André
Pautre, responsable des ressources humaines (RH) de la Police cantonale,
souhaite que le fin mot consécutif aux accusations de deux inspectrices
de la Sûreté (lire encadré) soit connu assez rapidement.
«Il faut absolument réinstaurer un climat de sérénité
parmi nos employés, explique lélégant quinquagénaire.
Ce type dévénement est dordre avant tout émotionnel
et il est ressenti assez fortement à linterne. En loccurrence,
mon rôle est de prendre la chose avec une certaine distance, seule
capable de permettre une analyse sereine de la situation.»
Et le Staviacois dorigine dajouter: «Il ne faut pas
oublier que limmense majorité de nos collaborateurs sont
très contents de leurs conditions de travail. Depuis quelques
années, le recrutement, la formation et lévaluation
des policiers ont été modernisés. Et nous ne sommes
pas encore arrivés au bout des réformes prévues
»
Comment
une telle crise a-t-elle pu se développer?
Je déplore personnellement que les deux inspectrices aient contacté
une personne externe (n.d.l.r.: le député Louis Duc) plutôt
que de sadresser dabord à un médiateur interne.
A qui
pensez-vous en particulier?
Nous avons un collaborateur qui a été spécialement
formé à la relation daide et au suivi-conseil du
personnel en difficulté. Il connaît extrêmement bien
les conditions de travail à la police puisquil est lui-même
un ancien agent. Mais il nest pas le seul interlocuteur potentiel
dun policier en difficulté. La porte de mon bureau ou celle
du commandant de la police Pierre Nidegger est toujours ouverte. Enfin,
le conseiller dEtat Claude Grandjean, responsable de la Justice,
aurait été léchelon hiérarchique le
plus élevé auquel les deux inspectrices pouvaient adresser
leurs doléances.
Certains
collègues des deux jeunes femmes nont pas hésité
à dire quelles nétaient pas forcément
à leur place au sein de la Sûreté. Peut-on en déduire
que le recrutement des agents nest pas assez pointu?
Je ne crois pas. Chaque année, nous formons une bonne vingtaine
de nouveaux agents qui ont été sélectionnés
parmi plusieurs centaines de candidats. La procédure de recrutement
est très complète, jugez-en vous-même: après
avoir réceptionné lensemble des dossiers, nous retenons
150 candidats. Ceux-ci sont convoqués à un examen scolaire
et sportif qui en renvoie la moitié à la maison. Les huitante
restants sont convoqués à une séance dinformation
qui leur permet de connaître les diverses carrières possibles
dans la police.
En parallèle, on leur fait remplir un questionnaire psychologique
dont les résultats seront contrôlés lors dun
double entretien: lun pour mesurer la motivation, lautre
pour cerner la personnalité et le psychisme du candidat. Cest
à ce niveau que nous demandons à chacun de donner des
exemples concrets qui lobligent à se dévoiler.
La méthode
est-elle infaillible?
Certainement pas, et pour une raison simple: comment voulez-vous quun
jeune qui sort des études ou dapprentissage explique précisément
son idée dune profession quil na jamais exercée?
Malgré tout, avec ce double entretien, nous parvenons à
éliminer encore cinquante candidats supplémentaires, ce
qui nest pas rien.
Et pour
les trente personnes qui restent en lice, quelle est la suite du cursus?
Elles passent une visite médicale qui, parfois, en élimine
deux ou trois autres. Si, par exemple, nous détectons des traces
de stupéfiants sur une personne, cela la pousse automatiquement
vers la sortie. Mais il peut aussi sagir de problèmes purement
physiques, sans lien avec le comportement des candidats
Quelle
est la formation donnée à la vingtaine daspirants
qui entrent à lécole de police?
Elle comporte quatre branches principales: intervention policière,
psychologie policière, éthique et droits de lhomme
ainsi que police de proximité. Sajoute à cela un
cours sur certaines spécificités juridiques cantonales,
comme le Code de procédure pénale ou dautres lois
quils sont tenus de connaître pour exercer leur futur métier.
On noublie naturellement pas lentraînement physique
qui se fait notamment durant des camps en montagne où le groupe
des aspirants achève de se souder.
Certains
abandonnent-ils en cours de route?
Oui, il est arrivé que lun ou lautre vienne nous
voir pour nous dire quil ne sidentifie plus à la
formation et quil préfère arrêter. Nous comprenons
parfaitement ce type de réaction. Dailleurs, mieux vaut
démissionner à ce stade que de poursuivre indéfiniment
tenaillé par le doute.
Quel est
le profil type de laspirant gendarme?
Hommes ou femmes, ils proviennent dhorizons extrêmement
divers, ce qui apporte une grande richesse humaine et technique à
lensemble du groupe. Nous avons des artisans du bâtiment,
des employés de commerce, des informaticiens, dex-étudiants
universitaires
La liste nest pas exhaustive. Pourtant, après
quelques mois de travail en communauté, ces caractéristiques
socioprofessionnelles sestompent au profit du potentiel de chacun
dans son rôle daspirant. Il sagit dune mutation
très intéressante!
Qui est
chargé de lévaluation de ces nouveaux gendarmes
ou inspecteurs, une fois quils ont leur brevet fédéral
dagent de police?
Cest leur chef de groupe ou de brigade, sous la supervision du
chef de section ou de lofficier supérieur, qui assume cette
responsabilité. Sils remarquent un problème quelconque,
comme une surcharge de travail ou des écarts de comportement,
ils doivent en parler au chef de la Gendarmerie ou au chef de la Police
de sûreté qui peut décider des mesures à
prendre. Il nous est arrivé, par exemple, de placer provisoirement
un jeune agent de la police mobile dans un poste de police. Là,
il a bénéficié dhoraires de bureau et dun
travail moins stressant qui lui ont permis de se reconstruire à
son rythme. Ensuite, dès que le psychologue qui le suivait a
estimé quil était remis, nous lavons réintégré
dans son unité. Remarquez toutefois que, malgré limportant
travail de suivi que nous effectuons sur la santé de nos collaborateurs,
il ne nous est pas toujours possible dinfluer sur lensemble
des facteurs qui peuvent les perturber.
Des
remous à la Sûreté
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Lannée
2005 naura pas été de tout repos pour la
Police de sûreté fribourgeoise. Le 23 octobre,
une agente de la Brigade des mineurs remettait son arme de service
au député Louis Duc en se plaignant de sérieuses
brimades sur son lieu de travail. Quinze jours plus tard, une
seconde inspectrice rendait également visite au député
broyard pour se plaindre des mêmes tribulations.
Le 29 mars dernier, les résultats de laudit commandé
par le conseiller dEtat Claude Grandjean nont pas
encore dissipé le malaise. Si laccusation de mobbing
envers le chef de la Brigade des mineurs a pu être levée,
une procédure administrative a été ouverte
concernant chacun des trois protagonistes de cette affaire.
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