COMMENTAIRE

Cohabitation dangereuse

Socialiser les chiens

Les Suisses vivent avec un demi-million de compagnons canins. Cette cohabitation suscite des problèmes. De nom-breux Helvètes ont peur des chiens et ceux qui leur font confiance sont aussi ceux qui se font le plus souvent mordre gravement! Que peut faire la Berne fédérale pour mettre bon ordre dans tout cela, alors que la compétence d’intervenir dans ce domaine incombe d’abord aux cantons? La question passionne le pays, surtout depuis le drame d’Oberglatt en décembre dernier, où un garçon de 6 ans attaqué par trois pitbulls a perdu la vie.
Les réactions sont vives. En témoignent une pétition du Blick munie de 175000 signatures pour réclamer l’interdiction des pitbulls, mais aussi les tours de vis de plusieurs cantons et un Parlement fédéral qui se révèle massivement en faveur de mesures à l’échelon fédéral contre les chiens dangereux. Joseph Deiss réagit rapidement, mais il est désavoué par ses pairs du Conseil fédéral. Ces derniers rappellent que la protection de la population est l’affaire des cantons. En dépit de l’ordre du Parlement, le Conseil fédéral juge la base légale à sa disposition insuffisante pour aller aussi loin que les élus l’exigent.
Résultat? Joseph Deiss limite ses ambitions. Plus question d’interdiction de races ni d’autorisations obligatoires!
Le régime adopté hier se contente de responsabiliser les maîtres et d’assurer une bonne sociabilité des chiens. Chiens de service, de chasse, de berger et de protection de troupeau mis à part, tous les élevages devront viser à obtenir des chiens au caractère équilibré, pouvant être bien socialisés et dont les dispositions agressives sont faibles. Autre mesure importante, l’obligation d’annoncer les comportements agressifs et surtout les blessures occasionnées par les chiens aux humains ou à d’autres animaux. Les cantons prendront alors les mesures adéquates, allant de l’obligation de suivre des cours à l’euthanasie du chien.
Joseph Deiss envisage d’autres mesures, notamment concernant la formation des détenteurs de chiens et l’instauration de la responsabilité causale, laquelle implique que le propriétaire de chiens répond des dommages même s’il n’a commis aucune faute. Le Parlement se veut plus drastique encore. Mais s’agiter est une chose. Prendre des mesures proportionnées et efficaces une chose autrement difficile!

Raymond Gremaud
13 avril 2006

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