«Portugal,
Portugal, Portugal
» Les encouragements des supporters lusitaniens
font trembler les vitres de la salle. Une bonne centaine dentre
eux étaient réunis, mercredi soir au Centre portugais
de la Gruyère, à Bulle, pour regarder la demi-finale de
lEuro. Après nonante minutes démotion, la
tête cachée dans son drapeau bordeaux et vert, un homme,
la quarantaine, attend la fin de la partie, pétri dangoisse.
«Ce ne sera pas un match facile», avait prévenu le
patron du Centre, dans un charmant mélange daccent méditerranéen
et gruérien. Pourtant, Rufino Andrade parle déjà
du champagne quil sabrera à la fin du match.
A 20 h 30, la salle est encore presque vide. Seule une tablée
se passe le temps en jouant aux cartes. Le monde arrive petit à
petit. En famille ou entre copains, les uns avec un drapeau portugais
sur les épaules, les autres vêtus du maillot de léquipe
nationale. Tous sentassent à larrière, près
du bar. Devant, à côté de lécran géant,
flotte le drapeau rouge de la Champions League, remportée cette
année par Porto. Sûr que le centre a déjà
vibré au soir de la victoire face à Monaco. Les dizaines
de coupes brillantes alignées sur une étagère autour
de la pièce laissent penser quon ne fait pas que regarder
le sport à la télé.
Très vite, lémotion envahit la salle. Les joueurs
lusitaniens mènent le jeu. Après dix minutes, les supporters
ont déjà bondi de leur chaise au moins deux fois. Et quand
Figo traverse le terrain balle au pied à la 23e minute, les drapeaux
sagitent et les encouragements emplissent la pièce.
Après une bonne minute de commentaires sur cette action, les
esprits se calment et reviennent au jeu. Juste à temps pour voir
le premier goal. Cristiano Ronaldo a marqué. Applaudissement,
hurlement de joie, embrassade, on commence à y croire. La mi-temps
permet juste daller reprendre son souffle à lextérieur.
Nouvelle explosion de joie à la 58e. Quatre minutes plus tard,
stupeur quand Andrade marque lautogoal. Certains se cachent au
moment des ralentis.
Le jeu nest plus aussi bien maîtrisé quà
la première mi-temps. A chaque nouvelle prise de possession du
ballon hollandaise, on retient son souffle. La sortie de Christiano
Ronaldo est accueillie par une vague dincompréhension.
Dès que la balle est dans les jambes des hommes de Scolari, les
applaudissements fusent. On aimerait un 3-1. Histoire de se rassurer.
Les mains jointes devant la bouche, quelques-uns invoquent les dieux.
Alors quand retentit le coup de sifflet final, tous se lèvent
dun seul homme, les bras levés vers le ciel. Ils sifflent,
sautillent, sembrassent, chantent
La fête ne fait
que commencer, les premiers klaxons retentissent déjà
à lextérieur.
Joie partagée
De partout surgissent des meutes de voitures de motos. Cest
à qui fera le plus de bruit. Toute la communauté portugaise
se retrouve sur les pavés du chef-lieu gruérien. Réunis
devant lHôtel de Ville, ceux qui sont venus à pied
font une haie dhonneur aux véhicules, entonnant lhymne
lusitanien. En déséquilibre sur la portière, agitant
fanions et étendards, les plus jeunes montrent leur ferveur.
Dans la douceur de cette soirée de juin, lexubérance
portugaise donne un air méditerranéen à la Grand-Rue.
Parmi la foule, tous nont pas les cheveux foncés et le
teint ensoleillé des Ibériques. Des Gruériens,
mais aussi des membres des autres communautés étrangères,
sont venus partager la joie portugaise. Une bonne humeur qui sest
prolongée bruyamment jusquaux environs dune heure
du matin. Qui sait dimanche, la fête se prolongera peut-être
jusquaux aurores.
Une
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