super-Puma
C’est à bord de ces appareils que les militaires suisses effectueront leur mission, prévue durant trois mois, pour le compte du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). L’engagement des trois hélicoptères devrait débuter la semaine prochaine, une fois que «la sécurité technique des vols sera garantie à 100%», précise Felix Endrich, porte-parole du Département fédéral de la défense.
Yvon Langel: «A partir de la ville de Medan, à 250 km au sud d’Aceh, nous allons transporter le personnel médical et infirmier de cette agence de l’ONU dans les zones sinistrées, en particulier dans les villages isolés. Mais, c’est officiel depuis peu, nous le ferons sans arme, contrairement à ce qui était prévu au départ.»
Cette opération constitue le premier véritable engagement humanitaire de la nouvelle Armée XXI. «C’est pour moi aussi une première, explique le commandant, rattaché aux troupes mécanisées légères. Il faut bien commencer une fois.» Le Neuchâtelois d’origine (Dombresson) n’en est pourtant pas à sa première mission à l’étranger. Il avait notamment fonctionné en 1997 comme chef de délégation lors de l’entraînement en Suède de militaires suisses sur les chars Leopard.

«Je suis serein»
Selon lui, la mission indonésienne s’annonce sous les meilleurs auspices: «Je suis extrêmement serein, la troupe est très bien préparée, son moral est bon et la plupart ont déjà de l’expérience. Cette opération a fort bien démarré», témoigne-t-il. Ce volet militaire, qui devrait coûter deux à trois millions de francs, vient s’ajouter à l’aide helvétique consentie notamment pour la reconstruction.

Deux habitants du canton manquants

Deux Fribourgeois, domiciliés en Sarine et en Singine, figurent au nombre des personnes manquantes après le tsunami qui a ravagé l’Asie du Sud le 26 décembre. Mardi, on était encore sans nouvelle d’une troisième personne, broyarde, mais elle a été retrouvée hier dans la journée, précise Francine Zambano, porte-parole de la Police cantonale.
En tout, Fribourg a reçu de Berne huit dossiers portant sur 12 personnes manquantes, dont une famille et un couple. Six de ces dossiers (10 personnes) ont pu être clos par la cellule mise en place à la Sûreté: «Ces personnes ont été retrouvées en bonne santé», précise la police. Elles sont de retour dans le canton ou poursuivent leur voyage.
Concernant les deux habitants manquants, si les mesures prises pour les retrouver se révélaient infructueuses, ils seront considérés comme disparus. Ce qui enclenchera la récolte de données dites ante mortem auprès des proches (recherche d’ADN sur la brosse à dents, radiographies dentaires, etc.). En revanche, selon le communiqué diffusé mardi, aucun Fribourgeois ne figure parmi les 23 décès officiels de ressortissants suisses. Et aucune personne annoncée disparue par des témoins n’habite le canton.
La Police cantonale, comme les autres corps de police du pays, procède en outre à des contrôles concernant la centaine de personnes manquantes dont le domicile est inconnu. «On ne dispose dans ces cas que des noms, sans date de naissance ni domicile», ajoute Francine Zambano. D’où la prudence qui s’impose au sujet de ces chiffres, insiste la Police cantonale, la dernière en Suisse romande à faire état publiquement de ce bilan statistique. «Ces chiffres peuvent en effet évoluer soit à la hausse, soit à la baisse, en fonction de l’évolution de la situation sur les lieux de la catastrophe.» A ce jour, la Confédération est globalement à la recherche de 280 disparus en Asie. Il ne reste pratiquement aucun espoir de retrouver vivants nonante d’entre eux, selon le DFAE.
Le canton verse 100000 fr. A noter que le canton de Fribourg s’associe à l’élan de générosité en faveur des victimes du séisme asiatique. Le Conseil d’Etat a décidé mardi de faire don de 100000 francs, pour moitié à la Chaîne du Bonheur et pour moitié à la Croix-Rouge suisse. Cela porte à 4,5 millions la somme promise par divers cantons suisses.

 

Sébastien Julan
13 janvier 2005

Une I Editorial I Veveyse/Glâne I Fribourg I Sports

Droits de reproduction et de diffusion réservés © La Gruyère 2003 – Usage strictement personnel