COMMENTAIRE Salle CO2

Du sang plutôt que des sexes

S’ils veulent découvrir Les marionnettes du pénis, le spectacle de Cuche et Barbezat, les Gruériens devront donc aller voir ailleurs. Une représentation était pourtant pressentie à la nouvelle salle du CO de La Tour-de-Trême. Mais le préfet et le directeur de l’établissement n’en ont pas voulu. «Après les événements pénibles que l’on a vécus avec l’ancien directeur et un enseignant, ce n’était pas judicieux d’accueillir ce spectacle», soutient Maurice Ropraz, qui est aussi le président du comité d’école.
On peut évidemment ne pas s’extasier devant ces deux zozos qui tripotent leur zizi pour en faire une tour Eiffel, un hamburger ou une planche à voile. Performance, singerie de potaches? Là n’est pas le propos.
Interdire ce spectacle tient de la censure, le mot est lâché. Pire: de l’autocensure. Même si les motifs invoqués sont défendables. Bien sûr, l’école et la Gruyère tout entière ont été meurtries par ces affaires. Mais la vie n’en continue pas moins, avec ses histoires dégueulasses et ses éclats de rire.
L’interdiction des Marionnettes du pénis pour les motifs avancés revient à dire que les Gruériens se sont arrêtés de vivre, qu’ils ne sont pas capables de faire la différence entre le théâtre – qu’il soit drôle ou pas – et la réalité, qu’ils resteront traumatisés à jamais… Vite, qu’on nous donne une pièce de Shakespeare pleine de trahisons ignobles, de haines implacables et de meurtres sanglants!

Patrick Pugin
26 juin 2004

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