GRUYÈRE Semaine des ballons

Montgolfier, 7e génération

En juin 1783, sur la place d’Annonay, en Ardèche, les frères Joseph et Etienne de Montgolfier présentaient leur dernière invention: le ballon à air chaud. Présent cette semaine à Château-d’Œx, Roland de Montgolfier, l’un des descendants des inventeurs, assure la présence de son prestigieux patronyme dans le monde de l’aérostation.


Descendant des inventeurs du ballon à air chaud, Roland de Montgolfier se trouve à Château-d’Œx pour la troisième fois

Le 4 juin 1783, sur la place centrale de la petite ville d’Annonay, en Ardèche, deux frères font la première démonstration publique de leur invention: le ballon à air chaud. Ils s’appellent Joseph et Etienne de Montgolfier, ont respectivement 43 et 38 ans et travaillent dans la manufacture familiale de papier, encore sous la conduite de leur père Pierre. Déjà maître des terres et des mers, l’homme commence ce jour-là la conquête des airs.

Papetiers depuis 1557
Présent durant toute la semaine à Château-d’Œx pour la troisième fois, Roland de Montgolfier est le digne successeur de ses ancêtres. Né le 27 avril 1941 à… Annonay, où une bonne partie des Montgolfier demeurent encore, il est fils de Camille, de Jean, d’Emile, de Charles-Joseph, de Jean-Baptiste, de Jean-Pierre enfin, le frère aîné de Joseph et Etienne. Ce qui fait du jeune retraité passionné d’aérostation l’arrière-arrière-arrière-arrière-petit-neveu des géniaux inventeurs.
Le vol en montgolfière est-il une tradition familiale? On craint le ridicule en posant la question à Roland de Montgolfier. Et pourtant: «En fait, pas du tout. Ce n’est que dans les années soixante-dix que nous nous sommes intéressés au monde de l’aérostation. Le bicentenaire de la première démonstration approchait et nous nous sommes constitués en association afin de préparer cet anniversaire et de s’assurer que les célébrations auraient lieu à Annonay», explique-t-il.
En fait, c’est l’industrie du papier, et non les ballons à air chaud, qui constitue la grande tradition de la famille Montgolfier. L’entreprise familiale, fondée en 1557, existe toujours et Annonay abrite encore l’un des sites de production, dont Roland de Montgolfier était responsable avant de prendre sa retraite. La société Canson & Montgolfier, née de l’union des deux familles en 1798, fait partie depuis 1990 du groupe international Arjowiggins.
En 1977, donc, un petit groupe des descendants des deux inventeurs crée l’Association aérostatique annonéenne. «Nous avons alors acheté un ballon grâce à une souscription lancée dans la famille et nous nous sommes formés au pilotage, ce qui nous a permis d’entrer dans le monde de l’aérostation», retrace Roland de Montgolfier.

Reconstitution historique
Du 4 au 12 juin 1983, plus de 100000 visiteurs affluent à Annonay pour célébrer le 200e anniversaire du premier vol de montgolfière. L’association réalise une copie à l’identique du ballon des frères inventeurs: une enveloppe de 770 mètres cubes constituée de pièces de papier assemblées par 1800 boutons et cousues sur un réseau de fils. Le 4 juin, sur la place des Cordeliers d’Annonay où sont notamment rassemblées 300 personnes en costumes d’époque, à l’endroit même du premier envol, l’enveloppe rouge et jaune, maintenue par deux mâts, s’élève enfin dans les airs sous l’effet d’un copieux feu de paille. Une reconstitution historique est donnée chaque année depuis lors, le premier dimanche de juin.

Amis de Château-d’Œx
Les célébrations de 1983 suscitent des vocations. Familiale, l’association aérostatique annonéenne se transforme en club ouvert à tous: les Montgolfières d’Annonay. Le club, composé d’une vingtaine de pilotes, possède aujourd’hui huit ballons, dont le 1783 présent à Château-d’Œx. Rouge et jaune, comme le premier engin volant de l’histoire. Président du club depuis l’an passé, Roland de Montgolfier le pilote cette semaine en compagnie de six autres membres. Il participe
à sa troisième édition de la manifestation damounaise. Les Montgolfières d’Annonay entretiennent du reste un lien privilégié avec la pe-tite station vaudoise, puisque le club français est jumelé depuis 1998 avec le Centre alpin international de ballons à air chaud.
S’il est aujourd’hui un pilote passionné, le descendant des inventeurs reconnaît que «la passion n’est venue que petit à petit. Ce n’est qu’une fois passées toutes les phases de l’apprentissage qu’on a vraiment cette sensation d’aventure. Une aventure sans cesse renouvelée. Découverte du paysage, comportement du ballon, conditions météorologiques, réaction des passagers: chaque vol est unique!» S’il a toujours considéré l’aérostation comme un pur loisir, le dynamique retraité envisage aujourd’hui, à la veille de ses 63 ans, de tâter de la compétition. Le nom de Montgolfier n’est pas près de disparaître du monde des ballons à air chaud.

Tout pour les enfants mercredi

Demain mercredi, la Semaine de ballons à air chaud de Château-d’Œx sera tout particulièrement destinée aux enfants. Dès 13 h 30, au Landi, des vols captifs seront notamment organisés à leur intention. En plus de l’espace jeunesse, diverses animations jalonneront l’après-midi: clown, séance de dédicace du dessinateur Derib, projection du film d’animation Le chat et le canari (en collaboration avec la Lanterne magique) et un grand lâcher de ballons. A noter que durant toute la semaine, la garderie Bout’ficelle a prévu un programme d’animation pour accueillir les plus petits.
Mercredi soir, à 20 h 30, le cinéma Eden projettera La montgolfière qui croyait au paradis, de Dany Cleyet-Marrel.Pour autant que le temps le permette, diverses compétitions émailleront la semaine: vol des deux Gruyères, cibles, vol aller-retour, vol longue distance, course à la ligne… Vendredi à 20 h, Château-d’Œx vivra un grand moment avec son spectacle son et lumière, suivi d’une grande fête au village égayée par plusieurs guggenmusiks et autres animations.


Didier Page
27 janvier 2004

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