PAYS-D'ENHAUT Développement du Pays-d’Enhaut

La diversification en objectif

Jusqu’au 13 mars, le programme pluriannuel 2008-2011 de l’Association pour le développement du Pays-d’Enhaut (ADPE) peut être consulté par la population. Son objectif: répondre aux exigences de la nouvelle politique régionale de la Confédération. Secrétaire régional de l’ADPE, François Margot se penche sur les défis à venir.


François Margot: «Nous aimerions attirer des petites entreprises actives dans les services. Des sociétés qui s’installent dans le Pays-d’Enhaut pour un choix de vie et pour le cadre»

 

La nouvelle politique régionale de la Confédération remplacera la LIM (Loi fédérale sur l’investissement région de montagne) dès 2008. Elle s’étendra à tout l’espace rural du pays. L’accent sera mis sur «des projets s’inscrivant dans une chaîne de valeur ajoutée et dans une perspective de changement structurel et d’innovation», explique l’Association pour le développement du Pays-d’Enhaut (ADPE) dans un communiqué diffusé récemment. Dans ce cadre, l’association propose son nouveau programme pluriannuel pour 2008 à 2011. En consultation jusqu’au 13 mars, il donnera également lieu à une séance d’information le vendredi 2 mars. Décryptage avec François Margot, secrétaire de l’ADPE depuis dix-sept ans.

– Concrètement, que va changer cette nouvelle politique pour une région comme le Pays-d’Enhaut?
Dans la loi fédérale, les régions n’existeront plus, alors qu’elles étaient l’un des piliers de la LIM. La Confédération travaillera avec les cantons, à eux de définir leur propre organisation. Les cantons de Vaud et Fribourg devraient poursuivre avec la notion de région, mais elles devront s’adapter. Et, concrètement, nous devrons définir une stratégie, des domaines cibles et créer de la valeur ajoutée. Ce que nous essayons déjà de faire, mais les exigences pour obtenir des soutiens seront accrues.

– La nouvelle politique vise à encourager l'espace rural à développer les domaines où il a le plus de chance de réaliser son propre potentiel compétitif. Quels sont ces domaines pour le Pays-d’Enhaut?
Notre potentiel reste déterminé par notre situation géographique. Nous devons donc poursuivre dans la valorisation des produits de notre agriculture et de notre artisanat, ainsi que celle de notre patrimoine. Nous devons aussi travailler à une meilleure diversification touristique. Le domaine du bois est également une piste à suivre, notamment dans la construction. Dans la situation actuelle, l’aspect séquestration de CO2 ne doit pas être négligé. A la fin mars, nous devons transmettre notre programme pluriannuel au canton. Nous aurons ensuite jusqu’à la fin de l’année pour présenter une stratégie plus concrète. C’est à ce moment-là que sera évalué dans quelle mesure un soutien se justifie.

– Des pistes se dessinent-elles déjà pour valoriser les différents domaines évoqués?
Pour l’heure, nous en sommes à la mise en consultation. Les questions posées à la population et aux entreprises sont donc: êtes-vous d’accord avec les axes choisis? Avez-vous des projets qui correspondent à ces axes?

– Ces domaines sont ceux de prédilection de votre région depuis longtemps. N’y a-t-il pas d’autres pistes à suivre?
Nous voulons effectivement mettre l’accent sur la diversification économique. L’objectif n’est pas de créer des zones industrielles. Le site ne le permet pas. Nous aimerions plutôt attirer des petites entreprises actives dans les services, qui n’ont pas besoin de transport ni d’un énorme terrain – étant donné les prix de ces derniers. Des sociétés qui s’installent dans le Pays-d’Enhaut pour un choix de vie et pour le cadre. Qui pourront utiliser l’image du Pays-d’Enhaut dans leur communication. Et là, le Parc naturel régional peut aussi être une carte à jouer. Il y a tout un travail de promotion économique à réaliser.

– Vous parlez de diversification touristique, un discours qu’on entend depuis longtemps. Une étude a été rendue à ce propos il y a tout juste une année. Des projets existent-ils?
Une communauté de travail se met en place à l’échelle des Alpes vaudoises. Ça ne va pas aussi vite qu’on l’aurait espéré. Mais il ne faut pas avoir peur de le dire, aucun projet spectaculaire ne va surgir. Nous devons d’abord résoudre le problème de valorisation de ce qui existe. Un travail doit aussi être mené sur la complémentarité des destinations et sur les synergies possibles.

– Dans le dossier mis en consultation, vous annoncez une volonté de restructurer les offices du tourisme…
On lance une pierre, on verra bien si elle nous retombe dessus. Nous pensons qu’il faut renforcer le pôle Pays-d’Enhaut. Plus on travaille à une échelle large, plus l’organisation doit être efficace.

– Vous parlez aussi de renforcer la fonction de centre régional de Château-d’Œx. Comment y parvenir et pourquoi en faire un objectif?
Nous avons affirmé cette fonction à redonner à Château-d’Œx, puisque jusqu’ici il était chef-lieu du district et était forcément un centre. On verra si cette volonté est soutenue lors de la consultation. Le sujet est un peu tabou. Mais la réalité fait que nous ne sommes pas dépendants d’un centre. Pas plus
de Bulle, d’Aigle, de Gstaad ou de Vevey. La diversité de services offerts à Château-d’Œx correspond à celle d’un centre urbain. On aimerait garder cette diversité. Pour y parvenir, il nous semble important d’affirmer au canton que Château-d’Œx est un centre. Il faut aussi s’organiser au niveau intercommunal pour qu’il le demeure.

– Vous utilisez une notion de marketing territorial. Qu’entendez-vous par là?
C’est un peu pour lier le tout. Nous devons faire savoir que le Pays-d’Enhaut n’est pas le bout du monde. Certains Vaudois ignorent où se situe notre région. Nous devons réfléchir à comment communiquer. Mais il ne faut pas que des mots. Si nous voulons attirer des entreprises et des familles, les infrastructures doivent exister. Cela signifie des solutions pour le logement, un accueil de la petite enfance, des possibilités de formation professionnelle… Un vaste programme.

 

 

Sophie Roulin
22 février 2007

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