«Cave canem. En Suisse, lactualité de ces derniers
mois donne raison à ladage latin: il y a eu tout dabord
le drame dOberglatt en décembre 2005, où un bambin
a été dévoré par des pitbulls. Dautres
accidents sont encore survenus, moins graves, mais ils ont incité
le Gouvernement fribourgeois à durcir son projet de loi, a expliqué
hier lors dune conférence de presse le conseiller dEtat
Pascal Corminboeuf.
Le canton de Fribourg, qui compte quelque 16000 chiens, a en fait décidé
de combler le vide de la législation fédérale.
Le Conseil dEtat veut interdire et bannir les chiens «dangereux
par nature». Dans sa ligne de mire, il y a les pitbulls et tout
chien qui y est apparenté. Les bâtards issus de races «présumées
dangereuses» devraient connaître le même sort.
Projet
plus strict
La détention de chiens «susceptibles de présenter
un danger» sera soumise à autorisation. Pour lobtenir,
le futur règlement dapplication prévoira de fixer
lâge du propriétaire à au moins 20 ans. Celui-ci
devra aussi se procurer un certificat de bonne réputation auprès
de sa commune de résidence. Le propriétaire devra également
prouver ses connaissances cynologiques, précise Alexis Overney,
conseiller juridique extérieur pour le Département des
institutions. Par ailleurs vice-syndic de Granges-Paccot, cet avocat
souligne quactuellement les autorités communales ne peuvent
absolument rien faire contre les récalcitrants, «souvent
bien connus», faute de base juridique.
Une liste «évolutive» des chiens «présumés
dangereux» sera dressée par le Conseil dEtat. Il
pourra ainsi à tout moment la modifier. Elle est en fait identique
à celle proposée par le conseiller fédéral
Joseph Deiss. Treize races y sont recensées, dont des terriers,
des dogues, des mâtins, les dobermans et les rottweilers. Dans
lavant-projet fribourgeois mis en consultation lautomne
dernier, il ny avait pas cette liste. «Le projet de loi
va plus loin que lavant-projet», admet Pascal Corminboeuf.
Cette nouvelle ligne plus stricte est voulue notamment par les autorités
communales.
Autre innovation: les chiens qui ont eu un comportement dangereux devront
être signalés. Selon la gravité des faits, le Service
vétérinaire cantonal pourra interdire à une personne
de détenir un chien. Dans les cas graves, lanimal pourra
être euthanasié. Le projet de loi vise encore à
identifier et enregistrer les chiens ainsi quà signaler
les chiens perdus ou errants.
Priorité
à la prévention
Le vétérinaire cantonal Fabien Loup a surtout insisté
sur les mesures de prévention à prendre pour éviter
des morsures: «Tout propriétaire doit faire en sorte que
son animal soit sociabilisé, quil soit en contact régulier
avec des humains et dautres chiens.» Il sagit par
ailleurs dapprendre aux enfants le comportement adéquat
à adopter face à un chien agressif.
Devant la presse, le vétérinaire cantonal na pas
caché son «désaccord» vis-à-vis de
la décision du Gouvernement davoir une liste de races de
chiens soumises à autorisation. Fabien Loup rejoint la prise
de position que les vétérinaires suisses avaient transmise
en janvier dernier à Joseph Deiss (lire ci-dessous).
Chiens
de combat discriminés
Danielle Gonin Jmaa
est membre du comité de la Société des vétérinaires
fribourgeois. Comme ses confrères, elle estime que le projet
de loi du Conseil dEtat fait fausse route: plutôt quune
liste de races de chiens réputés dangereux, il faut recenser
les animaux agressifs.
Le Conseil
dEtat veut imposer des mesures plus strictes à certaines
races de chiens «présumés dangereux ». Le
Gouvernement reprend la liste proposée par Berne en janvier 2006.
Est-ce une bonne chose?
Nous, les vétérinaires, nous regrettons cela. Dans lavant-projet
doctobre 2005, la définition des chiens dangereux concernait
ceux qui avaient blessé une personne par morsure ou un chien
qui avait fait lobjet dun signalement en raison dune
suspicion dagressivité. Cette définition est plus
logique: la socialisation, léducation et la grandeur du
chien font sa dangerosité potentielle et non pas sa race. En
plus, le critère de la race et de ses croisements est inapplicable
en pratique. Il est impossible de prouver, avec une analyse génétique
par exemple, quun chien appartient à une race ou à
une autre. Les vétérinaires sont les premiers à
déterminer la race du chien. Désormais, chaque chiot doit
porter une puce électronique pour être dans la banque de
données. Pour remplir le formulaire ad hoc, nous allons nous
baser sur les déclarations du propriétaire qui aura intérêt
à déclarer que son animal est un croisé boxer et
pas pitbull. Que pouvons-nous faire dans un tel cas? Car nous ne pouvons
rien prouver!
Quels
sont les chiens dangereux?
Tout chien mal socialisé et mal éduqué qui pèse
plus de 15 kilos peut être dangereux. Il est prouvé statistiquement
que les morsures ne proviennent pas de chiens de races de combat. Les
auteurs sont dabord les bouviers (bernois, appenzellois et suisses),
les bergers (allemands et belges) et les retrievers (labrador et golden).
Ces chiens sont les plus fortement représentés dans les
accidents. La sécurité de la population nest donc
pas améliorée, en discriminant les chiens de combat. Ces
listes de races existent depuis plusieurs années en France et
en Allemagne, mais les cas de morsures nont pas diminué
pour autant.
A vous
entendre, cette loi ne sert à rien
Non, cette loi est une bonne chose. Elle est un outil qui permet au
Service vétérinaire cantonal de vraiment entreprendre
quelque chose contre les chiens agressifs.
Monsieur
Chien
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Depuis le 1er juillet, le canton de Fribourg a son «Monsieur
Chien». Après avoir été pendant vingt-quatre
ans éducateur spécialisé auprès des
toxicomanes du Tremplin, à Fribourg, Daniel Fontana va
soccuper des problèmes liés aux chiens dans
le canton. Au bénéfice dune large formation
en cynologie, il a aussi suivi des cours en thérapie comportementale.
Cet habitant de Treyvaux est «un des meilleurs comportementalistes
du canton», a expliqué le conseiller dEtat
Pascal Corminboeuf.
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