VEVEYSE Ergothérapie

Pour maintenir l’autonomie

La Maison St-Joseph à Châtel-St-Denis est le seul EMS du canton à compter une ergothérapeute dans son personnel. Un choix qui permet de mieux répondre aux besoins spécifiques de personnes très dépendantes.


L’ergothérapie passe aussi par la cuisine: même très affectées dans leur autonomie, les participantes sont invitées à mettre en valeur leurs capacités

 

Mardi midi, autour de la grande table ovale de la «Poêle à frire», cinq dames âgées finissent de préparer une salade de fruits. Située dans une aile lumineuse de la Maison Saint-Joseph, à Châtel-Saint-Denis, cette grande cuisine accueille aujourd’hui l’atelier-repas proposé par Chantal Tinguely, ergothérapeute. Même si elles ne peuvent plus se mouvoir de manière tout à fait autonome, ces dames mettent la table. Des verres à pied et une bouteille de Fleurie annoncent un certain goût de la vie.
Depuis dix heures ce matin, elles ont tout préparé, entourées par l’ergothérapeute. «Nous tentons de mettre en valeur les capacités de chacune, explique Chantal Tinguely. Cet atelier a un aspect thérapeutique. En gros, on peut dire que l’ergothérapie s’occupe de tout ce qui concerne les gestes de la vie quotidienne, dans le but de la rendre plus facile, de maintenir l’autonomie et de faire des progrès.» Et de montrer une planche qu’elle a adaptée pour qu’une personne puisse couper des pommes de terre avec une seule main.
Employée à 80% par la Maison Saint-Joseph, Chantal Tinguely propose également un atelier d’entraînement de la mémoire, un atelier du geste (mobilisation de toutes les articulations sans douleurs et sans fatigue), un atelier d’équilibre et un autre d’expression picturale. L’ergothérapeute n’est pas arrivée là par hasard. En 1998, elle est engagée d’abord comme animatrice à la Maison Saint-Joseph. «Je voyais des recoupements avec mon métier d’ergothérapeute. Je voulais mettre mes compétences d’ergothérapeute au service de l’animation.»

Gestes de la vie quotidienne
Au bout de quelques années, elle réalise qu’elle souhaite aller plus loin et s’occuper aussi des personnes les plus affectées dans leur autonomie. «Ce qui m’intéresse, c’est de m’occuper des personnes qui ne peuvent plus profiter des animations. Celles qui sont han-dicapées, qui ont une démence ou des gros problèmes de comportement.» Elle élabore un projet d’ergothérapie adapté à la maison. Et devient ainsi, depuis 2003, la seule ergothérapeute engagée par un EMS dans le canton de Fribourg. Ailleurs, des ergothérapeutes interviennent dans les homes sur mandat de prestation.

Adaptation aux besoins
«C’était un pari», explique Claude Ecoffey, directeur de la Maison Saint-Joseph. «En lieu et place d’une infirmière, nous avons engagé une ergothérapeute. Chantal Tinguely nous donne des pistes que nous ne pourrions pas avoir autrement face à des situations de personnes extrêmement dépendantes. Elle travaille avec le personnel et, à d’autres moments, elle prend le relais. C’est un plus pour les résidents, mais aussi pour les intervenants. Ça n’a pas été sans difficulté au niveau de l’Etat, j’ai dû me battre pour justifier ce poste.»
Le rôle de Chantal Tinguely consiste aussi à s’occuper des besoins en adaptations diverses et à donner des formations pour tout le personnel. Mais, et c’est une particularité, elle participe aussi au travail des soignants. Elle a des heures de soin, au lever et au coucher, le week-end. «Je vis à part entière avec eux. C’est le meilleur atout que j’ai. Je suis là quand des problèmes surgissent dans la vie quotidienne. Lorsque je travaille le week-end, je rencontre les familles. Là aussi, on me fait part de certains besoins. Et c’est plus facile pour moi de bien connaître le travail des soignants.»

Symposium à Fribourg

A l’occasion de son cinquantième anniversaire, l’Association suisse des ergothérapeutes (ASE) organisait samedi dernier un symposium national, à Fribourg, sur le thème «Une vieillesse active en toute confiance». Des conférenciers internationaux ont tenté de donner quelques réponses aux questions que pose le vieillissement dans notre population. Le tout du point de vue des seniors, de la philosophie, de l’éthique et surtout de l’ergothérapie.
L’ASE compte actuellement 1890 membres et 14 sections cantonales. La section fribourgeoise (SeFrASE) a été fondée en 1999 et regroupe une cinquantaine de membres. Les ergothérapeutes travaillent dans des domaines aussi variés que la psychiatrie, la pédiatrie, la gériatrie, la physiatrie (soins dans les hôpitaux, réadaptation, neuroréhabi-litation, notamment), ainsi que dans le maintien à domicile et la recherche. Leurs prestations comprennent des interventions thérapeutiques basées sur les activités de la vie quotidienne, l’aménagement de l’environnement, le conseil et le choix de moyens auxiliaires.
Cette profession paramédicale est aujourd’hui soumise aux pressions sur les coûts de la santé. L’ASE s’engage pour le maintien des prestations en ergothérapie pour tous, dans le cadre de l’assurance de base.

Plus d’informations: www.ergotherapie.ch

 

 

Antoinette Prince
23 septembre 2006

Une I Editorial I Gruyere I Veveyse/Glâne I Fribourg

Droits de reproduction et de diffusion réservés © La Gruyère 2003 – Usage strictement personnel