FRIBOURG Pont de la Poya
Est-ce enfin le bon projet?

Le pendant Nord de la route de contournement H189 chère aux Sudistes, le pont de la Poya, semble sortir de l’ornière. Destinée à désengorger la capitale, la nouvelle variante a obtenu l’aval de ceux qui s’opposaient jusque-là. Inconnue par rapport aux riverains.


Le nouveau tracé (A) du pont de la Poya est décalé de 200 m, vers Saint-Léonard,
par rapport à l’ancien tracé (B). Et au milieu coule une rivière… (doc. Ponts et chaussées)

«Ce n’est pas l’œuf de Colomb, mais c’est une solution acceptable par le plus grand nombre.» Directeur de l’aménagement, de l’environnement et des constructions, Claude Lässer se dit confiant dans les chances de succès de la nouvelle variante du pont de la Poya. Un tracé qu’il a présenté hier aux médias, flanqué de l’ingénieur cantonal Claude Morzier et du chef de projet Jean-Bernard Tissot.
Baptisée «C1», cette mouture est décalée d’environ 200 mètres, côté Granges-Paccot, par rapport au projet mis à l’enquête en 1999 et emporté par les oppositions en raison de l’impact sur le château de la Poya. Cette fois, le prolongement de l’ouvrage évite au maximum le château et en contourne l’essentiel du parc. Seuls cinq arbres de l’allée devront être coupés, puis replantés.
De quoi convaincre la Commission fédérale des monuments historiques et celle des Biens culturels du canton, qui ont donné leur aval en date du 11 septembre et du 30 octobre dernier. De leurs côtés, les deux communes concernées, Fribourg et Granges-Paccot, ont également acquiescé en août et septembre. Leurs réserves techniques ne sont pas de nature à tout remettre en cause, précise le patron des constructions cantonales.
A l’écouter, cette variante récolte l’adhésion de tous les services concernés. «Nous avons la garantie de pouvoir lancer la procédure de mise à l’enquête sans récolter d’oppositions dommageables», estime-t-il. Mais la résistance pourrait venir des propriétaires fonciers du Palatinat (lire encadré).

Aussi long que Pérolles!
A suivre les ingénieurs, le projet Poya se lit de droite à gauche. Peut-être parce que son accrochage sur la rive droite (près du garage du Stadtberg et de la Villa Thérèse, au Schoenberg) ne pose pas problème. L’automobiliste empruntera le pont à une vitesse de 50 km/h sur une distance de 860 m (à peu près le boulevard de Pérolles!), à 65 m au-dessus de la Sarine.
Par rapport au projet de 1999, son profil a été abaissé de 10 m et son axe a pivoté sur la pile centrale, avec un virage à gauche au départ et une courbe à droite à l’arrivée contre les falaises de la Sarine (voir illustration). Large de 17 m, le pont prend fin au moment où le tracé s’enfonce dans la roche, une dizaine de mètres au-dessous du chemin du Palatinat. En sous-sol sur 262 m, la galerie passe ensuite sous la route de Grandfey et la voie de chemin de fer.
Retour à ciel ouvert sur 100 m, avant de déboucher à la route de Morat, à l’actuel chemin St-Léonard, entre le café et le parking de la patinoire. Là, tout comme au Schoenberg, des feux seront installés, histoire de donner la priorité aux bus. «Dans cette zone sportive, nous n’hypothéquons rien», souligne le conseiller d’Etat, en référence aux projets de 2e piste de glace et de salle de basket.

Coût: 100 millions environ
Le futur pont ne manque pas d’allure. Question technologie il est vrai, il n’a pas évolué par rapport à la version issue du concours d’architecte. Ses haubans s’inspirent de la tradition des ponts suspendus du Fribourg d’autrefois. Il coûtera une bonne centaine de millions, évalue Claude Lässer, grosso modo autant que le projet initial.
Rappelons que cet ouvrage, passé en 1996 sous la responsabilité du canton, ambitionne de désengorger le quartier du Bourg et sa cathédrale. De 23000 véhicules par jour, l’espoir est de redescendre à 2000! Aussi l’actuel pont de Zaehringen ne verrait-il plus passer que les transports publics et les véhicules des riverains. Le trafic de transit généré par l’agglomération et ses 50000 habitants serait, lui, orienté sur le nouveau pont. Conséquence: la vitesse des bus sera améliorée sur l’axe Schoenberg-Gare.
Confiants, les concepteurs du projet savent que la route est encore longue. Et que le projet en a vu des vertes et des pas mûres depuis les ébauches qui remontent à 1959! Vrai, la variante C1 n’en est qu’au stade de l’étude préliminaire. L’avant-projet détaillé sera réalisé cette année, puis la mise à l’enquête publique et le traitement des éventuelles oppositions suivront l’an prochain. Une nouvelle étude d’impact sera également menée.

Rendez-vous dans dix ans
Le vote du crédit par le Grand Conseil et le scrutin populaire sont prévus fin 2007, ou au début 2008. Encore deux bonnes années seront nécessaires au projet d’exécution et aux appels d’offres. Les travaux sont prévus de 2010 à 2014. Couper du ruban, si tout va bien, dans dix ans.

Voir www.pont-poya.ch


Sept maisons mal placées

Une dizaine de propriétaires fonciers sont touchés par les nuisances (bruit, travaux, etc.) du nouveau tracé. Ils viennent d’être informés personnellement par les Ponts et chaussées. «Nous veillerons à ce que leurs droits ne soient pas lésés. Plusieurs solutions sont proposées et seront étudiées», précise le site internet du projet, www.pont-poya.ch.
Isolation et amélioration des immeubles font partie de la panoplie à disposition. Mais malgré l’Ordonnance sur la protection contre le bruit, les habitants ne retrouveront pas le calme actuel. Vu l’ampleur du projet et son intérêt pour la collectivité, l’Etat disposera de moyens pour dédommager correctement les riverains. Au surplus, le fait que la Bourgeoisie de Fribourg projette six constructions individuelles dans ce secteur tendrait à prouver que le quartier garde son attrait pour l’habitat individuel.


Sébastien Julan
29 janvier 2004

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