FRIBOURG Fribourg et environs

Projet de fusion relancé

Une torpille contre l’agglomération fribourgeoise en cours de constitution? L’association Fusion 2011 s’en défend: son projet de fusion de Fribourg avec quatre communes voisines n’est pas incompatible avec le processus de l’agglo. Explications.


A. Ackermann, W. Suter, D. Boivin, Frs Weissbaum: élus et ex-élus (PDC, PS, PLR, Ouv) de Corminboeuf et Fribourg

 

Bien malin qui, à la vue d’une photo satellite du cœur du Grand-Fribourg, réussit à tracer les frontières séparant les communes. Comme entre Bulle et La Tour-de-Trême, l’espace bâti est ininterrompu. Ces vues du ciel, projetées hier derrière les orateurs, en disent plus long que bien des discours: l’organisation politique ne correspond plus à l’espace de vie des habitants. Prenons le cas d’une Marlinoise se rendant au travail à Fribourg, puis au spectacle à Villars à l’aide des bus circulant dans toute l’agglomération…
Ces arguments, l’équipe qui se présentait hier à la presse les a déclinés. Le rapprochement dans le Grand-Fribourg ne va pas assez vite et il manque toujours un centre cantonal fort, au goût de l’association Fusion 2011. C’est pourquoi ce mouvement citoyen, apolitique, vise l’union des communes de Fribourg, Villars-sur-Glâne, Givisiez, Granges-Paccot et Corminboeuf. Moyen choisi pour y parvenir: une initiative populaire, nouvel instrument contenu dans la Loi (révisée) sur les communes.
Constituée le 6 mars, ladite association aspire à la fusion des cinq voisines au 1er janvier 2011, au changement de législature. Un grand saut, sans centralisation abusive, suivi d’une période transitoire de cinq ans. Moyen choisi pour y parvenir: une initiative populaire.
Le projet de fusion n’est en aucun cas concurrent du projet d’agglomération, souligne le président de l’association, l’ex-député radical Denis Boivin. L’agglo est une structure en gestation depuis cinq ans; elle englobe 12 communes, dont deux germanophones, et entend mettre en commun certaines tâches. Les citoyens de ce périmètre devraient voter en février 2008.
La fusion sera l’embryon fort de l’agglomération, poursuit Denis Boivin. Mais force est de constater que le processus de l’agglo traîne en longueur, regrette pour sa part André Ackermann, autre initiateur de Fusion 2011. Député PDC, André Ackermann sait de quoi il parle puisque il a été syndic de Corminboeuf pendant quinze ans et a participé à ce titre aux travaux de l’agglo jusqu’en 2006.
Le comité d’initiative ne sait pas quelles sont ses chances de réussir: «Je ne suis pas Mme Soleil», lâche Denis Boivin. Le trentenaire ne se montre toutefois pas effrayé par les éventuelles réserves des édiles en place. Les citoyens sont souvent plus ouverts. Et si les signatures sont suffisamment nombreuses, les autorités devront tenir compte de l’avis de la base. C’est le point fort de la démarche: à savoir donner la parole aux habitants. Un sondage en 1998 indiquait une adhésion de 56%.
Pour atteindre son objectif «ambitieux», l’association a mis en place une structure formée d’un comité de neuf membres. Ce dernier chapeaute cinq commissions chargées respectivement de l’analyse des finances, de l’argumentation, de la procédure, de la récolte des signatures et de la recherche de fonds.
La récolte se déroulera de mi-septembre à mi-décembre. Si le dixième des citoyens actifs des communes concernées signe cette initiative populaire, les Conseils communaux devront établir une convention de fusion. Afin que les citoyens sachent sur quel pied danser, un projet de convention est en préparation. Les assemblées communales et Conseils généraux respectifs pourraient voter en juin 2008, selon le calendrier présenté hier. Dans les deux communes de Fribourg et Villars-sur-Glâne, le corps électoral se prononcera en-suite à fin 2008.

Aiguillon positif
Le projet est qualifié d’«aiguillon positif» par le conseiller d’Etat Pascal Corminboeuf. Ce dernier doute cependant que le processus de fusion à cinq autour de Fribourg – la plus grande jamais réalisée en Suisse, selon lui – aille plus vite que le projet d’agglo. La fusion de Bulle et La Tour-de-Trême, de dimension plus modeste, a mis cinq ans.
N’en demeure pas moins que la mégafusion gruérienne fait office de source d’inspiration. En particulier le volet communication généré par la votation populaire touraine. Les documents préparatoires utilisés par le chef-lieu de la Gruyère serviront de base, glisse Denis Boivin.
Premier à réagir, le Parti socialiste de la capitale juge cette initiative «inappropriée dans le contexte politique». Et de mettre le doigt sur le calcul «simpliste» de l’impôt de la commune fusionnée. Pondéré, l’indice serait de 73,6% et non de 70%. Nul doute pour ce parti que «l’initiative vise à torpiller la création de l’agglomération»!

Le club des cinq

Périmètre.
Fribourg, Villars-sur-Glâne, Givisiez, Granges-Paccot, Corminboeuf (41 édiles communaux).

Habitants.
50000, dont 33000 à Fribourg, 10000 à Villars et environ 2000 dans les trois autres communes.

Impôt sur le revenu.
Environ 70%. Actuellement: de 63,9% (Villars) à 77,8 (Corm.), en passant pas 64,9% (Givisiez), 67,8% (G-P) et 77,3% (Fribourg).

Charges de fonctionnement.
360 mio, dont 267 mio à Fribourg, 57 mio à Villars, plus ou moins une dizaine de millions ailleurs. Le déficit global atteindrait 6,6 mio en raison de celui de la capitale (–7 mio, chiffres 2005).

Dette nette par habitant.
5175 francs Actuellement: de 3200 francs (Givisiez) à 8960 francs (Villars), en passant par4200 francs (Fribourg), 4800 francs (Corminboeuf) et 4900 francs (Granges-Paccot).

Signatures nécessaires.
Dix pour-cents des citoyens actifs représentent environ 2300 personnes à Fribourg, quelque 800 à Villars et une centaine dans les autres communes.


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