VEVEYSE Sarah Miccichè, vétérinaire ostéopathe

«J’écoute avec mes mains»

Schoeller Arca Systems, spécialiste de l’emballage en plastique, va licencier vingt-deux collaborateurs, dont douze intérimaires, soit près du tiers de son effectif. Cette décision était dans l’air depuis 2005.


Sarah Miccichè et Tatou, un toutou plutôt coopératif…

 

Florian Walzinger et son épouse Sarah Miccichè partagent la particularité d’exercer la même profession: tous deux sont ostéopathes, mais dans des domaines différents. S’il pratique l’ostéopathie humaine dans son cabinet à Bulle, elle s’est spécialisée en ostéopathie animale après ses études de médecine vétérinaire à l’Université de Berne. Elle exerce à domicile aux Thioleyres, un village vaudois tout près de la Veveyse, à l’enseigne du «Carnaval des Animaux». «J’aime aussi la musique. C’est pourquoi j’ai choisi le titre d’une œuvre de Camille Saint-Saëns», explique Sarah Miccichè.
Si cette thérapie a acquis, depuis longtemps, ses lettres de noblesse pour le traitement des maux des bipèdes, l’ostéopathie fait encore figure de nouveauté pour nos compagnons à quatre pattes. Rares sont les vétérinaires qui l’exercent, du moins en Suisse. «En France, plusieurs vétérinaires sont ostéopathes, il est même obligatoire de l’être pour pratiquer cette thérapie.»
Pourquoi cette option? «Pas seulement parce que ma profession, avec ses contraintes, est difficile à concilier avec mes obligations de mère de famille. Mais parce qu’il me semble un peu frustrant d’exercer la médecine vétérinaire classique en tant que généraliste. Il faut tout faire, les vaccins, les analyses de laboratoire, la dermatologie, la neurologie, la chirurgie… L’ostéopathie me plaît par sa spécificité. Elle apporte un réel soulagement à mes “patients” en les abordant dans leur globalité. L’ostéopathie permet une approche holistique des pathologies», explique Sarah Miccichè.
Cette jeune femme de 31 ans a fait sa formation complémentaire à l’Institut des médecines alternatives et ostéopathie vétérinaire (IMAOV) à Paris. «Pour moi, ce type de spécialisation est indissociable de connaissances médicales approfondies. L’ostéopathie animale n’est hélas pas contrôlée. Il faut donc bien se renseigner lorsque l’on confie son chien, son chat ou son cheval.»
Un conseil qui, soit dit en passant, vaut aussi pour l’ostéopathie humaine, avertit Florian Walzinger, qui est diplômé de l’Ecole suisse d’ostéopathie à Belmont-sur-Lausanne. La seule qui offre une formation, à plein temps et de niveau universitaire, sur cinq ans, avec un an de stage au minimum.

Thérapie ancestrale
Si elle apparaît comme récente, l’ostéopathie n’est pas nouvelle. C’est au Dr Andrews Taylor Still (1828-1917) que l’on doit le développement de cette thérapie ancestrale. Ce médecin américain a été le premier à comprendre les interactions entre le système musculo-squelettique et les autres systèmes organiques. Pour lui, la charpente osseuse est garante de l’harmonie des systèmes nerveux, musculaires et circulatoires, en vertu du postulat «la structure gouverne la fonction, la fonction détermine la structure».

Les mêmes maux
Pratiquement, comment se passe une consultation d’ostéopathie? «Les bêtes ne peuvent pas dire où elles souffrent. Pour savoir où se trouve le dysfonctionnement, je dois avoir l’animal en main durant un long moment et connaître toute son histoire, son anamnèse.» Vivant aussi de plus en plus longtemps, comme les humains, nos compagnons souffrent quasiment des mêmes maux que leurs maîtres: obésité (problèmes cardiaques, de diabète, de hanche et de colonne vertébrale), excès d’activités sportives ou le contraire, alimentation inappropriée (calculs rénaux, etc.).
«J’écoute avec mes mains, je palpe, pour sentir, délier les crispations. La connaissance de la morphologie et de la physiologie animale est fondamentale. Car en palpant un chien, du bout de la truffe à l’extrémité de la queue, je me représente ses organes intérieurs. Dès qu’un animal est mis en confiance, il se montre coopératif. Car il sent qu’on veut l’aider», observe Sarah Miccichè.

Tout se soigne (ou presque)

De nombreuses pathologies, surtout d’ordre chronique, peuvent être soignées par l’ostéopathie. Une cystite, par exemple: «Avec la médecine allopathique traditionnelle, on va utiliser des médicaments, que l’animal devra peut-être prendre à vie, explique Sarah Miccichè, qui pratique l’ostéopathie animale, aux Thioleyres. «Avec l’ostéopathie, on va tenter de rééquilibrer le corps pour qu’il se soigne par lui-même. Il ne faut cependant pas voir ces deux approches comme concurrentes, mais complémentaires.»
Cette thérapie vaut pour tous les animaux, jeunes ou vieillissants, sportifs ou pas, quels que soient les maux: boiterie, dysplasie de la hanche, arthrose, douleurs articulaires ou musculaires, signes viscéraux (diarrhées, vomissements), sans oublier certains problèmes comportementaux (agressivité) en relation avec une pathologie. On ne parle pas, ici, des chiens dits «dangereux».
La bonne santé se définit comme un équilibre. Dès lors qu’il est rompu parce que l’organisme, pourtant doté d’une formidable capacité d’adaptation, n’y parvient plus sous l’accumulation et la répétition des agressions (mécaniques, infectieuses ou émotionnelles), il y a lésion ostéopathique, altération du mouvement, «le mouvement visible, articulaire, comme le mouvement interne, appelé MRP (mouvement respiratoire primaire), perceptible, lui, à une main entraînée». Le praticien donnera l’impulsion nécessaire pour débloquer les lésions et favoriser le retour de l’équilibre rompu.
L’ostéopathie, qui se pratique aussi à titre préventif, recourt, selon les praticiens, à des techniques qui peuvent être «structurelles» (faire craquer les vertèbres), «myotensives» (étirer le muscle) ou «fonctionnelles» (une méthode douce, qui va dans le sens de la lésion et non contre elle, et que Sarah Miccichè privilégie). Certains, en complément, utilisent aussi l’acupuncture. Passionnée par sa spécialisation, Sarah Miccichè n’hésite pas, quand les circonstances l’exigent (détection d’une petite tumeur à la palpation, infection nécessitant des antibiotiques), à confier l’animal chez un confrère allopathique pour pouvoir se concentrer, après, sur le rééquilibrage de l’organisme.

Le chien à sa vraie place

Depuis l’horrible drame d’Oberglatt – un enfant tué par trois pitbulls – la question de la cohabi-tation et de la sociabilisation des chiens interpelle tout un chacun. Dans la rue comme sous la Coupole fédérale, où le débat a fait rage sur l’interdiction de races réputées dangereuses.
«Exclure une race n’est pas la solution. L’exemple typique du non-sens de cette mesure, c’est le cas du gentil golden retriever qui mord l’enfant de la famille», dit Sarah Miccichè, vétérinaire et ostéopathe pour animaux. Et la taille du chien n’est pas un critère, les petites races pouvant se révéler tout aussi mordantes que les grosses… Sarah Miccichè partage le point de vue de sa consœur vaudoise Colette Pillonel qui, fin 2005, avait quitté le groupe d’experts mis sur pied par l’Office vétérinaire fédéral, parce qu’elle ne cautionnait pas l’établissement d’une liste de races dangereuses.

Des règles à respecter
Car le problème est avant tout éducatif. Le chien reste un prédateur qui descend du loup, indépendamment de sa race et des croisements dont il est issu. Le problème, observe Sarah Miccichè, c’est que l’on «éduque» le chien comme un enfant de la famille. Grave erreur! Originellement animal de meute, un système fondé sur la hiérarchie de ses membres, le chien transpose ce modèle originel à la famille humaine dont il fait partie.
«Il passe son temps à observer le chef de famille, non seulement pour défendre son statut, mais aussi pour essayer d’en acquérir un plus élevé», passer de dominé à dominant. C’est une loi de la nature dans le règne animal obéissant à la structure en meute. A la moindre faiblesse du chef, le chien est prêt à le destituer. Lorsque le chien a pris sa place et que son subordonné devient un adulte ou, pire, un enfant, les conséquences peuvent être dramatiques, car l’animal fera tout pour défendre sa position.
Raison pour laquelle tout propriétaire de chien doit respecter des règles de comportement et exercer un contrôle très serré pour que le chien reste à la place qui doit être la sienne. L’une des premières règles est par exemple d’attribuer à l’animal un lieu de couchage qui ne lui permette pas une observation constante de ce qui se passe dans la maison… Dans ce domaine de l’éducation, l’ostéopathie ne peut pas proposer de recette miracle, à moins d’un lien prouvé entre une réaction agressive et une lésion organique. Mais un vétérinaire comportementaliste est à même de fixer le cadre éducatif du chien, pour qu’il devienne le meilleur ami de l’homme et un merveilleux compagnon pour un enfant..

Marie-Paule Angel
18 avril 2006

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