GLÂNE Vitrail à Romont

Un tournant pour le musée

Dans sa nouvelle exposition, le Musée du vitrail de Romont rend hommage à ses mécènes. Car grâce à leur générosité, le musée a réussi à réunir les fonds nécessaires à son agrandissement. L’inauguration aura lieu au printemps 2006, pour autant que le projet soit accepté par le Grand Conseil, qui doit injecter 3,6 millions de francs.


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Montrer la diversité et la richesse des dons reçus. Tel est l’objectif de l’exposition Vitrea dedicata organisée par le Musée du vitrail de Romont. Celle-ci intervient à un moment charnière, puisque le musée prévoit de s’agrandir (voir ci-dessous). Elle permet de faire un bilan de vingt-deux ans d’existence et surtout de rendre hommage à ses généreux mécènes.
«Une quarantaine d’œuvres ont été choisies dans notre collection», indique le conservateur Stefan Trümpler. Les deux salles réservées à cette exposition temporaire, qui se terminera le 14 mars prochain, mettent en lumière six siècles d’art du vitrail: des œuvres figuratives du Moyen Age aux délires de couleurs du XXe siècle. Le premier panneau présente de délicats feuillages bruns qui appartenaient aux plus anciens vitraux de la Collégiale de Romont. Ceux-ci sont datés du XIVe siècle.
Une série de petites œuvres suisses et fribourgeoises se succèdent ensuite, accompagnant le visiteur du XVIIe au XIXe siècle. Il peut y admirer des vitraux ayant orné une chapelle en Singine ou encore une œuvre commandée par une abbesse de la Fille-Dieu dans les années 1600. Art-nouveau, Arts and crafts anglais et panneaux d’artistes contemporains attendent ensuite les curieux.

Pas seulement des vitraux
Au centre de la pièce, une vitrine abrite une des mille peintures sous verre cédées par les époux Ryser. L’œuvre présentée dans le cadre de Vitrea dedicata est probablement d’origine flamande et date du XVIe siècle. «Les aménagements du futur musée permettront d’accorder plus de place à cette collection», note le conservateur.
«Dans la seconde salle, d’autres types de donation sont mis en valeur, ajoute Stefan Trümpler. On y retrouve par exemple de très grandes pièces, qui avaient été commandées à l’occasion du 700e anniversaire de la Confédération.» Ainsi, au milieu de la haute pièce, se dresse un étrange Totem, réalisé par l’Allemand Ludwig Schaffrat. Ses sept carreaux rouges sertis de plomb et entourés de verre incolore intriguent.
Une place a également été faite pour d’autres réalisations. «On nous cède parfois des fonds d’atelier, des outils de verriers ou des témoins de la recherche et du travail des artistes, explique le conservateur. Ces dons sont très importants pour l’histoire de l’art et pour notre centre de recherche sur le vitrail.» Enfin, un espace met en évidence le travail de sauvegarde effectué par le musée. Un peu bringuebalantes, les œuvres sont présentées telles qu’elles ont été reçues.
«Ces vitraux ont été arrachés ou pliés lors de transformations d’églises, observe Stefan Trümpler. Parfois des paroisses nous appellent pour débarrasser des caisses qui les encombrent.» Des scènes d’enfants jouant, ici en Asie, là dans le Grand Nord, datant des années 1970, ont par exemple été sauvées lors de la destruction de l’église du Foyer Saint-Etienne à Fribourg.

Romont, Musée du vitrail (château), jusqu’au 14 mars 2004. Ouvert de jeudi à dimanche de 10 h à 13 h et de 14 h à 17 h. Du 20 décembre au 4 janvier, ouvert tous les jours sauf les lundis, le 25 décembre et le matin du 1er janvier

L’agrandissement est en vue

«L’objectif que nous nous étions fixé est atteint», se réjouit Augustin Macheret, président du conseil de fondation du musée. Après dix-huit mois, la collecte de fonds pour l’agrandissement et la réfection du Musée du vitrail a permis de récolter près de 1,46 million de francs. La rénovation et les transformations du château se monteront à 4,9 millions de francs, dont 3,6 millions à la charge de l’Etat de Fribourg, propriétaire du bâtiment.
«Nous devions trouver au minimum 1,3 million pour financer les installations muséographiques et techniques du château, explique Augustin Macheret. L’argent supplémentaire servira à couvrir les coûts inévitables de suppléance durant la réalisation du futur musée. Le conservateur Stefan Trümpler sera très occupé par les travaux, mais le musée devra poursuivre ses activités.» Le but est également de couvrir les frais engendrés par le lancement et la promotion du futur musée. La recherche de fonds va donc se poursuivre.
Les travaux prévoient une restauration des salles historiques de l’aile fribourgoise construite à la fin XVIe siècle. «Elles permettront d’accueillir une collection de mille peintures sous verre que le couple Ryser a léguée au musée», indique le président du conseil de fondation. L’aile savoyarde sera réaménagée et rendue accessible aux handicapés par la mise en place de rampes et l’installation d’un ascenseur. Quant aux infrastructures sanitaires et aux installations de sécurité, elles seront adaptées aux normes actuelles. Grâce à l’auvent qui sera désormais vitré, un vaste espace d’exposition à la lumière du jour sera créé. Et les deux ailes du musée seront reliées, afin de n’avoir plus qu’un seul accès au bâtiment.
Reste que le projet doit encore passer la rampe du Grand Conseil. Une mise à l’enquête publique suivra. «Nous avons déjà les préavis favorables des Services cantonal et fédéral des biens culturels», signale Augustin Macheret. Si tout se passe bien, les travaux débuteront dans le courant de l’année prochaine. «Nous espérons pouvoir ouvrir en mai ou juin 2006.» Une manière de marquer le 25e anniversaire du musée.


Sophie Roulin
13 décembre 2003

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