Florian Walzinger
et son épouse Sarah Miccichè partagent la particularité
dexercer la même profession: tous deux sont ostéopathes,
mais dans des domaines différents. Sil pratique lostéopathie
humaine dans son cabinet à Bulle, elle sest spécialisée
en ostéopathie animale après ses études de médecine
vétérinaire à lUniversité de Berne.
Elle exerce à domicile aux Thioleyres, un village vaudois tout
près de la Veveyse, à lenseigne du «Carnaval
des Animaux». «Jaime aussi la musique. Cest pourquoi
jai choisi le titre dune uvre de Camille Saint-Saëns»,
explique Sarah Miccichè.
Si cette thérapie a acquis, depuis longtemps, ses lettres de noblesse
pour le traitement des maux des bipèdes, lostéopathie
fait encore figure de nouveauté pour nos compagnons à quatre
pattes. Rares sont les vétérinaires qui lexercent,
du moins en Suisse. «En France, plusieurs vétérinaires
sont ostéopathes, il est même obligatoire de lêtre
pour pratiquer cette thérapie.»
Pourquoi cette option? «Pas seulement parce que ma profession, avec
ses contraintes, est difficile à concilier avec mes obligations
de mère de famille. Mais parce quil me semble un peu frustrant
dexercer la médecine vétérinaire classique
en tant que généraliste. Il faut tout faire, les vaccins,
les analyses de laboratoire, la dermatologie, la neurologie, la chirurgie
Lostéopathie me plaît par sa spécificité.
Elle apporte un réel soulagement à mes patients
en les abordant dans leur globalité. Lostéopathie
permet une approche holistique des pathologies», explique Sarah
Miccichè.
Cette jeune femme de 31 ans a fait sa formation complémentaire
à lInstitut des médecines alternatives et ostéopathie
vétérinaire (IMAOV) à Paris. «Pour moi, ce
type de spécialisation est indissociable de connaissances médicales
approfondies. Lostéopathie animale nest hélas
pas contrôlée. Il faut donc bien se renseigner lorsque lon
confie son chien, son chat ou son cheval.»
Un conseil qui, soit dit en passant, vaut aussi pour lostéopathie
humaine, avertit Florian Walzinger, qui est diplômé de lEcole
suisse dostéopathie à Belmont-sur-Lausanne. La seule
qui offre une formation, à plein temps et de niveau universitaire,
sur cinq ans, avec un an de stage au minimum.
Thérapie
ancestrale
Si elle apparaît comme récente, lostéopathie
nest pas nouvelle. Cest au Dr Andrews Taylor Still (1828-1917)
que lon doit le développement de cette thérapie ancestrale.
Ce médecin américain a été le premier à
comprendre les interactions entre le système musculo-squelettique
et les autres systèmes organiques. Pour lui, la charpente osseuse
est garante de lharmonie des systèmes nerveux, musculaires
et circulatoires, en vertu du postulat «la structure gouverne la
fonction, la fonction détermine la structure».
Les mêmes
maux
Pratiquement, comment se passe une consultation dostéopathie?
«Les bêtes ne peuvent pas dire où elles souffrent.
Pour savoir où se trouve le dysfonctionnement, je dois avoir lanimal
en main durant un long moment et connaître toute son histoire, son
anamnèse.» Vivant aussi de plus en plus longtemps, comme
les humains, nos compagnons souffrent quasiment des mêmes maux que
leurs maîtres: obésité (problèmes cardiaques,
de diabète, de hanche et de colonne vertébrale), excès
dactivités sportives ou le contraire, alimentation inappropriée
(calculs rénaux, etc.).
«Jécoute avec mes mains, je palpe, pour sentir, délier
les crispations. La connaissance de la morphologie et de la physiologie
animale est fondamentale. Car en palpant un chien, du bout de la truffe
à lextrémité de la queue, je me représente
ses organes intérieurs. Dès quun animal est mis en
confiance, il se montre coopératif. Car il sent quon veut
laider», observe Sarah Miccichè.
Tout
se soigne (ou presque)
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De
nombreuses pathologies, surtout dordre chronique, peuvent
être soignées par lostéopathie. Une
cystite, par exemple: «Avec la médecine allopathique
traditionnelle, on va utiliser des médicaments, que lanimal
devra peut-être prendre à vie, explique Sarah Miccichè,
qui pratique lostéopathie animale, aux Thioleyres.
«Avec lostéopathie, on va tenter de rééquilibrer
le corps pour quil se soigne par lui-même. Il ne faut
cependant pas voir ces deux approches comme concurrentes, mais
complémentaires.»
Cette thérapie vaut pour tous les animaux, jeunes ou vieillissants,
sportifs ou pas, quels que soient les maux: boiterie, dysplasie
de la hanche, arthrose, douleurs articulaires ou musculaires,
signes viscéraux (diarrhées, vomissements), sans
oublier certains problèmes comportementaux (agressivité)
en relation avec une pathologie. On ne parle pas, ici, des chiens
dits «dangereux».
La bonne santé se définit comme un équilibre.
Dès lors quil est rompu parce que lorganisme,
pourtant doté dune formidable capacité dadaptation,
ny parvient plus sous laccumulation et la répétition
des agressions (mécaniques, infectieuses ou émotionnelles),
il y a lésion ostéopathique, altération du
mouvement, «le mouvement visible, articulaire, comme le
mouvement interne, appelé MRP (mouvement respiratoire primaire),
perceptible, lui, à une main entraînée».
Le praticien donnera limpulsion nécessaire pour débloquer
les lésions et favoriser le retour de léquilibre
rompu.
Lostéopathie, qui se pratique aussi à titre
préventif, recourt, selon les praticiens, à des
techniques qui peuvent être «structurelles»
(faire craquer les vertèbres), «myotensives»
(étirer le muscle) ou «fonctionnelles» (une
méthode douce, qui va dans le sens de la lésion
et non contre elle, et que Sarah Miccichè privilégie).
Certains, en complément, utilisent aussi lacupuncture.
Passionnée par sa spécialisation, Sarah Miccichè
nhésite pas, quand les circonstances lexigent
(détection dune petite tumeur à la palpation,
infection nécessitant des antibiotiques), à confier
lanimal chez un confrère allopathique pour pouvoir
se concentrer, après, sur le rééquilibrage
de lorganisme.
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Le
chien à sa vraie place
Depuis lhorrible
drame dOberglatt un enfant tué par trois pitbulls
la question de la cohabi-tation et de la sociabilisation des chiens
interpelle tout un chacun. Dans la rue comme sous la Coupole fédérale,
où le débat a fait rage sur linterdiction de races
réputées dangereuses.
«Exclure une race nest pas la solution. Lexemple typique
du non-sens de cette mesure, cest le cas du gentil golden retriever
qui mord lenfant de la famille», dit Sarah Miccichè,
vétérinaire et ostéopathe pour animaux. Et la taille
du chien nest pas un critère, les petites races pouvant se
révéler tout aussi mordantes que les grosses
Sarah
Miccichè partage le point de vue de sa consur vaudoise Colette
Pillonel qui, fin 2005, avait quitté le groupe dexperts mis
sur pied par lOffice vétérinaire fédéral,
parce quelle ne cautionnait pas létablissement dune
liste de races dangereuses.
Des règles
à respecter
Car le problème est avant tout éducatif. Le chien reste
un prédateur qui descend du loup, indépendamment de sa race
et des croisements dont il est issu. Le problème, observe Sarah
Miccichè, cest que lon «éduque»
le chien comme un enfant de la famille. Grave erreur! Originellement animal
de meute, un système fondé sur la hiérarchie de ses
membres, le chien transpose ce modèle originel à la famille
humaine dont il fait partie.
«Il passe son temps à observer le chef de famille, non seulement
pour défendre son statut, mais aussi pour essayer den acquérir
un plus élevé», passer de dominé à dominant.
Cest une loi de la nature dans le règne animal obéissant
à la structure en meute. A la moindre faiblesse du chef, le chien
est prêt à le destituer. Lorsque le chien a pris sa place
et que son subordonné devient un adulte ou, pire, un enfant, les
conséquences peuvent être dramatiques, car lanimal
fera tout pour défendre sa position.
Raison pour laquelle tout propriétaire de chien doit respecter
des règles de comportement et exercer un contrôle très
serré pour que le chien reste à la place qui doit être
la sienne. Lune des premières règles est par exemple
dattribuer à lanimal un lieu de couchage qui ne lui
permette pas une observation constante de ce qui se passe dans la maison
Dans ce domaine de léducation, lostéopathie
ne peut pas proposer de recette miracle, à moins dun lien
prouvé entre une réaction agressive et une lésion
organique. Mais un vétérinaire comportementaliste est à
même de fixer le cadre éducatif du chien, pour quil
devienne le meilleur ami de lhomme et un merveilleux compagnon pour
un enfant..
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