FOOTBALL FC Bulle

La vérité en cinq matches

Dimanche dernier, les supporters du FC Bulle ont quitté Bouleyres floués, frustrés et inquiets. Plusieurs substantifs ont été relayés pour regretter le non-match des Gruériens face à Yverdon: apathie, absence de rébellion, trop de respect, honneur perdu. Dès demain, l’équipe de Jochen Dries aborde une série de cinq matches face à des équipes de la seconde partie du classement qui conditionneront partiellement son avenir en Challenge League. L’heure de vérité a sonné. Bilan de santé avec le mentor gruérien.


Jacques Rusca (à g.) et ses coéquipiers entendent retrouver goût à la victoire

 

De volée de bois vert en volée de bois vert (5-0 à Yverdon, 4-0 à Vaduz et 4-0 de nouveau contre Yverdon), Bulle ne fait plus peur – doux euphémisme. Pire! Il ne réagit plus. C’est en tout cas le sentiment qui animait la chambrée de Bouleyres, dimanche dernier après l’élimination sans gloire en 1/16e de finale de Coupe de Suisse face à Yverdon.
Hier matin, derrière une tasse de café, l’entraîneur Jochen Dries a accepté d’évoquer certains points délicats. Tout en renouvelant sa confiance à un groupe dont il espère une réaction d’orgueil et de la constance dans les performances. Dès demain contre Winterthour. Ce n’est qu’à ce prix que le FC Bulle renouvellera son bail avec la Challenge League.

– Jochen Dries. Retour sur le match face à Yverdon. Le public et même l’adversaire n’ont pas compris la passivité dont a fait preuve votre équipe. Votre explication?
L’équipe ne pouvait tout simplement pas. Elle n’avait pas de jambes. Un naufrage collectif. Seul élément positif à retenir, la belle performance de Karlen (n.d.l.r.: il a remplacé le gardien Bally blessé à un genou à la 17e minute). En outre, alors que je voulais introduire un second attaquant après la pause, Jordao m’a demandé de sortir, se plaignant des adducteurs. Maintenant, il s’agit de tourner rapidement cette page.

– Qu’avez-vous dit à vos joueurs en début de semaine?
Nous avons eu une discussion. Chaque joueur s’est exprimé et je me suis réservé le dernier mot.

– Quel était-il?
Je ne l’ai servi qu’à l’équipe. Mais disons que ça tournait autour de: «On a besoin de tout le monde à bord. Et la vérité est sur le terrain et non dans des palabres de vestiaires».

– Et quelle réaction avez-vous pu apprécier?
Lundi, nous avons fait un décrassage physique et... cérébral. Après un mea-culpa, tout le monde s’est remis en question. Mardi a été consacré au fitness, mercredi au jeu. Il reste deux entraînements (n.d.l.r.: hier soir et ce matin).

– D’accord pour le programme, mais cette envie de bien faire, de réagir, l’avez-vous sentie?
Oui, je l’ai d’ailleurs toujours sentie. Certes, après une longue préparation, une certaine usure s’est manifestée. Nous n’avons pas été gâtés par les circonstances: kyrielle de blessés, suspensions. Conséquences: certains joueurs ont été sollicités plus que souhaité. Mais ça ne vaut pas la peine de se lamenter. Il faut tirer un trait et y aller. Oui, je vous confirme que la bonne volonté est bel et bien là.

– Vous n’êtes donc pas inquiet pour la suite?
On va au-devant de cinq échéances importantes. Pour l’heure, nous sommes loin de correspondre à toutes les exigences de la Challenge League. Notre stratégie est de nous installer dans les deux ans dans cette catégorie.

– Depuis le début de la saison, Bulle applique un schéma en 4-4-1-1. Une tactique qui lui sied bien lorsqu’il mène. En revanche, lorsqu’il s’agit de chasser le score...
C’est juste. Mais regardez nos possiblités! C’est-à-dire l’effectif à disposition. A cause des blessures et autres, je n’ai pu aligner que trois fois la même configuration d’équipe: contre Sion, à Belfaux et à Concordia Bâle. Mais cela sonne déjà comme une excuse. Or, je ne veux pas me réfugier derrière ça. En fait, il nous manque de la stabilité et de la constance.

– Si l’on vous dit que les transferts de cet été n’apparaissent pas comme de réels renforts.
(Jochen Dries hoche la tête). Nous composons avec les moyens financiers du bord. Ce n’est pas péjoratif. Plusieurs joueurs se sont proposés, mais ils n’étaient pas accessibles. Mon rôle n’est pas de peser sur les joueurs étrangers. Nous avons un effectif limité quantitativement qui a dû faire face à beaucoup de défections. Reste que chez nous, tout le monde a sa chance. A titre comparatif, Yverdon n’a «tourné» qu’avec 13 joueurs depuis le début de la saison.

– Moyens financiers limités, d’accord. Mais envisagez-vous tout de même de vous lancer dans le «mercato» à l’inter-saison?
Bien sûr! On tirera le bilan et on agira en conséquence. Je connais notre budget et nous ferons avec. Tout le monde essaie d’amener sa part. Dans ce contexte difficile, mon travail est fascinant. Maintenant, il reste cinq matches et la saison est loin d’être finie.

– Justement. Ces cinq dernières rencontres de l’année 2004 sonnent comme l’heure de vérité. Elles conditionneront, partiellement en tout cas, votre avenir en Challenge League.
L’objectif est de passer le cap de 20 points à Noël. Et si on engrange 20 points aussi au 2e tour, cela devrait suffir à assurer notre maintien. En outre, nous ne déplorerons pas autant de défections que cet automne. Ce n’est pas possible.


Patrice Bertherin de retour aux affaires

Conséquence directe des récents errements du FC Bulle, Patrice Bertherin est de retour aux affaires! Après trois années et demie de coprésidence (avec Jorge de Figueiredo), l’homme avait souhaité prendre du recul avec le milieu footballistique en mai dernier, une fois le maintien en Challenge League acquis. Ce qu’il fit. Mais, cette semaine, il a répondu à l’appel du pied de Jochen Dries et de quelques joueurs, désireux de se «sentir mieux entourés, mieux suivis. Surtout lors des déplacements», dixit le mentor gruérien.
L’affaire s’est donc concrétisée officiellement cette semaine, «après une discussion franche et constructive avec le président Jorge de Figueiredo», indique un communiqué de presse. Patrice Bertherin n’occupera pas de fonction officielle au sein du comité directeur. En revanche, il aura charge d’encadrer l’équipe fanion en «étroite collaboration avec Pascal Zambano, responsable technique du club», explique le président Jorge de Figueiredo.
Une première prise de contact a eu lieu hier soir: «Je ne suis pas le Messie! Je vais d’abord prendre la température et si je peux apporter quelque chose de positif, tant mieux, explique Patrice Bertherin. Je ne peux pas juger l’équipe sur le plan sportif vu que je n’ai pas assisté à un seul de ses matches cette saison. Par contre, je suis au courant des relations au sein du groupe.»
La potion sera-t-elle suffisante pour apaiser la fièvre? Réponse dans cinq matches. Ou moins.

 

Gilles Liard
30 octobre 2004

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