FOOTBALL Euro 2004

Quand les Portugais chavirent

«La Gruyère» s’est rendue au Centre portugais de Bulle pour assister à la demi-finale de l’Euro, mercredi soir. Histoire de partager un peu de l’émotion de la communauté qui a si bien su propager sa joie dans les rues du chef-lieu.


«Portugal, Portugal, Portugal…» Les encouragements des supporters lusitaniens font trembler les vitres de la salle. Une bonne centaine d’entre eux étaient réunis, mercredi soir au Centre portugais de la Gruyère, à Bulle, pour regarder la demi-finale de l’Euro. Après nonante minutes d’émotion, la tête cachée dans son drapeau bordeaux et vert, un homme, la quarantaine, attend la fin de la partie, pétri d’angoisse. «Ce ne sera pas un match facile», avait prévenu le patron du Centre, dans un charmant mélange d’accent méditerranéen et gruérien. Pourtant, Rufino Andrade parle déjà du champagne qu’il sabrera à la fin du match.
A 20 h 30, la salle est encore presque vide. Seule une tablée se passe le temps en jouant aux cartes. Le monde arrive petit à petit. En famille ou entre copains, les uns avec un drapeau portugais sur les épaules, les autres vêtus du maillot de l’équipe nationale. Tous s’entassent à l’arrière, près du bar. Devant, à côté de l’écran géant, flotte le drapeau rouge de la Champions League, remportée cette année par Porto. Sûr que le centre a déjà vibré au soir de la victoire face à Monaco. Les dizaines de coupes brillantes alignées sur une étagère autour de la pièce laissent penser qu’on ne fait pas que regarder le sport à la télé.
Très vite, l’émotion envahit la salle. Les joueurs lusitaniens mènent le jeu. Après dix minutes, les supporters ont déjà bondi de leur chaise au moins deux fois. Et quand Figo traverse le terrain balle au pied à la 23e minute, les drapeaux s’agitent et les encouragements emplissent la pièce.
Après une bonne minute de commentaires sur cette action, les esprits se calment et reviennent au jeu. Juste à temps pour voir le premier goal. Cristiano Ronaldo a marqué. Applaudissement, hurlement de joie, embrassade, on commence à y croire. La mi-temps permet juste d’aller reprendre son souffle à l’extérieur. Nouvelle explosion de joie à la 58e. Quatre minutes plus tard, stupeur quand Andrade marque l’autogoal. Certains se cachent au moment des ralentis.
Le jeu n’est plus aussi bien maîtrisé qu’à la première mi-temps. A chaque nouvelle prise de possession du ballon hollandaise, on retient son souffle. La sortie de Christiano Ronaldo est accueillie par une vague d’incompréhension. Dès que la balle est dans les jambes des hommes de Scolari, les applaudissements fusent. On aimerait un 3-1. Histoire de se rassurer. Les mains jointes devant la bouche, quelques-uns invoquent les dieux.
Alors quand retentit le coup de sifflet final, tous se lèvent d’un seul homme, les bras levés vers le ciel. Ils sifflent, sautillent, s’embrassent, chantent… La fête ne fait que commencer, les premiers klaxons retentissent déjà à l’extérieur.

Joie partagée
De partout surgissent des meutes de voitures de motos. C’est à qui fera le plus de bruit. Toute la communauté portugaise se retrouve sur les pavés du chef-lieu gruérien. Réunis devant l’Hôtel de Ville, ceux qui sont venus à pied font une haie d’honneur aux véhicules, entonnant l’hymne lusitanien. En déséquilibre sur la portière, agitant fanions et étendards, les plus jeunes montrent leur ferveur.
Dans la douceur de cette soirée de juin, l’exubérance portugaise donne un air méditerranéen à la Grand-Rue. Parmi la foule, tous n’ont pas les cheveux foncés et le teint ensoleillé des Ibériques. Des Gruériens, mais aussi des membres des autres communautés étrangères, sont venus partager la joie portugaise. Une bonne humeur qui s’est prolongée bruyamment jusqu’aux environs d’une heure du matin. Qui sait dimanche, la fête se prolongera peut-être jusqu’aux aurores.

Sophie Roulin
3 juillet 2004

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