Solliciter
de lEtat un rabais de prime maladie, laide sociale ou une
bourse détude, pour ne citer que les domaines les plus
gourmands en deniers publics, revient souvent à accomplir le
parcours du combattant, ballotté dun service à lautre.
Ce ping-pong administratif nest pas encore révolu, mais
il devrait lêtre à lavenir. Vu la complexité
de la tâche, l«ambitieuse réforme» présentée
hier ne sera pas pleinement opérationnelle avant 2012.
Ce rapport constitue la réponse au postulat dAnne-Claude
Demierre (ps, La Tour) et Jean-Jacques Collaud (plr, Grolley). Le canton
sy engage sur la voie dun mode de calcul unifié pour
définir le revenu déterminant unique (RDU), qui donne
droit aux prestations sociales après examen de la situation financière
de la personne qui sollicite
laide (lire encadré). Huit des dix-sept prestations inventoriées
sont concernées, détaillent les conseillers dEtat
Ruth Lüthi et Claude Lässer. Les autres prestations dépendent
de critères fédéraux ou ne reposent pas sur un
barème précis, comme lassistance judiciaire.
Ce chantier de longue haleine implique lélaboration de
bases légales: une loi dorganisation et dharmonisation
des prestations sociales cantonales devrait être adoptée
en 2008. Elle comprendra notamment les critères déterminants
(revenus, fortunes et charges) et le mode de calcul du RDU. Pour cela,
la conception dune plate-forme déchange dinformation
simpose. Cest dailleurs la révolution informatique
qui autorise aujourdhui un tel changement, inima-ginable techniquement
il y a peu encore. Cela permet de doper les efforts encore timides réalisés
jusquici en vue dune meilleure coordination.
Les obstacles juridiques et techniques nétant pas insurmontables,
assurent les chefs de services impliqués, il sagira de
changer en profondeur les habitudes et les mentalités internes
à ladministration fiscale et sociale, notamment. La résistance
au changement nest pas à sous-estimer. En atteste lexpérience
depuis 2003 du Tessin, pionnier en la matière, et de Genève
et Neuchâtel qui ont adopté leur loi lan passé.
Le RDU, un moyen de faire des économies? Les responsables politiques
sen défendent et parlent dune opération financièrement
neutre. «Comme on ne peut pas se permettre un doublement des charges
tous les dix ans, il nous faut contenir leur progression», prévient
largentier Lässer. Aussi sagit-il de mieux utiliser
largent du contribuable, de rationaliser et de simplifier le travail
administratif.
A la clé, une plus grande équité dans la distribution
des ressources sociales, une meilleure détection des abus et
un traitement plus rapide des dossiers. Il en sera en outre fini avec
les effets de seuil, ou daubaine. Autrement dit lordre dans
lequel sont sollicitées les prestations, car il peut avoir un
impact sur le revenu finalement disponible (voir infographie). Laccès
à une prestation peut en effet empêcher laccès
à une autre.
Autres avantages: les demandeurs de prestations nauront plus quune
seule formalité à remplir, et non plus autant que de demandes
différentes. Ils éviteront en outre de se rendre dun
office à lautre. Les dossiers circuleront à leur
place, au moyen du logiciel informatique encore à créer.
Un outil qui nécessitera de stricts garde-fous par respect de
la protection des données et du secret fiscal. Les services ne
disposeront donc que de ce qui est indispensable à lexamen
de la requête, et non de toutes les informations sensibles.
Données
brutes
Définition.
Le revenu déterminant unique est une méthode de calcul
qui définit un revenu permettant laccès à
certaines prestations sociales accordées en fonction de la situation
financière.
Prestations. Aide sociale, allocations de maternité, allocations
familiales aux personnes sans activité lucrative, avances de
pensions alimentaires, bourses détudes, soins et aide à
domicile, subsides à lassurance maladie, subventions pour
la protection des biens culturels.
Bénéficiaires. 110000 (ce qui ne correspond pas
à 110000 personnes) sur 150000 demandes.
Dépenses engendrées. 174 millions brut en 2006
(le double par rapport à 1996), soit 7,3% des charges de lEtat
(4,8% en 1996).
Coût du projet. 3 mio sur cinq ans. Dont 2,2 mio pour linformatique
et 100000 fr. par an pour le chef du projet.
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