GRUYÈRE Des Gruériens voyagent dans les airs

Ils filment les sentiers du ciel

Trois parapentistes gruériens ont passé deux mois au Népal pour en ramener un superbe documentaire intitulé «Les sentiers du ciel». Pierre-Alain Hayoz, Marc Pugin et Nicolas Horner donneront mardi soir le coup d’envoi de la 3e édition des Rencontres de l’Aventure. L’occasion de découvrir leur film, projeté pour la première fois.


Les sentiers du ciel, un documentaire de 50 minutes réalisé en parapente dans le cadre somptueux du Népal (photo Anemos Parapente / portraits C. Dutoit)

 

Pierre-Alain Hayoz, Marc Pugin et Nicolas Horner sont rentrés du Népal avec pas mal de souvenirs. Mais de leur mois – pour Horner – ou deux mois – pour les autres – passés près du toit du monde, les trois parapentistes gruériens ont surtout ramené 24 heures d’images prises durant leur trekking et au-dessus des montagnes népalaises. Après quatre mois de travail, dont un consacré au montage, c’est un très beau documentaire de 50 minutes intitulé Les sentiers du ciel que les trois hommes présentent ce mardi 13 mars, en ouverture des Rencontres de l’Aventure, à Bulle.
«On est vraiment partis au Népal dans l’idée de réaliser notre film, raconte Pierre-Alain, l’initiateur du projet. Ce n’était pas tout à fait du travail, mais on s’est imposé de filmer tous les jours.»
C’est sous le nom d’Anemos Parapente que le film est présenté. Anemos, c’est l’école créée par Pierre-Alain, instructeur de parapente, et pour laquelle collaborent aussi Marc et Nicolas. Pour le montage, les trois parapentistes ont fait appel à un professionnel gruérien, Julien Magnin, spécialiste en communication visuelle. Les textes, signés par Sophie Roulin, sont lus par l’ancien rédacteur en chef de La Gruyère et homme de théâtre Michel Gremaud.
Pour «voler ces instants magiques», comme le dit Marc, les trois compères ont reçu quelques cours de cadrage de la part de Julien. Leur coup d’œil a fait le reste, surtout pour Pierre-Alain, passionné de photographie depuis de longues années.

Les rois de la débrouille
Mais capter ces belles images avait un prix: un matériel et un câblage impressionnants à installer sur le parapente, ou sur le pilote, avant chaque décollage. «Il fallait bien compter une heure de préparatifs avant de décoller, relève Pierre-Alain. On volait avec un œil dans la voile et du câblage dans le suspentage. C’était l’horreur!»
Pendant la durée du trekking, le premier mois, les trois amis n’avaient pas la possibilité de recharger les batteries de leur matériel. Ils le faisaient tant bien que mal à l’aide de panneaux solaires. «J’ai dû me replonger dans l’électrotechnique pour trouver des combines», se souvient Marc.
Ils ont aussi fait appel à Erhard Loretan, avant de conseiller le célèbre alpiniste à leur tour. «On a tellement dû réfléchir à des combines que, finalement, cela lui a donné des idées de matériel pour une de ses prochaines expéditions», rigole Pierre-Alain.
Une chose était certaine pour les trois hommes, il était exclu de se contenter d’un clip de parapente virevoltant sur fond de musique hard core. «On a déjà vu ce genre de film très souvent, explique Nicolas. Tous les trois, on est passionnés de parapente. On voulait montrer qu’on peut faire de sacrées belles choses, sans être des têtes brûlées. Et si ça peut donner envie aux gens de voler…»

La jungle aussi
«On n’a pas vu que le ciel, souligne Marc. On a beaucoup bougé dans la région. L’idée était aussi de découvrir le pays.» Et Pierre-Alain d’ajouter: «Beaucoup connaissent
le Népal de Loretan et de Troillet, avec des versants à pic. Nous avons voulu montrer des endroits préhimalayens très verts, avec des rizières et de la jungle. Filmer uniquement la haute montagne, des camps de base et des tentes jaunes nous semblait moins intéressant.»
Leurs toiles colorées qui volaient dans le ciel népalais ne sont pas passées inaperçues. A chaque atterrissage, des dizaines d’enfants courraient vers ces aventuriers européens. «Ça, c’était vraiment le côté aventure de la chose, note Pierre-Alain. On ne savait jamais précisément où on allait atterrir.»
Une fois au sol, comment les Gruériens regagnaient-ils leur point de chute à Pakhora? «Un bon bout à pied, avance Nicolas. Si on avait de la chance, on croisait quelqu’un en jeep ou autre carriole et il nous ramenait.» «On faisait quand même attention à ne pas s’attirer trop d’embrouilles, rigole Pierre-Alain. En général, on se posait près d’un chemin. Il n’y a que Mike Horn qui se met dans les pires situations volontairement.»

Sur les pas des stars
Les trois amis donneront donc mardi soir le coup d’envoi de la 3e édition des Rencontres de l’Aventure. Que voudraient-ils que le public retienne de leur histoire?
«De grandes stars comme Mike ou Erhard ont souvent donné des conférences, aujourd’hui nous sommes tous les trois présents sur la même scène qu’eux, se réjouit Pierre-Alain. Quand on a un projet ou un rêve, on peut se donner les moyens de le réaliser. Mais, surtout, je voudrais que personne ne regarde sa montre durant les cinquante minutes du film. Ce serait le plus beau des cadeaux.»

La Terre, plus belle vue du ciel

Outre ces parapentistes gruériens, les Rencontres de l’Aventure proposent de découvrir deux autres aventuriers des airs: le Suisse Olivier Aubert et le Sud-Africain Mike Blyth. Pour eux, il n’y a qu’un moyen de voyager: l’ULM.
Deux films relatant leurs aventures seront projetés à Bulle: South to South, qui retrace un périple de huit mois au-dessus des Amériques, de l’Europe et de l’Afrique et Coast to Coast, qui conte le survol d’une rive à l’autre de l’Afrique méridionale. Un film primé à plusieurs reprises. Actuellement en tournage en Australie, les deux aventuriers seront les grands absents du rendez-vous bullois.
Bulle, rez du CO, samedi 17 mars, à 11 h

 

 

Karine Allemann
10 mars 2007

Une I Editorial I Gruyere I Veveyse/Glâne I Fribourg

Droits de reproduction et de diffusion réservés © La Gruyère 2003 – Usage strictement personnel